Journaliste et fondateur du journal Fakir, réalisateur du documentaire Merci Patron ! (récompensé aux César) et homme politique depuis peu : l’homme de gauche aux mille casquettes débarque à l’Assemblée. Il comptait en grande partie sur sa forte aura médiatique pour l’emporter au premier tour face à Frank de Lapersonne, acteur à l’humour douteux qui roulait pour Marine Le Pen. Au second tour, il affrontait un candidat de La République en marche (LREM), Nicolas Dumont. Pari réussi pour François Ruffin : il succède à la députée socialiste sortante et ex-secrétaire d’État Pascale Boistard.
Il faut dire que François Ruffin était soutenu par une foule de formations issues de la gauche de la gauche : la France insoumise, le Parti communiste, Europe Écologie Les Verts ou encore Ensemble (une antenne du Front de gauche fondée en 2013). Comme quoi, il semblerait que la gauche soit parfois capable de s’unir.
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Cédric Villani (LREM)
C’était la caution “société civile” la plus médiatique de ces législatives : incarnation parfaite du story telling d’Emmanuel Macron et de sa volonté d’imposer de nouvelles têtes dans le paysage politique, Cédric Villani accède ce soir à la députation. Mathématicien de renom, engagé pour une meilleure osmose entre la vie publique et l’intelligence artificielle, il a décroché en 2010 la célèbre médaille Fields, souvent considérée comme le prix Nobel de cette discipline. Dans sa circonscription de l’Essonne, c’est en toute tranquillité qu’il s’impose avec environ 68 % des voix.
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Jean-Luc Mélenchon (FI)
Ça passe ! Le boss de la France insoumise n’a pas pris beaucoup de risques en se présentant à Marseille, dans l’une des circonscriptions où il avait réalisé l’un de ses meilleurs scores au premier tour de la présidentielle. Il élimine aujourd’hui la candidate LREM Corinne Versini, après avoir battu avec fracas le socialiste Patrick Mennucci au premier tour, dimanche dernier.
Avec 16 députés France insoumise, Mélenchon est désormais en mesure de constituer un groupe parlementaire qu’il souhaite “cohérent, discipliné, offensif”, d’après les mots qu’il a prononcés lors de son allocution de victoire. Autonome ne veut pas dire dans son coin, et il compte bien collaborer avec le Parti communiste pour mettre en place une forte opposition de gauche. Ombre au tableau : le nouveau député rate en partie son pari et ne parvient pas à dépasser le Parti socialiste (qui obtient une trentaine de sièges) pour s’imposer comme le nouveau représentant légitime de la gauche française.
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Marine Le Pen (FN)
La présidente du Front national fait son entrée à l’Assemblée grâce à sa victoire dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais : elle y atteint les 58 % face à la candidate LREM Anne Roquet. Après la défaire au second tour de l’élection présidentielle, l’héritière du manoir de Montretout ne pouvait se permettre un échec à ces législatives. Elle limite donc la casse. Son parti en revanche est bien loin de ses ambitions d’il y a quelques mois. Avant la présidentielle, le FN comptait envoyer une quarantaine de députés à l’Assemblée. Ce soir, ils ne seraient que huit à accéder à la députation. L’occasion pour Marine Le Pen de fustiger le système électoral au cours de son allocution de victoire, et d’insister sur la nécessité d’imposer la proportionnelle pour les prochaines législatives.
Avec huit députés aux couleurs de son parti, elle ne peut espérer constituer un groupe parlementaire (il en faut au moins 15). Elle pourra cependant compter sur la présence à ses côtés de son compagnon Louis Aliot, qui l’emporte dans les Pyrénées-Orientales. De son côté, Florian Philippot s’est fait éjecter face à un candidat LREM dans sa circonscription de Moselle. On lui souhaite bien du courage pour la suite : Marine Le Pen arrive avec sa garde rapprochée, et beaucoup veulent sa peau.
Alexis Corbière (FI)
Il fut son porte-parole au cours de ces longs mois de campagne, c’est donc sans surprise qu’il a choisi de suivre Jean-Luc Mélenchon dans la course à la députation. Course qui n’a pas été des plus faciles : il s’est laissé distancé au premier tour par la candidate LREM dans la 7e circonscription de Seine Saint Denis, pour finalement refaire son retard et l’emporter avec 58% des voix. Une remontada bienvenue pour celui qui est successivement passé par le Parti Communiste, le PS, le Front de gauche et enfin la France insoumise, et qui ira donc grossir les rangs du groupe parlementaire que JLM devrait constituer dans les jours qui viennent.
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