Marine Le Pen refuse d’être entendue par la police dans l’affaire de ses assistants parlementaires

Publié le par Astrid Van Laer,

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En cette période de campagne présidentielle, de nombreux scandales font surface. L’un des derniers en date concerne le Front national : sa présidente, Marine Le Pen, est visée par une enquête au sujet de supposés emplois fictifs au Parlement européen. Mercredi 23 février, elle a refusé de répondre aux questions des enquêteurs.

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La police cherche à faire toute la lumière sur l’affaire d’emplois fictifs présumés qui pèse sur le Front national. Marine Le Pen, eurodéputée depuis 2004, est en effet soupçonnée d’avoir illégalement employé comme assistants parlementaires deux personnes de son entourage, pour environ 400 000 euros de salaire.

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Ces deux supposés faux contrats de travail concernent Thierry Légier, le garde du corps de la candidate à l’élection présidentielle, mais aussi Catherine Griset, l’une des proches amies et collaboratrices de Mme Le Pen, récemment mise en examen pour “recel d’abus de confiance”. Le premier aurait bénéficié d’un salaire pour cette fonction d’assistant parlementaire pendant quatre mois en 2011. La seconde aurait, elle, été rémunérée au même titre pendant six années, de 2010 à 2016.

Le parquet de Nanterre a donc convoqué la présidente du Front national, encore présumée innocente, dans le cadre d’une audition libre. Cette dernière devait avoir lieu à l’Office anticorruption de la police judiciaire (OCLCIFF) mercredi 23 février à 14 heures, mais Marine Le Pen a catégoriquement refusé de s’y présenter. Pour l’y obliger, il faudrait qu’un tribunal lève l’immunité parlementaire dont elle bénéficie aujourd’hui en tant qu’eurodéputée.

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Quand le FN invoque une “trêve républicaine”

Par le biais d’un courrier dont le contenu est rapporté par Le Monde, Mme Le Pen a indiqué qu’elle ne se rendrait à strictement aucune convocation policière ou judiciaire avant les élections législatives… qui se tiendront en juin. Elle considère que la période de campagne électorale ne permet “ni la neutralité ni la sérénité nécessaire au fonctionnement correct de la justice.” Son avocat, maître Rodolphe Bosselut, a campé sur la position de sa cliente qui avait déclaré mercredi 22 février sur TF1 :

“La justice n’est pas un pouvoir, c’est une autorité. Elle ne doit pas venir perturber, pour une enquête qui pourrait se dérouler plus tard, qui aurait pu se dérouler avant la campagne présidentielle, car c’est un moment démocratique important, fondamental dans notre pays.”

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Maître Bosselut explique que Mme Le Pen “a été convoquée mercredi par une convocation dont elle a pris connaissance le mardi soir tard à son retour du Liban” et poursuit ainsi : “Il faut revenir à un usage républicain qui est celui d’une trêve [judiciaire].” Ce concept de trêve, qui n’a aucune existence juridique, est apparu dans les années 2000 avec l’affaire des époux Tibéri.

Comme le rappelle Le Monde, cette idée “trouve son origine dans la décision de l’ancien procureur de la République de Paris Jean-Claude Marin de ne pas rendre son réquisitoire contre Jean Tiberi dans l’affaire des faux électeurs avant les élections municipales de 2008. Les juges d’instruction étaient alors passés outre, en rendant leur ordonnance sans attendre le réquisitoire. Une manière inédite de s’opposer au parquet, soucieux, lui, de préserver ce qu’il considérait alors comme la bonne marche de la démocratie.”

Mais en cas de victoire de l’extrême droite à l’élection présidentielle en mai prochain, Marine Le Pen bénéficierait alors d’une immunité présidentielle, statut stipulant que “le chef de l’État bénéficie d’une inviolabilité, qui empêche toute procédure administrative, civile ou pénale à son encontre, pour des faits commis en dehors de ses fonctions présidentielles. Cette inviolabilité prend fin un mois après la fin de son mandat.” 

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On ne peut résister à l’envie de rappeler qu’au moment de l’affaire mettant en cause les époux Fillon, Mme Le Pen avait déclaré au Figaro au sujet des soupçons d’emplois fictifs pensant sur eux :

“Je les plains, car sur les plateaux de télévision et les marchés, cela va être très difficile. Ils vont serrer les fesses. Et faire campagne avec une épée de Damoclès , cela ne vous rend pas libre comme doit l’être un candidat à la présidentielle.”