Les propositions de la présidente du Front national pour limiter l’accès aux soins des étrangers provoquent la colère de certains médecins, qui rappellent leur devoir et leur volonté de venir en aide à tous.
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Les étrangers en situation irrégulière devraient attendre deux ans avant de voir leurs soins remboursés par la Sécurité sociale. C’est en substance ce que Marine Le Pen a annoncé lundi matin, au micro de RTL, dans la droite ligne de la “préférence nationale” prônée par son parti. Avec ce délai de carence discriminatoire, un étranger sans papiers devrait donc avancer les frais pour être soigné, ce qui est inimaginable lorsqu’on connaît les grandes difficultés économiques dans lesquelles une majorité d’entre eux se trouve.
L’annonce de Marine Le Pen n’a pas manqué de faire réagir : les médecins, notamment, sont nombreux à s’offusquer de cette idée allant à l’encontre de leur mission et de leur éthique. “Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leur conviction“, peut-on ainsi lire à la deuxième ligne du serment d’Hippocrate, traditionnellement prononcé par tous les nouveaux médecins.
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L’un d’entre eux a tenu à utiliser ce qui se fait de mieux aujourd’hui pour transmettre rapidement un message fort : les réseaux sociaux. “Je peux pas te laisser dire ça. […] Non Marine, non Marine”. Dans une courte vidéo débordante d’humanité, Jérôme Marty fait passer l’essentiel : les médecins soigneront tout le monde, quelles que soient les politiques menées. “On soigne les Blancs, on soigne les Noirs, on soigne, les Jaunes, on soigne les Bleus s’il y en a”. Tutoyant la présidente du FN, il rappelle l’importance symbolique fondamentale du remboursement par la Sécurité sociale, l’un des piliers de l’idéal d’égalité française :
“L’honneur de la France, c’est que tous les étrangers, comme les français, puissent bénéficier du remboursement des soins. Parce qu’on est la patrie des droits de l’homme. C’est aussi simple que ça.”
Une mesure anticonstitutionnelle
“En matière de droits sociaux, les étrangers en situation régulière et les Français doivent être traités de la même manière”, explique à L’Express le professeur en droit constitutionnel Bertrand Mathieu. Un principe d’égalité inscrit dans la Constitution française et qui pourrait amener le Conseil constitutionnel à s’opposer à la mesure de priorité nationale voulue par Marine Le Pen, si tant est que la présidente du Front National remporte l’élection présidentielle.
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Pour contourner l’obstacle des Sages, les responsable FN souhaitent inscrire le principe de “priorité nationale” dans la Constitution. Une réforme constitutionnelle qui, pour être adoptée, devrait être votée par les deux tiers de l’Assemblée nationale et entrerait en conflit direct avec le principe d’égalité. Un casse-tête discriminatoire dans lequel on voit mal nos représentants politiques se jeter.