Le procès de Harvey Weinstein, qui avait plaidé “non coupable” fin mai, devait se tenir le 9 septembre, mais il vient d’être reporté à janvier 2020. En cause ? Le nouveau témoignage d’une actrice. Le 22 août, Annabella Sciorra, connue pour son rôle dans la série Les Soprano, a déposé un nouvel acte d’accusation. Elle avait déjà affirmé en octobre 2017 au New Yorker que Harvey Weinstein l’avait violée chez elle à Manhattan, en 1993.
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Si les faits sont aujourd’hui prescrits, le procureur de Manhattan considère son témoignage précieux pour le procès, car il pourrait souligner la culpabilité de l’ancien magnat d’Hollywood. Devant ce nouvel acte d’accusation, Harvey Weinstein a de nouveau plaidé non-coupable lors d’une audience de 15 minutes qui s’est tenue lundi au tribunal d’État de Manhattan, rapporte l’AFP.
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Déjà inculpé par deux plaignantes pour des viols et des agressions sexuelles commis en 2006 et 2013, Harvey Weinstein a aussi été accusé par des centaines de femmes, actrices et collaboratrices depuis que le scandale a éclaté en octobre 2017, dans les colonnes du New Yorker et du New York Times. Il a toujours assuré que ces relations sexuelles étaient consenties, mais ce troisième témoignage pourrait aggraver son cas.
France Info, qui a pu avoir accès aux premières dépositions de Mimi Haleyi, une ancienne assistante de production, et d’une seconde plaignante souhaitant rester anonyme, rappelle que l’ex-producteur risque la prison à vie :
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“Harvey Weinstein est accusé de deux agressions sexuelles prédatrices, d’un acte sexuel criminel au premier degré et de deux viols. En droit américain, l’agression sexuelle prédatrice s’applique entre autres aux viols et crimes sexuels du premier degré commis avec une circonstance aggravante, comme l’emploi de la menace. Chaque chef d’accusation correspond à un acte pour lequel Harvey Weinstein est inculpé (l’équivalent d’une mise en examen). Harvey Weinstein est notamment accusé d’avoir fait un cunnilingus sans consentement à Mimi Haleyi en 2006 et d’avoir commis un viol sur la seconde plaignante en 2013.”
Dans la procédure pénale américaine, “le procureur présente les éléments de preuve (à charge) dont il dispose devant des jurés tirés au sort qui vont ensuite décider d’inculper ou non”, a précisé Anne Deysine, une juriste spécialiste des États-Unis contactée par France Info. Ce nouveau témoignage pourrait jouer un rôle clef dans le procès car il pourrait faire pencher la balance, comme l’explique à USA Today Arthur Aidala, l’un des avocats de la défense :
“S’il y a deux plaignantes au procès mais que le jury n’en croit qu’une, l’accusation ne pourra pas prouver qu’il y a eu une agression sexuelle prédatrice… [Annabella Sciorra] est leur témoin d”assurance’.“
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Donna Rotunno, l’avocate principale du cofondateur de Miramax, a annoncé lundi qu’elle voulait rejeter cette nouvelle accusation. La défense a également demandé que le procès soit délocalisé hors de New York, pour s’éloigner de cette “atmosphère de cirque” qui animerait la ville, comme l’a déclaré Arthur Aidala à Variety :
“On peut aisément affirmer que New York est la ville la moins adéquate sur Terre pour que M. Weinstein puisse bénéficier d’un procès équitable. Les jurés pourraient entendre des preuves, délibérer et rendre un verdict à cause d’une atmosphère d’intimidation et de pression créée par les politiciens, les activistes, les célébrités et les médias.”
Le procès pourrait ainsi se dérouler le 6 janvier 2020, à Long Island ou à Albany, si le juge James Burke donne son accord. Grâce à cette troisième accusation, Weinstein et son équipe bénéficient de presque six mois supplémentaires pour préparer leur défense. Actuellement ruiné, le producteur déchu a été libéré après le versement d’une caution estimée à un million de dollars. Il porte désormais un bracelet électronique et a pour obligation de rester sur le territoire, rappelle AlloCiné.
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