Spoiler alert
Comme le rappelle Le Monde, l’annonce un tantinet sensationnaliste de la Nasa (coutumière du fait) n’étonnera pas les spécialistes : le prédécesseur du MRO, Mars Global Surveyor, avait déjà détecté ces coulées. De même, des analyses de données des missions Viking des années 70 et, plus récemment, du module d’exploration Curiosity au cratère de Gale, confirmaient la présence de chlorates et perchlorates de magnésium et de sodium – en d’autres termes, des sels, résultats publiés plus tôt en 2015 par Nature Geoscience.
Le 28 septembre, quelques heures avant l’annonce de la Nasa, Nature Geoscience récidivait et publiait un énorme spoiler, révélant les analyses spectrographiques que la Nasa gardait au chaud depuis des jours en promettant une “découverte scientifique majeure”.
La confirmation de la présence d’eau liquide sur Mars, même extrêmement salée, change radicalement la conception que nous avons de la planète et laisse entrevoir d’immenses possibilités pour les futures missions d’exploration. Avec de l’eau liquide en son sein – dont la Nasa ignore toujours l’origine et la quantité réelle – et la présence d’humidité à sa surface, Mars devient d’un coup beaucoup plus habitable aux yeux des scientifiques, et sa colonisation par l’Homme de moins en moins utopique.
Comme le résumait au Guardian Michael Meyer, responsable du programme d’exploration martienne de la Nasa, “il y a de l’eau liquide, aujourd’hui, sur la surface martienne. Grâce à cela, nous soupçonnons qu’il est au moins possible techniquement de mettre en place un environnement habitable dès aujourd’hui”. John Grunsfeld, l’un des trois scientifiques intervenant à la conférence, expliquait quant à lui qu’il était possible d’utiliser cette eau, filtrée, pour faire pousser des plantes dans l’atmosphère artificielle d’une serre et mettre en place un véritable écosystème.
Des questions pratiques qui n’excluent évidemment pas LA question que soulève cette nouvelle découverte : et la vie extraterrestre, dans tout ça ? L’article de Nature Geoscience joue les rabat-joie de service en affirmant que “l’activité de l’eau dans les solutions de perchlorate pourrait être trop faible pour servir de support à la vie telle que nous la connaissons sur Terre”, malgré la présence de vie microbienne sur Terre dans des conditions de salinité similaires, dans le désert de l’Atacama.
Avec cette découverte majeure (et redondante), la Nasa sait au moins où chercher. Et s’assure d’obtenir les crédits pour le faire.
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