Le discours du Front National a séduit nombre d’électeurs ce dimanche 6 décembre. Dans le programme du parti de Marine Le Pen, l’arrêt des subventions pour le planning familial. Une atteinte aux droits des femmes qui vient en rejoindre d’autres.
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Ce dimanche 6 décembre, au premier tour des élections régionales, le Front National est sorti grand vainqueur, en tête des scrutins dans six régions. Mais revenons un petit peu en arrière.
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Le 27 novembre dernier, Marine Le Pen était sur le plateau de la Team Toussaint, matinale de la chaîne d’info iTélé. Convoitant alors la présidence de la super région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, la candidate Front National est interrogée sur son programme, et la manière dont elle entend gérer le budget de la région. Rappelons que le Conseil régional intervient dans la gestion de transports, des établissements scolaires, de l’environnement, de l’emploi et de l’économie, de la culture mais aussi du soutien des associations.
Et c’est justement à une association incontournable et inaliénable que la fille de Jean-Marie Le Pen s’est attaqué : le Planning Familial. Cette association, c’est tout d’abord un mouvement militant qui prend en compte toutes les sexualités, défend le droit à la contraception, à l’avortement et à l’éducation à la sexualité.
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Comme on peut le lire sur le site internet du Planning :
Il dénonce et combat toutes les formes de violences, lutte contre le SIDA et les IST, contre toutes les formes de discrimination et contre les inégalités sociales.
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“Supprimer les subventions aux plannings familiaux ou à la LGBT”
Au micro de Bruce Toussaint, Marine Le Pen répond donc à une question sur ses intentions concernant les subventions versées par la région aux associations, notamment au Planning Familial. Après quelques tergiversations, la candidate FN déclare que “ça n’est pas dans les projets du Front National”. Ah bon ?
Pour mettre la lumière sur les réelles intentions du Front National, et leur respect des droits des femmes à l’accès à la contraception et à l’avortement, MadmoiZelle a compilé “le pire et le meilleur” des interventions des candidats d’extrême-droite.
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Ainsi, on peut entendre un florilège d’atteintes aux droits des femmes et de propos liberticides et homophobes :
“Il faut supprimer les subventions aux associations politisées, dont les plannings familiaux ou la LGBT. Il n’est pas question de leur verser un sou”, Marion Maréchal-Le Pen, candidate à la présidence de la région PACA (Provence-Alpes-Côte d’Azur), 42,87% des suffrages exprimés au premier tour des élections régionales.
“Il ne faut pas donner comme seule solution aux jeunes filles en détresse l’avortement. Le remboursement à 100% de l’IVG entraîne des avortements de confort qui devient souvent une méthode contraceptive. Il ne faut pas que les collectivités territoriales les aident dans cette direction”, Jacques Colombier, candidat à la présidence de la super région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, 23% des suffrages exprimés au premier tour des élections régionales.
“Plus de pilule du lendemain, ce n’est pas à la région de se substituer aux parents”, Christophe Boudot, candidat à la présidence de la super région Auvergne-Rhône-Alpes, 26% des suffrages exprimés au premier tour des élections régionales.
“La marche des fiertés LGBT a été financée par le Conseil régional et la ville de Rennes. C’est une honte que le contribuable finance ce genre de mascarades”, Gilles Pennelle, candidat à la présidence de la région Bretagne, 18,17 % des suffrages exprimés au premier tour des élections régionales.
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En 1996, un certain Jean-Marie Le Pen déclarait déjà, dans une interview accordée au Parisien, à propos du corps des femmes :
L’affirmation que votre corps vous appartient est tout à fait dérisoire. Il appartient à la vie et aussi, en partie, à la Nation.
“Le Planning ne (la) fermera pas !”
Sur les dents suite à ces déclarations et aux résultats explosifs du Front National, le Planning Familial a fait circuler une pétition sur Internet, intitulée “Le Planning ne (la) fermera pas !”.
Interrogée par MadmoiZelle, Lucie Vidal, directrice du Planning Familial à Lille, est loin d’être rassurée par les propos de Marine Le Pen qui prétend avoir d’autres chats à fouetter :
Ce n’est pas la première fois que le FN inscrit dans son programme la fin des “subventions aux associations à but politique”. Que ce soit le Planning ou les associations de lutte contre les discriminations, l’homophobie, toutes celles qui font de l’éducation à la citoyenneté et offrent aux jeunes des espaces d’expression. Donc oui, on craint que ces associations ne puissent plus intervenir dans les lycées. Les subventions seront peut-être conservées pendant la première année, mais ensuite ?
La Coordination LGBT en PACA a, elle aussi, réagi aux déclarations de Marion Maréchal-Le Pen et publié une tribune :
Si la région PACA supprimait ses aides directes aux différentes associations LGBT œuvrant sur son territoire, elle mettrait gravement en péril […] les actions de préventions des violences sexistes et LGBTphobes dans les lycées, le combat contre les exclusions et les discriminations envers les LGBT mais également contre toutes les autres formes de discriminations, l’accompagnement des victimes de violences, de harcèlements et d’injures LGBTphobes ou/et sexistes, ainsi que l’accueil et l’écoute des jeunes LGBT en rupture sociale ou avec leur famille.
“L’État ne doit pas payer pour l’inattention des femmes”
Elsa Grangier, chroniqueuse pour l’émission Les Maternelles diffusée sur France 5, a publié une édifiante lettre ouverte à Marion Maréchal-Le Pen, “Marion, réveille-toi, on est en 2015” :
Je t’ai entendu dire que tu voudrais dérembourser l’IVG car “l’État ne doit pas payer pour l’inattention des femmes”. Inattention ? Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ? Au début je dois t’avouer que je n’ai rien compris. Et puis soudain, la révélation.
Tu veux sans doute parler du “Oups j’ai oublié ma pilule” ou “Oups, je n’ai pas acheté de préservatifs” – “Oups, j’savais pas que je pouvais tomber enceinte”. Parles-tu aussi de “Oups, je n’ai pas les moyens d’aller en consultation gynéco” du “Oups, je me suis fait violer” ou encore du “Oups, je suis tombée enceinte sous contraception” ou “Oups, il m’avait dit qu’il resterait, il s’est barré” ou tout simplement “Oups, je n’en veux pas”.
Face au score dit “historique” de l’auto-proclamé “premier parti de France”, ces préoccupations sont bien réelles. Hier soir, 28% des électeurs français ont cédé à une tentation “Bleu Marine” qui ne cache pas son intention de porter atteinte aux droits des femmes.