Planet Earth est le documentaire de tous les superlatifs. 2 089 jours passés sur le terrain, 400 terabytes de données enregistrées (82 000 DVD), une bande originale composée par Hans Zimmer, des caméras aux quatre coins du globe, le tout orienté vers un seul but : filmer la faune de notre belle planète dans toute sa diversité. Et pourtant Martin Hughes-Games, producteur et présentateur pour la BBC, ne mâche pas ses mots envers les documentaires comme Planet Earth et consorts : “Ces programmes contribuent massivement à l’extinction planétaire de la vie sauvage.”
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Dans une tribune publiée par le Guardian, le documentariste accuse le célèbre show de Sir David Attenborough de saper les actions favorables à la conservation des espèces animales en présentant une vision déformée de ce qu’est la nature aujourd’hui, à savoir un désert duquel 50 % des vertébrés ont tout bonnement disparu (un chiffre alarmant qui pourrait bien monter à 67% d’ici 2020)
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Martin Hughe-Games, en bon documentariste, ne remet pourtant pas en cause l’extraordinaire la qualité de Planet Earth II, diffusé à la fin de l’année 2016. “J’ai la plus grande admiration pour les équipes […]. Jamais nous n’avons été aussi proches de l’action et jamais les images n’ont été aussi belles.” Ainsi, on garde un souvenir ému de cette scène à peine croyable où un bébé iguane échappait de justesse à une horde de serpents affamés, une séquence digne des meilleurs films d’action et qui avait rapidement fait le tour du Web.
Un docu-fiction plus qu’un documentaire
Mais à quel prix ? Pour obtenir ces images d’une rare beauté et donner à voir une nature toujours plus luxuriante, les équipes de production de la BBC ont dû redoubler d’inventivité et de patience tout en tournant dans des réserves et des parcs toujours plus petits.
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Selon Martin Hughe-Games, Planet Earth se rapproche aujourd’hui plus du docu-fiction que du véritable documentaire animalier, en présentant “un monde fantaisiste, une utopie où les tigres blancs se promènent encore libres et sereins, et où le monde naturel semble toujours être comme s’il n’avait jamais été foulé par l’homme”. Un mensonge qui, d’après lui, dessert l’action des protecteurs de l’environnement en faisant croire au public qu’après tout “ça ne va pas si mal”.
Le show de la BBC avait pourtant pour objectif d’attirer l’attention du grand public sur la richesse de la nature et sur la nécessité de la protéger. Un pari ambitieux au vu de l’extinction de masse qui frappe les animaux du monde entier, comme les girafes, entrées au mois de décembre dans la liste des espèces en voie d’extinction.
C’est pourquoi Martin Hughes-Games demande aujourd’hui aux chaînes de télévision britanniques de remettre la réalité au centre de ces documentaires, en instaurant une part obligatoire (un cinquième de leur temps de diffusion) dédiée à la sensibilisation sur ces questions fondamentales et urgentes. Car le temps presse : “Dans cent ans, les gens seront ébahis, et profondément tristes, qu’on ait pu faire ce genre de programme.”
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