La possibilité d’un lac
Merci MARSIS ! Grâce au “Mars Advanced Radar for Subsurface and Ionosphere Sounding” (MARSIS, donc), une sonde conçue par l’Agence spatiale européenne en 2003 et destinée à envoyer des ondes radar à travers la surface et la calotte glaciaire de la Planète Rouge, on est désormais quasiment sûr qu’il y a un lac d’environ 20 km de largeur sous la glace martienne. Sa profondeur serait d’environ un mètre, mais les chercheurs n’en sont pas certains.
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Il aura fallu trois ans et demi (de mai 2012 à décembre 2015) et 29 séries d’échantillonnages pour que le radar mette en évidence une “variation brutale par rapport au signal radar associé“, ce qui a permis aux scientifiques d’appréhender les contours du lac. La région sondée se nomme Planum Australe, elle est située sous la calotte glaciaire sud de Mars.
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Les résultats de la recherche ont été publiés le 25 juillet par 22 chercheurs italiens dans la revue Science. Jamais un tel volume d’eau liquide n’avait encore été trouvé. Si la planète Mars est aujourd’hui froide, désertique et aride, elle était auparavant chaude et humide et abritait une grande quantité d’eau liquide et de lacs. C’était il y a au moins 3,6 milliards d’années.
De l’eau ? Et alors ?
La recherche de traces d’eau est, depuis le début de l’exploration martienne, une obsession. D’une part, sa présence est indispensable pour le développement de la vie. D’autre part, être en mesure d’accéder à des sources d’eau pourrait également aider les humains à survivre lors de futures missions d’exploration de la planète (évidemment, Elon Musk s’est empressé de relayer la nouvelle, à deux reprises).
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De la vie sur Mars ? Il convient de ne pas s’enflammer. La présence d’une éventuelle forme de vie microbienne au sein du lac reste sujette à débat. Certains experts estiment que le lac est trop froid, saumâtre, et contient une forte dose de sels et de minéraux martiens dissous, autant de conditions défavorables au développement de la vie.
Voix sceptiques
Quelques chercheurs dissidents ne sont pas convaincus par la découverte. SHARAD, un radar à plus haute fréquence, conçu par l’Agence spatiale italienne et embarqué à bord de la sonde Mars Reconnaissance Orbiter, lancée en 2005, n’a de son côté pas été en mesure de détecter la présence du lac d’eau souterrain.
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David Stillman, chercheur au département des études spatiales du Southwest Research Institute, au Texas, estime ce bide “très étrange” et se dit donc sceptique quant à la découverte. Quant à Michel Viso, responsable du programme exobiologie et de la mission Exomars au Cnes, il relativise la notion de “lac” : il pourrait s’agir “d’une forme de boue“.
(Article écrit en collaboration avec l’AFP)