L’éducation sexuelle à l’école est souvent lacunaire. Alors pourquoi ne pas utiliser un contenu pornographique adapté pour mieux éveiller les adolescents à la sexualité ?
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Je vous arrête tout de suite. Je ne suis pas en train de dire que la vidéo d’une adolescente asiatique soumise qui se fait fister par un homme chauve avec une queue énorme est un support éducatif intéressant.
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Mais je me rappelle très bien mes cours d’éducation sexuelle. Les garçons allaient dans une autre pièce pendant que notre professeur, un peu bizarre, nous montrait ce qui se passait quand on mettait un tampon dans un verre d’eau. Nous devions donc deviner, comme par miracle, ce qu’il fallait faire le jour où nous nous réveillerons avec une culotte ensanglantée.
Mais l’explication, très prude, des rapports sexuels était encore plus inquiétante. Assis en silence, nous avons regardé trois différents couples en dessin animé avoir des rapports sexuels en dessin animé sur des lits en dessin animé. Inutile de vous dire que mon cerveau de gamine de 10 ans a quitté la salle de cours pas plus éclairé qu’avant, sachant que j’avais seulement appris où mes ovaires se trouvaient.
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L’année dernière, Childline a mené une enquête pour mesurer l’impact de la pornographie sur les adolescents et les enfants. Cette étude a révélé que 39 % des garçons anglais âgés de 14 à 17 ans regardaient du porno régulièrement et qu’un gamin de 12-13 ans sur cinq trouvait cette pratique normale.
Les preuves que les mômes regardent du porno existent : franchement, il leur suffit d’avoir une connexion wifi. Il est donc assez troublant de se dire que ce qu’ils regardent – souvent des contenus violents – conditionne leur vision du sexe.
Une autre étude menée en 2013 montrait que les adolescents sont directement influencés par la pornographie et que beaucoup d’entre eux imitent ce qu’ils voient à l’écran. De toute évidence, on ne peut pas mesurer avec exactitude à quel point les enfants font comme ces acteurs à la plastique parfaite, mais en y réfléchissant un peu, il faudrait peut-être qu’on s’intéresse au contenu qu’ils regardent.
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Les adolescents font la part des choses entre le fantasme et la réalité, comme la plupart des êtres humains savent où le porno se termine et où le sexe commence. Mais, de toute façon, la majorité de la jeunesse britannique consomme du porno bas de gamme sur des sites comme Pornhub, alors pourquoi ne pas montrer aux jeunes un contenu éducatif spécialement conçu pour eux ?
Il serait inutile, et même immoral, de restreindre la liberté d’accéder à du contenu érotique, mais l’idée d’éclairer les ados avec un matériel coquin éducatif n’est sûrement pas si loufoque que cela. Laissez-moi vous expliquer : il existe une forme de porno décent, sexy, qui n’est pas dégradant – comme le site de la réalisatrice Erika Lust, XConfessions, pour les débutants. Ces contenus pourraient offrir un autre regard sur la sexualité à ces adolescents et auraient probablement un impact moins néfaste sur ce qui se passe dans leur tête.
Le ministère de l’Éducation a la responsabilité de fournir un enseignement complet aux jeunes qui, eux, ont le droit de voir des représentations réalistes de ce que sont les rapports sexuels, et pas simplement des dessins animés.
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L’éducatrice sexuelle et réalisatrice de porno Tristan Taormino a récemment évoqué ce sujet avec NY Mag, dans leur podcast hebdomadaire “Sex Lives”. Elle vient notamment de sortir une série de 15 films pour VividEd – un site dédié à l’éducation sexuelle – dont le but est clairement pédagogique.
“Le but de ces films est d’éduquer, c’est juste que des stars du porno sont à l’affiche. Je pense que tous les travaux que j’ai faits dans le domaine du porno ont pour but de souligner l’authenticité de l’alchimie et du plaisir, de montrer aux gens comment négocier leurs fantaisies sexuelles, de faire monter le désir avant la pénétration au lieu de se précipiter.”
“Les enfants, poursuit-elle, se tournent vers le porno parce qu’ils n’ont pas d’autres options. Je préférerais que des supports explicites soient réalisés pour ces catégories d’âge, au lieu de leur montrer ces vidéos avec des dessins et des diagrammes.
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Si nous pouvions élaborer des supports explicites pour les enfants et leur montrer avec un éducateur sexuel dans la salle pour répondre à leurs questions, ce serait une avancée pour les gens, qui seront alors capables de regarder du porno et voir que c’est juste du fantasme.”
Comme elle fait partie de cette industrie, Tristan Taormino est, de toute évidence, en désaccord avec ceux qui fustigent le porno dans son ensemble et elle est loin de penser qu’il “ruine la vie sexuelle”. Mais elle affirme qu’il ne faut pas négliger la communication, le respect et la négociation quand l’on regarde ou l’on montre du porno. Et bien sûr, elle soutient qu’il devrait être utilisé comme support éducatif.
Pour que les parents acceptent que leurs enfants regardent du porno à l’école, il faudra se battre, en plus de sélectionner et de créer du contenu adapté. Sans parler de l’aspect légal qu’il ne faudra pas négliger. Mais dans une société où les jeunes commencent à visionner dès leur plus jeune âge des films pour adultes, ne serait-ce pas un pas en avant dans l’apprentissage de la sexualité ?
Il serait hypocrite de dire que les jeunes ne sont pas familiers avec les stars de porno. Mais se liguer contre cette industrie et couvrir les yeux des enfants serait inutile. Tout ce que je peux dire, c’est que toute suggestion qui aurait pu m’épargner d’avoir à regarder ces dessins animés prudes mérite d’être étudiée.
L’auteure de cet article a essayé de joindre le ministère de l’Éducation britannique, mais elle n’a pas encore eu de retour.
Traduit de l’anglais par Hélaine Lefrançois.