J’ai 200 millions de visiteurs chaque jour. Je facilite les rencontres sur Tinder et rabiboche les gens sur Messenger. Je rends service au monde entier et, pourtant, je ne gagne pas encore un sou. Vous ne voyez pas qui je suis ? Allez, je vous donne un petit indice :
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Vous pensiez qu’on parlait du chat ? Perdu. Vous aviez compris qu’il s’agissait de Giphy ? Un grand bravo pour votre perspicacité.
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Puissant mais pas rentable
Giphy donc, le grand portail mondial des gifs animés, fait parler de lui aujourd’hui. Selon Techcrunch, Giphy va, pour la première fois, essayer de gagner de l’argent. Jusqu’à maintenant, la plateforme vivait de ses investisseurs sans aucun modèle de rentabilité, ce qui n’est pas rare dans la Silicon Valley. Si bien qu’en quatre ans, Giphy a réussi à lever 150 millions de dollars. L’entreprise est aujourd’hui évaluée à 600 millions de dollars.
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Ce qui se trame ? La pub, évidemment. Sous une forme inédite : les gifs “sponsorisés”, exactement comme un post sur un mur Facebook ou une annonce dans les résultats de recherche de Google. Exemple de Techcrunch : en tapant “morning”, un gif de Starbucks pourrait faire irruption. Autre exemple, institutionnel, imaginé par la rédaction de Konbini cette fois-ci : la requête “Jeux olympiques” pourrait nous faire tomber sur Anne Hidalgo agitant un petit drapeau Paris 2024 (on vient de vérifier, Anne Hidalgo n’apparaît nulle part sur Giphy, on a du mal y croire).
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Brand content : l’éternel retour
En langage pub, ce que veut faire Giphy n’est ni plus ni moins que du brand content, autrement dit un contenu à la fois publicitaire et éditorialisé. Mais Techcrunch souligne un aspect novateur de ce brand content : si le gif est envoyé par un ami (via Facebook), un collègue (via Slack) ou un.e futur.e amant.e (via Tinder), il sera plus facilement accepté. C’est ce qui s’est passé avec les “filtres sponsorisés” de Snapchat.
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Des professionnels tous secteurs confondus ont déjà investi Giphy et seront sûrement intéressés par le sponsoring. Pour s’en rendre compte, il suffit de se rendre sur la page des partenariats (partenariats qui, officiellement, ne rapportent pas encore d’argent à Giphy) : Coca, Disney, HBO, Calvin Klein… les marques sont déjà présentes par centaines.
Et chez nous alors ? Giphy a récemment été investi de manière très novatrice par France Info et l’Ina. Un partenariat scellé entre les deux entités leur a permis de couvrir la dernière élection présidentielle sous forme de gifs pour toucher de nouveaux publics les faciès expressifs de Mélenchon avaient beaucoup contribué au succès de cette initiative.
À qui s’adresse Mélenchon ? L’amateur de gif ne saurait dire. C’est la magie du gif : il fait bosser l’imaginaire. En tout cas, on ne pourra plus reprocher à ces images animées de ne servir à rien : elles rapporteront bientôt beaucoup d’argent.