Décryptage du fameux pot de départ du stagiaire

Publié le par Le Sociologue,

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  • Pas de CDI.
  • La très probable réception d’un cadeau de merde de départ.
  • L’obligation de remercier en public vos bourreaux pour l’opportunité incroyable que représentait ce stage de fin d’études.
  • Et vos bourreaux qui viennent mangequignogner des chips et autres quatre-quarts que vous avez financés de votre poche “parce qu’il n’y avait pas de budget” (sic : Les RH). En tant qu’être normalement constitué, vous abordez donc le fameux Discours du pot de départ avec cette expression faciale joyeuse :

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I) Le Discours du Maître de Stage : un éloge funèbre de votre performance

Votre maître de stage Jean-Luc se racle alors la gorge pour entamer un discours destiné à faire reluire la voilure de votre cul en oubliant au passage de respecter des règles fondamentales de respect de soi-même.
Ce gros puceau vous regarde, ému, comme si vous étiez son enfant autiste et que vous deviez prendre la mer sans savoir nager… Pourquoi ?

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  • D’une parce que ce type est une grosse baltringue.
  • De deux parce qu’il tente de se faire bien voir par les RH pour glaner une promotion “voyez comme je m’occupe bien des stagiaires”. Oui… Jean-Luc n’est pas qu’un manager d’entreprise, c’est aussi un petit Fils de Pute.

Sans vergogne, Jean-Luc se lance ainsi dans un dithyrambique :

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Ah ce bon vieux Steeve il va nous manquer ! Steeve, je tenais à te dire au nom de toute l’équipe, merci ! Merci pour le travail admirable que tu as fourni tout au long de ces 6 mois. Ça a été un vrai plaisir de travailler avec toi. Tu es dynamique et… dynamique. Tu as vite compris en quoi consistait le métier de stagiaire. Lol. Et franchement, pour te faire une petite confidence, tu rentres facilement dans le Top 50 des stagiaires qu’on a eu jusqu’à présent.On te souhaite bonne continuation pour la suite. En espérant que tu reviennes nous voir de temps en temps. Y aura toujours une petite place pour toi héhé.
Jean-Luc répète à quelques mots près le discours qu’il a tenu à l’ensemble de vos prédécesseurs et n’oublie pas cette promesse de bonheur insoutenable et systématique “en espérant que tu reviendras nous voir”. “Le genre de promesses intenables qu’on se faisait avec mes amoureuses de colonie”, pense Steeve. Sauf que là ça concerne votre maître de stage Jean Luc pour qui vous n’éprouvez pas plus d’amour que pour le virus Ebola qui contaminerait un petit lapin tout mignon… alors que quand Steeve disait ça à ses amoureuses de colonie, il y croyait vraiment, mais après c’est elles qui arrêtaient de lui écrire #fuckmylife.

II) Votre Discours : une autoflagellation en public

Après l’écoute insupportable de ce manifeste de l’hypocrisie en société , le moment est venu de lancer à votre tour votre discours, avec votre voix qui tremble et votre charisme de crevette sans tête :

Bah euh déjà pour commencer merci à tous d’être venu. C’était très cool ces quelques mois en votre compagnie. C’est dommage que ça s’arrête si tôt héhé.

La DRH, présente, rit un peu fort à cette blague.

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Bien évidemment, dans l’histoire, on est la victime. On aimerait laver l’affront avec un discours de vérité là tout de suite… :
“Ces six mois ont été un peu un enfer. C’est aussi une des raisons pour lesquelles je me casse (outre le fait que je n’ai pas vraiment le choix vu que j’ai pas eu de CDI. BREF).
J’aurais aimé que ce stage dure 6 mois de moins. Mais bon fallait bien commencer à financer la chimio testiculaire de mon hamster Jean-Louis.
Quand je fais le bilan, je me rends compte que j’ai vraiment appris que dalle ici. Ni valeur humaine remarquable, ni compétences managériales singulières. Ah si pardon, je suis un peu dur héhé, désormais, les impressions couleur, noir et blanc, n’ont plus de secret pour moi. Merci Jean-Luc pour les skills incroyables que tu m’as inculquées. Lol.
Si un jour je trouve un travail, je t’enverrai un cadeau de remerciement par voie postale : un rat mort. C’est un peu ma madeleine de Proust pour l’aftershave dégueulasse dont tu gratifiais mes narines tous les matins. Si la loi l’autorisait, j’aimerais te chier sur ton cuir chevelu dégarni. Et j’espère qu’un jour tu chopperas le sida. Mais j’en doute. Étant donné que tu es toujours puceau.
Pour ma part, je pensais voyager un peu avant de me poser… Mais vu que j’ai pas de CDI, et donc pas de thunes, j’irai simplement Backpacker à Pôle Emploi. Il paraît que les autochtones sont sympas là bas. Je vivrais alors d’amour et d’eau fraiche… enfin d’eau fraiche. Au revoir, j’espère qu’on se reverra pas. Pas Cordialement #rebeldel’email.”

IV) Conclusion :

Où est la Justice dans cette histoire ? On vous met un cactus qui pique dans les fesses et les règles de la bienséance sociale vous obligent à sourire et remercier votre bourreau.”MERCI je suis tellement une personne MEILLEURE grâce à vous tous! Je pars pauvre mais l’esprit libre héhé.”
Après tout, c’est peut-être mieux ainsi… que d’avoir à vous coltiner Jean-Luc en Boss et ses aisselles Chutes du Niagara. La vie est peut-être bien faite. Enfin pas pour votre hamster Jean-Louis…