L’hebdomadaire Marianne s’est rendu à une rencontre entre Nicolas Sarkozy et un think tank de chefs d’entreprises. Le candidat à la primaire du parti Les Républicains semble s’y être livré à des propos clairement climatosceptiques.
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Quelle mouche a donc piqué Nicolas Sarkozy ? L’ancien chef de l’État, candidat à la primaire du parti Les Républicains pour l’élection présidentielle de 2017, semble prêt à tout pour caresser son auditoire dans le sens du poil et s’attirer la sympathie de potentiels électeurs. Quitte à balancer des phrases dont le registre climatosceptique n’est pas sans rappeler celui du candidat populiste à l’élection présidentielle américaine Donald Trump.
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Attention, ouvrez vos écoutilles, ce qu’aurait lâché Nicolas Sarkozy, devant un parterre de patrons le 13 septembre, à l’Institut de l’entreprise, est gratiné :
“On a fait une conférence sur le climat. On parle beaucoup de dérèglement climatique, c’est très intéressant, mais ça fait 4,5 milliards d’années que le climat change.Le Sahara est devenu un désert, ce n’est pas à cause de l’industrie. Il faut être arrogant comme l’Homme pour penser que c’est nous qui avons changé le climat. L’homme n’est pas le seul responsable de ce changement. Je préférerais qu’on parle d’un sujet plus important : le choc démographique.
La France doit porter une conférence sur la démographie. Jamais la terre n’a connu un choc démographique tel qu’elle va le connaître, puisque nous serons onze milliards dans quelques années. Là, l’homme en est directement responsable. Et personne n’en parle”.
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Même Le Figaro semble gêné par cette sortie (de route ?) et rapporte les propos de l’hebdomadaire, sans prendre parti pour le candidat de droite et en rappelant même que celui-ci n’en n’est pas à sa première phrase ambiguë sur le climat. Si Nicolas Sarkozy arrive à mettre Le Figaro et Marianne au diapason c’est que tout part à vau-l’eau.
Des sorties contradictoires
Comme le rappellent les deux journaux, l’ancien président avait déjà sorti par le passé des petites phrases exprimant ses réserves vis-à-vis de l’urgence climatique. Extraits :
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- “L’environnement, ça commence à bien faire”, au Salon de l’agriculture en 2011.
- “La terre a une ancienneté de 4 milliards d’années. Des changements climatiques, la terre en a connu d’immenses. Il n’y a encore pas si longtemps, il y a 3 ou 4 millions d’années, il y a eu une période de glaciations immenses qui faisait que l’on allait à pied de l’Alaska jusqu’à l’Écosse […] Le changement climatique, le monde, la planète en a connu quantité”, le 3 mai 2016, à l’occasion d’une journée de travail sur l’environnement rue de Vaugirard.
Sans oublier le revirement du candidat, désormais en faveur du gaz de schiste, après avoir interdit la fracturation hydraulique lors de son mandat. Le même Nicolas Sarkozy qui se flatte d’être le premier chef de l’État à s’être saisi des questions environnementales en lançant son “Grenelle de l’environnement” et en signant le Pacte écologique de Nicolas Hulot, pendant la période 2007-2012.
Notons que l’entourage de Nicolas Sarkozy a démenti ses propos tenus auprès des chefs d’entreprises, arguant qu’il avait souhaité mettre l’accent sur le choc démographique que subit la planète. Toutefois, plusieurs sources présentes sur place les confirment fermement.
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Quoi qu’il en soit, il est difficile d’y voir clair dans le positionnement du candidat Les Républicains sur le thème de l’environnement. Ses discours semblent changer radicalement selon son auditoire, donnant une impression de schizophrénie et d’opportunisme électoral. Devant les écologistes, Nicolas Sarkozy est celui qui a institué le Grenelle ; devant les industriels il affirme que l’industrie n’est pas responsable du changement climatique ; devant les agriculteurs, il dit que l’environnement est un frein au développement agricole… Que ceux qui y voient une cohérence nous fassent signe.
Un positionnement opportuniste et dangereux
Pour rappel, dire “[qu’il] faut être arrogant comme l’Homme pour penser que c’est nous qui avons changé le climat” n’est ni plus ni moins faire écho aux pires théories climatosceptiques, selon lesquelles le changement climatique est un complot politico-médiatique voire une affabulation.
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C’est faire écho aux thèses fondamentalistes catholiques et protestantes (notamment aux États-Unis) qui arguent que l’homme ne peut avoir un impact sur le climat et la planète car il ne peut pas se substituer à Dieu. C’est remettre en cause la validité du consensus scientifique sur l’origine de réchauffement climatique instauré depuis des années. En un mot, c’est dangereux.
Comment des personnalités politiques d’envergure peuvent-elles encore sacrifier des sujets si importants et si graves sur l’autel de la course au vote ? Et demander en parallèle aux électeurs, notamment aux jeunes, de se rendre aux urnes.