Le cliché du Parisien hautain, dans sa bulle et méprisant, a encore de beaux jours devant lui. Reprenant dans une parodie hilarante les codes de l’émission de France 2, Rendez-vous en terre inconnue, la youtubeuse Amaia entraîne une Parisienne dans ce monde dangereux qu’est la banlieue.
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“Les banlieusards sont un peuple de dix millions d’habitants, aux origines mystérieuses, qui ont su apprivoiser la vie au-delà du périphérique. À quoi peut ressembler une vie sans métro, sans Uber et sans fibre optique ? C’est pour cela que nous allons partager une journée avec eux.” La voix off aux intonations cliché introduit la vidéo avec humour et en dit long sur ce qui va suivre. Reprenant tous les codes de Rendez-vous en terre inconnue, l’émission de Frédéric Lopez qui, depuis 2004, emmène une célébrité à la découverte des coutumes d’un peuple inconnu, cette parodie réussit son pari avec talent et ironie.
La youtubeuse Amaia a, elle, décidé d’emmener une Parisienne… à Saint Rémy-lès-Chevreuses, dans les Yvelines. Cette dernière y découvre les balades en forêt et les barbecues dominicaux (une “tradition ancestrale”), les randonnées pédestres (“un rituel largement répandu dans la région”), la spécificité de la banlieue (“marcher, marcher, marcher”) ou encore la brocante (“tradition millénaire qui rassemble toutes les générations autour d’un système de troc”). Condescendance, arrogance, esprit supérieur, tendresse méprisante et curiosité dérangeante y sont mis en lumière avec talent afin de signer ce pastiche satirique.
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La caricature fonctionne à merveille, car la parodie n’est pas cheap et que l’on y retrouve véritablement tous les codes de l’émission de France 2 : les traducteurs en voix off et les tons simplets qu’ils utilisent pour doubler les autochtones, les questionnements intérieurs d’invités déconnectés qui en ressortent tout chamboulés, les musiques niaises et enfin la sage conclusion, condition nécessaire pour que l’émission ait réussi son pari, à savoir modifier littéralement la façon qu’a l’invité de voir la vie après deux jours sans téléphone. Ce qui ici prend la forme d’un mantra qui frise le ridicule : “N’ayons plus peur des gens, franchissons les frontières, enfin… le périphérique.”