Ils ont tous des téléphones portables, le sport, l’école, des activités, la télévision avec en prime Canal+ (pour 9 euros par cellule et par mois, Ndlr), alors que la majorité des gens à l’extérieur n’ont pas les moyens de se payer l’abonnement : cela n’est plus une prison, c’est un centre de vacances. […] Très franchement, seule une infime partie a l’air de souffrir d’être en prison.
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“C’est surtout les couteaux qui nous inquiètent”
Elle rappelle qu’avec un agent pour 130 détenus dans une coursive, difficile pour le personnel de faire correctement son travail. D’ailleurs, elle n’est pas la seule d’un syndicat de matons à accuser le coup. David Cucchietti, secrétaire local de la CGT (syndicat majoritaire aux Baumettes) y va lui aussi de son triste commentaire dans les colonnes de La Provence. Lui joue carrément l’aveu d’impuissance :
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Ils n’ont plus peur de rien, et nous, nous n’avons pas les moyens de lutter. Cette page n’a rien de valorisant pour nous, pour le travail fait chaque jour par les surveillants, mais c’est un fait, les détenus sont livrés à eux-mêmes. C’est surtout les couteaux qui nous inquiètent. Et on ne peut plus assurer la sécurité des détenus.
La direction de la prison des Baumettes et la direction interrégionale des services pénitentiaires n’ont pas encore réagi officiellement auprès de la presse. Quoi qu’il en soit, selon les sources de La Provence, les détenus reconnaissables sur la page Facebook, et qui pour la plupart travaillaient, ont perdu leurs petits jobs en prison et ont été changés de bâtiment. Selon les syndicats de surveillants, il manquerait au moins 50 matons à la prison des Baumettes.
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Les smartphones en prison, pas nouveau
Si cet épisode peut faire réagir, il s’agit de rappeler que ce n’est pas la première fois que des détenus français s’invitent sur les réseaux sociaux pour narguer le monde du dehors.
En mai 2014, des photos de détenus irritaient déjà sur les réseaux sociaux. Des détenus de prisons du Pas-de-Calais s’y exhibaient tar-pé en main, avec des poses jugées provoc’ ou avec toutes sortes d’objets dont on a un peu de mal à imaginer comment ils sont parvenus jusqu’en cellule. Comme cette piscine gonflable, par exemple. Ou ce déguisement de Père Noël, tiens.
Mais là où tout le monde semblait débarquer, c’était à l’idée que les détenus administraient bel et bien eux-mêmes des comptes Facebook au quotidien. Sur leurs propres smartphones. Ou tablettes. Pourtant, tel que le rappelle le règlement pénitentiaire, “la détention et l’utilisation de téléphones portables est interdite”.
Complices
Cité par Europe 1, Karim, qui visite son frère incarcéré aux Baumettes, est dubitatif quant à l’exclusive responsabilité des prisonniers : “Comment les détenus peuvent-ils faire entrer tous ces produits et objets ? Les parloirs, les gardiens, ils ont des complices et ça fait rentrer des trucs. Pas gratuitement, c’est sûr”.
En France, 68 859 détenus étaient incarcérés dans les 191 prisons que compte le territoire le 1er avril 2014. Leur capacité d’accueil maximale est de 57 680 places.
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