Une nouvelle technique d’identification : le balayage
Lancé en 2009, le télescope spatial Kepler scanne sans relâche l’espace à la recherche de ces exoplanètes avec un certain souci du détail. Pour identifier ces corps situés à des distances faramineuses de notre système solaire, Kepler utilise une méthode appelée “transit”: lorsqu’une planète passe devant son étoile, elle masque une infime partie de sa lumière, et cette variation est détectée par le télescope. Problème: la méthode n’est pas si fiable que ça, surtout dans le cas de planètes de petite taille situées particulièrement loin. En décembre dernier, une étude française avait ainsi démontré que la moitié des exoplanètes découvertes par Hubble, le prédécesseur de Kepler, n’en était finalement pas. La méthode de détection a donc été modifiée.
La nouvelle méthode s’appuie sur l’analyse statistique, qui labélise automatiquement chaque signal capté avec un “taux de planètabilité” (le néologisme est offert par la maison) et estime la probabilité d’être bien en présence d’une exoplanète. “Les planètes candidates sont un peu comme des miettes de pain, explique Timothy Morton, l’inventeur du système. Si vous faites tomber de grosses miettes sur le sol, vous pouvez les ramasser une par une à la main. Mais si vous renverser un sac de petites miettes, vous allez avoir besoin d’un balai. Cet outil statistique est notre balai.” En quelques mois, ce balai a permis de doubler le nombre d’exoplanètes identifiées dans l’Univers.
Néanmoins, l’identification statistique est moins précise que la méthode “à l’ancienne”, et ne permet pas encore de connaître la structure, la densité ou la composition de ces planètes. Il faudra donc, dans les mois à venir, effectuer d’autres mesures, plus minutieuses, basées sur les longueurs d’ondes de la lumière émise par l’étoile (la “vitesse radiale”), pour en savoir davantage sur nos nouvelles voisines.
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Un nouveau télescope en 2018
Profitons donc un peu de ces superbes résultats, puisqu’il s’agit du chant du cygne de Kepler. Le valeureux télescope, dont la mission initiale avait été programmée pour trois ans, a vu son contrat prolongé jusqu’en 2016 (la mission K2) malgré une série de problèmes techniques, une sérieuse panne en 2013 et une dernière avarie en avril dernier, qui l’avait vu passer en mode “urgence” et couper tout contact avec la Terre pendant une dizaine de jours. Après quatre ans d’activité, 150 000 étoiles surveillées et 12 exoplanètes potententiellement habitables pêchées, le télescope orbital va maintenant pointer son objectif vers le centre de la Voie lactée pour observer les planètes sans étoile, dites errantes, qui se baladent sans orbite fixe dans la galaxie.
Son successeur, TESS (pour Transitory Exoplanet Survey Satellite), entrera en service en 2018 et utilisera la même méthode, en plus sophistiquée, que son prédécesseur. Son objectif : étudier 200 000 étoiles proches et brillantes et se concentrer sur les planètes de taille similaires ou légèrement supérieures à la nôtre. Et peut-être, un jour, apercevoir notre prochaine destination dans le désert lumineux.
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