Tous les ans, début août, le port de Viana do Castelo, dans le nord du Portugal, est animé par un festival techno au succès grandissant : le Neopop. Pour celles et ceux qui en douteraient encore, le Portugal est l’un des pays d’Europe où les musiques électroniques sont les plus vivaces. En témoignent les nombreux festivals qui poussent actuellement, dont l’excellent Neopop, 13 ans au compteur, où les têtes d’affiche sont logées à la même enseigne que les DJ locaux. Quatre jours en forme de tunnel qui ne donnent qu’une envie : y retourner. Pourquoi ?
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Parce que le cadre est dingue
Le mercredi soir, lors de notre arrivée au Neopop, il pleut des cordes. Car qui dit Portugal ne dit pas forcément beau temps. On ne vous fera pas un point météo détaillé sur le pays, mais sachez qu’une sombre histoire de microclimat à la bretonne peut vous jouer des tours. Rien de grave, cela donne au site des allures surréalistes : les grues de chantiers qui se perdent dans le ciel gris, un vieux fort militaire éclairé de lumières vertes, des bateaux qui tanguent au rythme des BPM… Le genre d’endroit un peu dur mais tellement techno. On vous rassure, quand il fait grand beau, c’est tout aussi cool.
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Parce que le Portugal est définitivement une terre de techno
“– Tu vas où cet été ?
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– Je fais un festival techno au Portugal.
– Ah le Boom Festival ?
– Non, le Neopop.”
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Tous ceux qui sont allés au Neopop ont déjà eu cette conversation. Le Boom, qui a lieu tous les deux ans dans l’est du pays, est l’événement musical portugais qui rayonne certainement le plus à l’international. Mais son petit frère, qui a lieu 300 kilomètres plus au nord, est l’un des nombreux exemples qui montrent que la scène électronique portugaise est depuis longtemps établie.
Il y a le désormais incontournable BPM Festival (une franchise venue du Mexique), le Nova Batida, pour les plus aventureux le RFM Somnii (temple de l’EDM dans tout ce qu’il a de plus cliché), ou encore Brunch Electronik à Lisbonne. Mais en tout cas, depuis que les marques les ont pris d’assaut dans les années 2000, les festivals poussent comme des champignons dans le pays.
Parce que les DJ jouent jusqu’à 13 heures (ah oui, quand même)
D’abord, lorsqu’on a vu que les concerts se terminaient à midi le dimanche, on s’est demandé comment on allait tenir le coup. Puis, quand on a vu que c’était Laurent Garnier qui terminait sur la grande scène, on a vu les multiples solutions évoquées voler en éclat. Le tonton des musiques électroniques a l’habitude de pousser ses sets plus que de raison. Ça n’a pas loupé : sa prestation, ponctuée de classiques d’Age of Love ou même de références au rap des nineties, a duré jusqu’à tard, très tard, avec l’ovation habituelle. Sur la petite scène, son compatriote Zadig l’imitait en b2b avec DJ Deep, tout en prenant le temps de venir le voir terminer la foule alors que le soleil commençait à taper fort.
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Parce qu’il mise sur la qualité et pas la quantité
“Ça a commencé il y a treize ans, entre potes, se souvient Gustavo Pereira, le programmateur. Je m’occupais de la programmation de quelques clubs à Porto, alors j’ai pris celle du festival, qui s’appelait alors Anti-Pop. On a pris le meilleur de toutes les expériences que nous avions vécues dans le milieu des musiques électroniques, et c’était parti. Les fondateurs sont toujours là. On s’est dit : ‘Il y a cet endroit assez fou près de la mer, ils nous laissent faire ce qu’on veut…’ C’était parfait.”
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Résultat, avec environ 11 000 personnes par soir, le festival est loin de la configuration des mastodontes voisins. Mais pour les organisateurs, ce qui compte, c’est la qualité, pas la quantité.
Parce qu’ils savent attirer les têtes d’affiche
Comme on l’a dit, il y avait Laurent Garnier et Zadig. Mais d’autres grands noms avaient fait le déplacement : les mythiques Underworld – qui ont évidemment envoyé leur tube de 1995 “Born Slippy” (que tous les fans du film Trainspotting reconnaîtront sans peine), un grand moment lors de la soirée d’ouverture –, la locomotive Amelie Lens qui a fait son show millimétré comme à son habitude, le pape de la techno Jeff Mills, l’audacieux Richie Hawtin, Ben Klock, Chris Liebing, Dax J, Tale Of Us, Maceo Plex…
Mais il y avait aussi plusieurs sets détonnants, comme celui de l’Américain DVS1, qui a achevé les festivaliers au petit matin le vendredi, ou encore la claque live du Japonais Wata Igarashi. Une prestation cérébrale et savante qui est parvenue à transporter les warriors encore présents au bout de la nuit.
Parce que la scène locale est mise en avant
Si vous souhaitiez découvrir la scène électronique portugaise, vous êtes bien tombés. Il y a Berllioz, qui évolue depuis de longues années dans les milieux techno underground lisboètes et qui a un sérieux penchant pour le modulaire, la noirceur de Lewis Fautzi, qui a bien failli nous terminer avant Laurent Garnier, le résident du Lux Fragil (club emblématique de la capitale portugaise) Rui Vargas, Freshkitos (le duo qui inclut notamment le programmateur Gustavo Pereira), Tiago (le loup blanc local), ou encore l’excellent Pixel82 – qu’on a loupé, malheureusement, parce que non, en quatre jours, on ne peut pas tout voir, ce qui nous amène au dernier point.
Parce qu’on en rentre extrêmement fatigué (mais comblé)
Un conseil pour ceux qui souhaiteraient faire les quatre jours du festival : si vous le pouvez, prévoyez votre retour le lundi plutôt que le dimanche. Parce que quitter le festival à 13 heures, enchaîner avec trois quarts d’heure de route jusqu’à l’aéroport de Porto puis prendre un avion à 16 heures, ça n’a rien d’une sinécure. C’est même parfaitement éreintant. En même temps, on n’a pas fait tout ce chemin pour dormir. Le Neopop, c’est un semi-marathon techno qui se prépare. Plus on est préparés, plus on kiffe sur place, et plus on a envie d’y retourner l’an prochain.