Depuis le 22 juin, le festival marocain Mawazine bat son plein. Les chanceux ont pu y voir pêle-mêle, Damso, Niska, Bruno Mars, The Weeknd ou The Chainsmokers. Présentation de cette grosse manifestation mondiale qui n’a rien à envier au célèbre Coachella.
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Chaque année, depuis 2001, le festival marocain Mawazine fait rêver. Pendant une semaine, des sommités mondiales de la musique se produisent à Rabat, en plein cœur du Maroc, pour y donner des concerts suivis par des centaines de milliers de personnes. Ce festival a été créé par Maroc Cultures, une association à but non lucratif qui œuvre au développement et à la démocratisation de la culture, ce festival nord-africain s’est très vite transformé en mastodonte. Considéré aujourd’hui comme l’un des festivals les plus désirables du monde, Mawazine a de quoi s’imposer comme le nouveau Coachella.
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De Booba à Damso, en passant par Kanye West et Wiz Khalifa
Organisé chaque année pendant 9 jours, le festival Mawazine s’est fait connaître grâce à une programmation éclectique qui brasse le meilleur des différentes scènes musicales occidentales et orientales. Aujourd’hui, c’est tout simplement le deuxième plus grand évènement culturel au monde avec plus de 2,5 millions de festivaliers pour chacune de ses cinq dernières éditions. Il n’a donc presque plus rien à envier à Coachella, le meilleur festival du monde selon le magazine Rolling Stone. Et si l’événement californien se démarque par ses palmiers, sa jolie programmation ou encore sa grande roue, le festival Mawazine s’impose quant à lui comme un incontournable grâce à sa programmation pointue et éclectique qui est répartie sur six scènes entre Rabat et Salé, les deux villes jumelles au cœur du Maroc.
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En 2008 déjà, il accueillait la spectaculaire Whitney Houston pour un concert d’anthologie, puis Stevie Wonder en 2009, Sting en 2010, Kanye West et Shakira en 2011, Mariah Carey en 2012, Rihanna en 2013, Stromae et Justin Timberlake en 2014, Pharrell et J.LO en 2015, Chris Brown en 2016, Booba et Wiz Khalifa en 2017. Cette année, et pour sa 17e édition, le festival continue de jouer dans la cour des grands, en programmant, entre autres, French Montana, Damso, Niska, The Weeknd, Bruno Mars ou encore, The Chainsmokers et Martin Garrix. L’objectif de réunir sur scène le meilleur de la musique du monde a été largement atteint si l’on en croit les centaines de milliers de festivaliers qui ont dansé et chanté tous les soirs, sur les différentes scènes de ce Coachella à la marocaine.
Une grosse machine à cash
Loin de l’aspect élitiste de Coachella, Mawazine brasse tout de même énormément d’argent. Boisson à 5 euros, VIP Pass et hébergement au Sofitel (ou The View Hôtel) pour deux à 2 000 euros… Chaque année, le festival marocain génère 22 % de croissance du chiffre d’affaires touristique de Rabat, soit l’équivalent de 1,95 million d’euros. Rien que ça ! Et durant la période où se tient le festival, les hôtels de 4 ou 5 étoiles affichent complet, alors que les autres ont un taux d’occupation de 63 %.
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Et le secteur touristique est loin d’être le seul à bénéficier de l’impact de Mawazine. Le commerce de détail, la restauration et le transport voient, à l’occasion du festival, leur chiffre d’affaires croît de 30 %. Véritable occasion pour découvrir les musiques d’ailleurs, Mawazine contribue aussi au développement de la musique locale et au rayonnement du Maroc, un pays qui ne cesse de se développer en Afrique et bien au-delà.
Des concerts gratuits à 90 %
Dans un royaume tiraillé entre conservatisme et ouverture sur l’Occident, le festival Mawazine est porteur des valeurs de paix, d’ouverture, de tolérance et de respect. Et s’il propose un accès gratuit à 90 % de ses concerts, c’est que l’accessibilité du public est l’une des missions essentielles des organisateurs. Hormis les espaces réservés devant les différentes scènes aux détenteurs de cartes du festival, Mawazine offre un accès gratuit à ses différentes soirées.
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Une soirée de pré-ouverture à l’ADN franco-marocain
Pour cette année, les organisateurs de Mawazine ont frappé un gros coup. Ils ont programmé une soirée de préouverture baptisée “Mawazine, le Before”, en partenariat avec les chaînes de télévision françaises C8 et Cstar ainsi que les marocains de 2M. L’occasion donc de réunir le meilleur des scènes marocaines et françaises. Les spectateurs ont ainsi pu profiter des prestations de Maître Gims, Dadju, BigFlo & Oli, Black M, Vitaa, Bénabar, Cœur de Pirate, Collectif Métissé, Emmanuel Moire, Hyphen Hyphen, L’Algérino, Alonzo, Amir, Nassi, Roméo Elvis, Slimane, Synapson mais aussi, des shows des artistes locaux comme Aminux, Ihab Amir ou encore, Bahaoui Zouhair.
Et Rabat dans tout ça ?
Si Coachella est devenu une sorte d’oasis musical dans le désert californien, Rabat n’est pas en reste. Loin d’être spectatrice de ce festival, la capitale administrative du Maroc participe grandement au succès de Mawazine en mettant à disposition ses rues, monuments et lieux symboliques inscrits depuis 2012 au patrimoine mondial de l’Unesco.
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Cet évènement met donc en valeur Rabat, à travers la mise en lumière de ses plus beaux sites : vallée du Bouregreg, kasbah des Oudayas, théâtre national Mohammed V, site historique du Chellah, etc. La prochaine édition de Mawazine promet d’ailleurs de célébrer l’arrivée de l’été comme il se doit : en étant ouverte à tout le monde, avec des couleurs, des surprises et des instants magiques.
Ce qui manque encore à Mawazine
Même si on est déjà amoureux de ce festival, on peut aussi lui trouver des défauts. À l’heure où le public de Coachella est composé en grande partie de célébrités, les people assistent rarement aux concerts de Mawazine. Un côté mondain qui s’illustre aussi par le look des festivaliers de Coachella. Toujours au top des tendances, ils inspirent les outfits estivaux et leurs tenues sont décryptées par les plus grands prescripteurs de mode.
En parallèle, la jeunesse marocaine semble désabusée. Depuis le 20 avril dernier, les Marocains grognent contre la cherté de la vie. Ainsi, l’eau minérale Sidi Ali, le lait Centrale Danone et les stations essence Afriquia sont boudés par les habitants du Royaume pour leurs prix jugés excessifs. Une mobilisation inédite, issue des réseaux sociaux, qui s’est aussi attaquée au festival Mawazine. Mais si les marques citées plus haut souffrent déjà de ce boycott massif, rien n’est à signaler du côté de la jeunesse dorée du Maroc qui n’hésite pas à assister aux différentes performances des artistes internationaux, alors que le “peuple” suit avec intérêt les concerts des artistes arabes. Une situation assez paradoxale quand on sait que les meneurs du mouvement de protestation Hirak qui avaient agité le Maroc en 2016 et 2017 ont été condamnés à de lourdes peines (360 ans de prison en peines cumulées), en plein milieu du festival.
Mais malgré le malaise suite à ces lourdes condamnations, le soir venu, les jeunes cherchent à s’amuser plutôt qu’à réfléchir au chômage qui touche près de 27 % des jeunes âgés de 16 à 24 ans, à la misère ambiante et au grand retour en arrière en matière de droits de l’Homme. Mais cela est une autre histoire. Finalement, Mawazine a encore intérêt à travailler son « image » et sa hype, s’il veut réellement dépasser Coachella.
Badr Kidiss