Après le scandale provoqué par une vidéo préjudiciable, Donald Trump essaye de faire couler le camp démocrate, en utilisant les témoignages de femmes affirmant avoir été victimes de Bill Clinton.
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Ce week-end, une vidéo compromettante de Donald Trump, vieille de 11 ans, a fait scandale aux États-Unis. On y entend le candidat républicain tenir des propos dégradants et vulgaires au sujet de la gent féminine, alors qu’il se rendait sur le tournage d’une émission de télé-réalité en 2005.
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Ses paroles ont provoqué un tel tollé qu’il a été forcé de présenter des excuses publiques, samedi 8 octobre. L’affaire aurait pu s’arrêter là. Mais Donald Trump a choisi une autre stratégie.
Cette vidéo, diffusée par le Washington Post samedi 8 octobre, a beaucoup déstabilisé le candidat, à un mois de l’élection présidentielle. Afin de rééquilibrer la balance, Trump a tenté de détourner l’attention sur Bill Clinton, le mari de son opposante démocrate, Hillary Clinton. Lors de la présentation de ses excuses, le républicain a assuré que son comportement n’était rien comparé aux frasques passées de l’ancien président des États-Unis.
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L’empire Trump contre-attaque
Pour le prouver, il a organisé une conférence de presse surprise, quelques heures avant le second débat présidentiel, le dimanche 9 octobre. Il y a fait témoigner trois femmes qui ont assuré avoir été victimes d’abus sexuels par Bill Clinton. Elles s’appellent Juanita Broaddrick, Paula Jones et Kathleen Willey.
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Devant les journalistes, chacune a pris la défense de Donald Trump, qui n’a pas répondu à une seule question durant la présentation. Comme le relate le New York Times, Paula Jones a poursuivi Bill Clinton en justice en 1998 pour harcèlement sexuel, et une règlement à l’amiable d’une valeur de 850 000 dollars (760 000 euros) avait clos l’affaire. La même année, Kathleen Willey a révélé avoir été, elle aussi, harcelée par le démocrate. Quant à Juanita Broaddrick, elle a rencontré l’ex-chef d’état en 1978 à Little Rock, dans l’Arkansas. Elle a porté plainte contre lui en 1999 pour viol, mais le dossier a été rejeté deux ans plus tard.
Une quatrième intervenante, Kathy Shelton, était également présente. En 1975, elle a poursuivi en justice un homme qu’elle accusait de viol, quand elle était âgée de 12 ans. À ce procès, Hillary Clinton était l’avocate commise d’office du suspect et a plaidé pour une réduction de peine de son client.
En plus de la conférence de presse, des portraits vidéo, dans lesquels on voit les trois femmes raconter leur histoire, ont été diffusés par l’un des grands sites de la droite conservatrice américaine, Breibart News, dimanche 9 octobre. Lors du débat télévisé face à Hillary Clinton, Donald Trump n’a pas manqué de rappeler que le mari de sa rivale avait “abusé des femmes”.
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Le récit de ces femmes instrumentalisées
Mais Bill Clinton n’est pas le seul a avoir eu des démêlés du genre avec la justice. L’ex-femme de Donald Trump, Ivana, avait porté plainte contre son mari pour viol avant de se rétracter, en 2001. Jill Harth, maquilleuse, a beaucoup occupé l’espace médiatique en juin dernier en traînant Donald Trump en justice pour “tentative de viol”, pour des faits survenus en 1997.
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Utiliser l’histoire traumatisante d’une agression sexuelle pour retrouver sa crédibilité et l’estime d’électeurs potentiels peut-être perçu comme immoral. Mais la stratégie de Trump pour répondre à la vidéo du Washington Post pose un véritable problème vis-à-vis de la parole des femmes autour du viol.
Les victimes d’agressions sexuelles ont déjà du mal à briser le silence sur un tel crime. Quand elles osent enfin le faire, elle sont souvent critiquées, remises en question, jusqu’à se faire traiter de menteuses, manipulatrices ou opportunistes. Profiter de ces histoires sordides pour redorer son image relève de l’opportunisme. Finalement, cet épisode prouve que les victimes d’abus et d’agressions sexuelles ne sont écoutées que si elles servent une cause.