Je me suis retrouvé face à un clip de fou. Mes yeux se sont ouverts : je me rappelle avoir vu des dessins animés avec une musique…
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A l’image, un clip façon manga. La musique, elle, est composée par les Daft Punk tandis que la vidéo est signée Kazuhisa Takenouchi. Le single n’est autre que One More Time, quelques mois avant la sortie de Discovery, le deuxième essai des Parisiens.
Pour Djamel, c’est le coup de foudre :
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Je connaissais Around The World sans savoir qui était derrière. J’avais jamais été fan de techno, je disais même que c’était pourri. Et quand j’ai vu ce clip, je me suis dit : « Ça y est, il faut que je connaisse tout de ce groupe ». C’est vraiment un coup de foudre c’est incroyable.
Dix ans plus tard, Djamel est l’un des plus grands fans au monde de Daft Punk dans toute sa splendeur et sa décadence, de l’achat effréné de goodies à la mise en scène de son amour pour le duo français.
Aujourd’hui, son principal fait d’armes est d’être à la tête d’un blog (DaftWorld), d’être présent sur Facebook et d’avoir acheté des dizaines de figurines, des vinyles, des magazines et d’autres produits estampillés « punk idiot ». Décrié sur la Toile, on a décidé de rencontrer celui qu’on surnomme avec sérieux, humour ou ironie, DaftWorld.
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Une collection de dix ans
Cela fait dix ans que Djamel travaille, encore et encore, à l’affut de la moindre nouveauté, sa collection d’objets affiliés de loin ou de près au groupe français. Quand on arrive chez lui, sa maison sent et parle Daft Punk, même si on peut trouver sur le côté une affiche de The Expendables 2. Sur une table en verre, trône un casque futuriste.
Il a été réalisé par un italien le temps d’un cosplay. Je l’ai ensuite acheté sur eBay. Les Daft Punk n’ont sorti que des casques à tirages limités, au prix de 60 000 euros. Autant dire qu’ils n’étaient pas abordables et qu’il fallait l’autorisation pour pouvoir en concevoir. J’en ai fait un en 2006, mais il était tout pourri : je m’étais basé sur le casque de Dark Vador.
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Djamel me montre aussi un casque audio, soigneusement posé derrière une petite vitrine :
J’ai mis du temps à le dénicher : ça fait trois ans qu’on l’attendait. C’était prévu que la marque Monster les commercialise en 500 exemplaires pour les États-Unis et le Japon, mais pas en Europe. J’ai dû attendre qu’un mec revende le sien sur eBay. Il m’a coûté 700 euros. Il est beau : il s’allume.
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Ce sont des canettes dans lesquelles les Daft Punk ont bu. C’était pendant la promo de Alive, en 2007. J’étais au courant qu’ils devaient faire une promo à Radio FG, donc je me suis ramené le matin à 10 heures alors qu’ils arrivaient dans l’après-midi. Un type m’a dit que j’assisterai à l’émission. Là j’ai pleuré. J’ai demandé à Antoine Baduel (ndlr – Directeur de Radio FG), j’ai demandé à récupérer les canettes dans lesquelles ils ont bu. Il y a leur ADN.
L’ADN. Comme si le simple fait de l’avoir conservé sur le bord d’une minuscule bouteille en aluminium lui permettrait d’accéder à Daft Punk. Et Djamel de souligner, un peu honteux :
Je me suis fait charrier sur Internet : ça fait psychopathe.
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En dix ans, DaftWorld n’a pas lésiné sur les moyens et s’est aussi offert une collection de vinyles et de magasines complète :
Même s’il m’explique qu’il ne compte pas, il ne dit pas non lorsque je lui souffle la somme de 10 000 euros. Tout juste souligne-t-il qu’il travaille en tant que jardinier et que ça lui paie ses achats. .
DaftWorld : entre rencontres et critiques
Tout le monde a ragé sur Internet. Ils m’ont traité de fou, de psychopathe, surtout les fans mexicains. Il existe une base de fans mexicains, c’est des tarés ! Ils se font nommer les « Daft Punk Latinos ». Ils sont genre 10 000 fans. Moi je m’en fous, je le prends au second degré. DaftWorld, c’est un personnage. Je fais abstraction des insultes. C’est l’inconvénient d’internet : c’est plus facile de critiquer.
Djamel se fout des critiques :
Je pense que ça plait aux gens qui me suivent : j’ai eu du bol mais eux pensent que je peux les croiser tous les jours. Ce sont ces rencontres qui m’ont donné envie, à partir de 2005, de devenir le fan « numéro 1 », de rassembler tout ce qui traînait à propos des Daft Punk ».
DaftWorld a pourtant sa part d’ombre. Sur son blog DaftWorld et sur des forums, il communique, relaye tout ce qui tourne des Daft Punk : des véritables infos comme des fausses rumeurs. On peut lui reprocher, par passion et sans recul, de mener en bateau les 10 000 personnes qui le suivent quotidiennement sur sa page Facebook.
Et alors que le duo n’a pas d’actualité musicale depuis 2005, il s’illustre par une belle flopée d’erreurs. Il en est conscient :
Sur les forums, je faisais de l’auto-promo à mort. Exclu DaftWorld, exclu DaftWorld ! Parfois c’était pas bon, comme pour Tusgi. Même une des mes « exclu » a été reprise par Kanye West.
En parallèle, il copie-colle des articles produits par des médias, parfois même sans donner ses sources. On le dit voleur, il se voit comme un Robin des Bois partageant tout ce qui tourne à propos de Daft Punk. Résultat, il se fait quelques ennemis, notamment du côté du forum French Touch :
Ils m’ont pris en grippe dès le début. Quand je leur ai dit que j’avais des canettes dans lesquelles les Daft Punk avaient bu, ils m’ont pris un fou. Ils se disent être l’élite des fans, alors que tout le monde peut être fan. Ce qui les gêne aussi c’est que je sois devenu une parodie de moi-même. Je suis à côté des Daft Punk en fait : j’ai un peu rejoint leur histoire.
Un groupe qui l’a fait grandir
Dix ans après la naissance de sa passion, Djamel est aujourd’hui père de famille et « responsable ». Ses deux enfants sont « évidemment fans des Daft Punk ». Est-ce que le fait d’avoir été conquis par le duo a influé sur son parcours ?
Oui. J’avais pas de meuf, pas de travail, je galérais. On se cherche une identité, une passion. Ça m’a fait découvrir la vie d’un autre œil. Dès que j’écoute du Daft, ça me remonte le moral. Ça m’a remis dans le droit chemin.
Quand on lui souffle le terme « mûrir », il ne le comprend pas : « Au contraire, ça me rend jeune. Je vais avoir 30 ans et je sors encore en boîte. Même si je suis plus stable, ça ne m’empêche pas d’avoir le syndrome Peter Pan ».
En fin de compte, est-il le plus grand fan des Daft Punk ? Lui, il le pense, évoquant cette fois où le duo a découvert, avec surprise, que Djamel s’était fait tatouer leur nom sur l’épaule. Puis il recule d’un pas, conscient que son rôle de collectionneur, qui lui a coûté 10 000 euros depuis ses premiers achats, peut parfois passer mal :
Comme je dis souvent, la collection ne fait pas le fan. On peut être fan, avoir trois disques d’eux, et les aimer autant que moi. Etre fan, ce serait de les idolâtrer, de continuer à être fidèle quoi qu’il arrive, quoi qu’il fassent comme musique. Un vrai fan soutiendra un virage artistique d’un groupe.
Depuis plus d’un an, il s’est attelé à la réalisation d’une bande-dessinée sur les Daft Punk. Il interroge des personnes qui ont été proches du duo pour savoir comme ils les ont rencontrés. Sa femme l’aide à illustrer ces rencontres, la naissance du groupe.
Tout le monde me dit que je devrais le sortir. Tout ce que j’écris est tiré de magazines ou d’entretiens que j’ai eus. Je connais même le vrai prénom de la mère de Guy-Man. D’ailleurs, ce dernier m’a dit qu’il aimait le principe de la BD.
A la fin de l’entretien, Djamel insiste et confirme : « Je pense être parmi l’un des plus grands fans de Daft Punk ». Comme si le fait de le souhaiter était plus important que d’en être le témoin.
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