Lors de la soirée spéciale sur le thème du viol de France 3, la sociologue Véronique Le Goaziou a expliqué simplement et efficacement pourquoi seulement une femme violée sur dix porte plainte.
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Ce 19 septembre, France 3 s’est penchée sur le “procès du viol” qui s’est déroulé en 1978, et a permis de changer la législation française pour enfin considérer le viol comme un crime. La chaîne revenait sur cet épisode historique avec une fiction et un documentaire retraçant le calvaire vécu par les deux victimes pour faire reconnaître ce qu’elles avaient subi, ainsi qu’un débat sur la difficile reconnaissance du viol en France.
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“L’une des infractions les plus graves, et en même temps l’une des moins rapportées à la police”
Car en 2017, la considération du viol comme crime et le jugement des violeurs sont loin d’être complètement garantis. Une enquête de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) publiée en février montrait ainsi comment “le viol est l’une des infractions les plus graves, et en même temps l’une des moins rapportées à la police ou à la gendarmerie”, comme Christophe Soullez, directeur de l’ONDRP, l’expliquait au Monde.
Parmi les victimes interrogées (290 personnes – dont 84 % de femmes – âgées de 18 à 75 ans, ayant déclaré avoir subi un viol au cours des deux années précédentes), une seule personne sur cinq s’était rendue à la police ou à la gendarmerie. 31 % des victimes n’ayant pas saisi les forces de l’ordre estimaient que les viols qu’elles avaient subis n’était “pas graves”. Les victimes de viol ou de tentatives de viol sont pourtant terriblement nombreuses, ne serait-ce que pour celles qui rapportent le crime dont elles ont été victimes : selon le Haut Conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes, 84 000 femmes âgées de 18 à 75 ans seraient victimes de viols ou de tentatives chaque année.
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L’organisme a pourtant évalué que seulement environ 10 % des victimes portaient plainte (et qu’une seule plainte sur dix aboutit à une condamnation). Un chiffre expliqué clairement et simplement par la sociologue Véronique Le Goaziou sur le plateau de France 3. Elle a étudié 400 dossiers de viols, et identifié trois raisons majeures empêchant les victimes de viol de porter plainte.
“Un véritable parcours du combattant pour les victimes”
10% des victimes de viol seulement portent plainte aujourd’hui #LeViol pic.twitter.com/KIrHJWieUO
— France 3 (@France3tv) 19 septembre 2017
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Tout d’abord, beaucoup des femmes victimes (comme des enfants et adolescents victimes) ne savent pas mettre des mots sur ce qui leur est arrivé, et ignorent qu’il s’agit d’un crime, que c’est interdit et qu’elles peuvent porter plainte auprès de la police ou de la gendarmerie. Ensuite, dans la majorité des cas le violeur est une personne proche, le viol est en grande partie commis “dans un cercle d’interconnaissances” explique la sociologue (90 % des victimes connaissent leur agresseur d’après le Haut Conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes). Il est donc encore plus difficile de dénoncer son copain/mari/père/collègue/ami, d’autant plus que des enjeux affectifs et matériels peuvent poser de nombreux problèmes. Enfin, le parcours judiciaire est “un véritable parcours du combattant pour les victimes”, dont elles ne sont jamais sûres de sortir gagnantes, ce qui peut être assez dissuasif.
Le débat a mis en évidence la responsabilité de notre société patriarcale, ainsi que le manque de moyens alloués à la lutte contre le viol, comme le magistrat Serge Portelli l’a expliqué sur le plateau. Le numéro d’assistance Viol Femmes Informations (gratuit et anonyme), le 0 800 05 95 95, a été rappelé en tout état de cause. Et la soirée a été un grand succès d’audience, le film Le Viol ayant rassemblé plus de 3,5 millions de téléspectateurs, et le débat 2 millions de personnes. France 3 a ainsi marqué son engagement contre les violences faites aux femmes, et ce passage efficace à l’action a été largement salué sur les réseaux sociaux. Plusieurs personnes ont jugé la soirée d’utilité publique, et demandé à ce qu’on la rediffuse dans les établissements scolaires.
Très beau film et interview, cela devrait être diffusé au collège et lycée #filmleviol #leviol #france3 #giselehalimi #nicoleetmalia
— ledeutch (@jorandromaric) 19 septembre 2017
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Le film #LeViol et surtout le débat qui s'en est suivi devrait être diffusé dans tous les collèges. D'intérêt public.
— asmoth (@asmoth360) 19 septembre 2017
“La reconnaissance est toujours un combat”
Sur Facebook, de nombreuses femmes ont également remercié la chaîne pour son engagement, et témoigné des viols qu’elles ont subis… Elles ont exprimé leur destruction, leur traumatisme, et dénoncé à leur tour l’impunité de la plupart des violeurs. Et un commentaire a tout particulièrement été mis en avant par les spectatrices, celui d’une femme qui a annoncé avoir pris conscience, grâce à la soirée, qu’elle avait elle aussi été victime d’un crime : “Merci France 3… Ce soir je viens de comprendre et d’accepter que JE suis une victime et pas responsable d’avoir été violée”, déclare-t-elle. Elle a expliqué vivre dans la honte “depuis 15 ans” et avoir enfin compris grâce au film diffusé par la chaîne qu’elle n’était pas la coupable. Et conclut : “ce film ce soir vient de me faire franchir le dernier pas dans ma démarche de guérison : accepter mon statut de victime !” Une nouvelle preuve, s’il en fallait, que “la reconnaissance est toujours un combat”, comme l’a souligné Anne Holmes, directrice de la fiction de France 3.
Le débat Le Viol, un crime sous silence, le film Le Viol et le documentaire Le Procès du viol sont disponibles en replay.