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On le sait, le jeu vidéo a longtemps été créé par et pour un public essentiellement masculin. Entre les seins surdimensionnés de Lara Croft ou les musculeux héros de nos jeux d’aventure favoris, les jeux rimaient bien plus souvent avec “virilisme” décomplexé qu’avec quête d’identité et/ou d’orientation sexuelle et genrée. Cependant, la nouvelle exposition “Rainbow Arcade” qui vient d’ouvrir à Berlin au Musée Schwules pourrait peut-être faire changer d’avis les plus sceptiques des gamers puisque qu’elle montre que les questions liées à la communauté LGBTQ ont pu être abordées de manière plus ou moins subtiles dans la création vidéoludique.
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De Birdo, qui était décrit en 1988 par Nintendo dans le manuel officiel comme un garçon qui “se croit fille” aux gay prides organisées sur les serveurs de World of Warcraft, l’exposition ne loupe pas un détail de l’histoire vidéoludique depuis 1985. Les installations sont organisées comme un arc-en-ciel où chaque partie colorée représente une thématique particulière.
La docteure Adrienne Shaw a lancé le site Web LGTBQ Video Game Archive en 2016, une première tentative pour cataloguer le contenu queer dans les œuvres vidéoludiques, elle explique que cette dimension a toujours été très invisibilisée mais a toujours existé sur ce medium. Ainsi, les nouveaux jeux qui apportent des notions “queer” sont souvent vus, encore aujourd’hui comme une rupture par rapport à la norme, plutôt que comme la continuité d’une culture historiquement déjà présente dans le gaming.
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“Jusqu’à ces archives, il n’y avait aucune compréhension historique du contenu LGBTQ dans les jeux vidéo. […] Il est très facile d’oublier que ce type de contenu a toujours été dans les jeux.”
Si certaines séries comme Grand Theft Auto ou même Mass Effect ont permis toutes les relations, sans considération genrée aucune, ce sont parfois les fans qui sont venus combler ces lacunes. Par exemple, l’artiste androponos a rassemblé des captures d’écran de commentaires des forums sur Metal Gear Solid discutant de l’homoérotisme latent de la série. Ce genre de fan theory ou fan fiction sont nombreuses, on se souvient facilement des allusions sur Ken et Ryu de Street Fighter. À ce propos, Jan Schnorrenberg, directeur officiel de l’exposition et membre du Musée Schwules admire tout particulièrement cette réappropriation par les fans :
“Les fans sont capables de trouver une représentation là où ce n’est pas publiquement reconnu, ou quand les développeurs n’ont pas réfléchi aux implications de ce qu’ils ont fait.”
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Toutefois, cette exposition est aussi là pour sensibiliser aux virulentes réactions que la question LGBTQ dans les jeux vidéo peut susciter. La zone bleue de la Rainbow Arcade détaille par exemple différents exemples de discriminations et autres trolls en réaction à des personnages ou scénarios incluant une dimension queer. Dans le gaming comme partout, l’inclusif a ses détracteurs : en 2006, World of Warcraft a refusé d’autoriser un joueur à fonder la première guilde LGBT, invoquant des préoccupations concernant le harcèlement de ses membres. Blizzard a fini par céder et depuis, on retrouve dans WoW, chaque année, une marche de la fierté.
Forte de pléthore de contributions, l’exposition vaut le détour si vous vivez ou passez par la capitale allemande, particulièrement si les jeux vidéo et/ou la question LGBTQ+ vous intéresse.
Rainbow Arcade: Queer Gaming History 1985-2018 est au Musée Schwules à Berlin, jusqu’au 13 mai 2019.
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