La religion n’est pas vitale pour le développement moral
Vous le comprenez, pas sûr que l’étude (intitulée “les associations négatives entre la religion et l’altruisme des enfants dans le monde”) plaise à ses commanditaires… Car l’équipe de chercheurs rassemblée autour de Jean Decety du département de psychologie de l’université de Chicago ne mâche pas ses mots :
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[Ces observations] remettent en question le fait que la religion serait vitale pour le développement moral, et appuient l’idée que la sécularisation du discours moral ne va pas diminuer la bonté humaine – en fait, elle fera tout le contraire.
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Le journaliste du Monde rappelle que si la teneur politique de la réponse peut surprendre notamment pour une publication de biologie, elle peut carrément choquer, publiée dans un pays aussi puritain que les Etats-Unis – où l’accès à de hautes fonctions professionnelles et électives est inaccessible pour un non-croyant, “car il serait suspecté d’être immoral, voire amoral”.
Pour mener l’étude, Jean Decety et son équipe ont séparé les sondés en trois groupes les plus représentatifs : chrétiens, musulmans et “non religieux” (dont athées). Tout d’abord, ils ont demandé aux parents de juger la capacité d’empathie et la sensibilité à l’injustice de leurs enfants. Sans surprise, les parents chrétiens et musulmans les estimaient plus élevés.
L’expérience suivante consistait pour les enfants à regarder des vidéos d’autres enfants chahutant, se poussant et se faisant trébucher, volontairement ou pas. Ils devaient ensuite juger du niveau de “méchanceté” des actes, et de la punition à appliquer. Vous allez rire : que les coups aient été infligés volontairement ou pas, les marmots élevés dans la foi jugeaient non seulement les actes plus répréhensibles, mais proposaient également que soient infligés sur les fautifs des punitions plus sévères – les enfants élevés dans la foi musulmane se montrant les plus sévères.
La foi, gage de bonté intrinsèque ?
D’autres recherches ont montré que la religiosité traditionnelle est associée à des dons charitables plus élevés, mais pas avec une aide offerte dans des situations spontanées, ce qui concorde avec la présente étude.
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84% de la population totale d’êtres humains sur Terre se revendiquent comme croyants, ce qui représente 5,8 milliards d’individus. En France, selon un sondage WIN/Gallup Internaional conduit en 2012, seuls 37% de Français se déclareraient comme “religieux”. Contre 63% qui ne s’identifient à aucune religion – et parmi eux, 29% “d’athées convaincus”.
L’étude est à consulter par ici.