Vent de fronde dans un lycée de Corbeil-Essonne qui refuse que son nom soit associé à celui du milliardaire condamné pour fraude fiscale.
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Ses 91 ans en font le doyen du Sénat, et le plus vieux magouilleur du paysage politique français. Serge Dassault, riche industriel français, a récemment été condamné pour fraude fiscale, ce qui n’a pas empêché la ville de Corbeil-Essonne (dont il a été le maire pendant 14 ans) de décider de rebaptiser une rue à son nom. Un hommage douteux pas vraiment du goût d’une partie du conseil d’administration du lycée Robert-Doisneau, qui estime que le nom du sulfureux milliardaire n’a rien à faire à côté du sien : “Cette nouvelle adresse n’est pas compatible avec les valeurs de l’école de la République”, explique-t-on au micro de France Bleu.
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Il est vrai qu’accoler une adresse “95 avenue Serge-Dassault” à un bahut qui se bat tous les jours auprès de ses élèves pour leur inculquer le sens du devoir citoyen, ça la fout mal. “Serge Dassault représente la corruption, une volonté de ne pas payer ses impôts, de ne pas respecter les règles communes, de vouloir être au-dessus des lois”, explique Matthias Tessier, professeur documentaliste, à France Bleue. Et qu’en est-il des premiers intéressés ? Ils ont, eux aussi, leur mot à dire sur la question : “Il ne montre pas du tout l’exemple. Je ne pense pas que ce nom soit adapté à ce que le lycée veut faire ressortir de nous”, racontent ainsi Cynthia et Marisa, élèves en classe de terminale.
“Les affaires, c’est pas une question !”
Le conseil d’administration a donc voté une motion afin d’exhorter la ville de Corbeil-Essonne à abandonner ce projet, tout en appelant la ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem à intervenir. Du côté du bureau du maire, on tente de minimiser l’incident : “De nombreuses villes ont des places et des rues au nom de leurs anciens maires.” Et les affaires ? “Les affaires judiciaires c’est pas une question !” On avait cru comprendre.
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Serge Dassault a pourtant été récemment condamné à 2 millions d’euros d’amende et à cinq ans d’inéligibilité pour avoir planqué plusieurs dizaines de millions d’euros sur des comptes à l’étranger, loin des yeux du fisc français. Une fraude fiscale massive pour laquelle il aurait dû filer tout droit vers la case prison ferme, mais cette peine n’a finalement pas été retenue par le tribunal “en raison de son grand âge”. À quelques bougies près, l’industriel a bien failli passer deux ans derrière les barreaux. Idem pour les cinq ans d’inéligibilité : son mandat de sénateur se finissant à l’automne 2017, cette peine ne sera pas appliquée non plus.
Et ce n’est pas la seule casserole que traîne M. Dassault. Il est accusé d’avoir mis en place un vaste système d’achat de voix pour garder son mandat de maire de Corbeil-Essonne, arrosant de plusieurs millions d’euros les quartiers sensibles de la ville pour récolter leurs votes lors des élections municipales de 2008. Un système en partie dévoilé par un certain Fatah Hou, Corbeillessonnois de 33 ans qui affirme avoir été la cible d’une tentative d’assassinat après avoir révélé des documents incriminants pour le milliardaire.
Des péripéties judiciaires qui motivent aujourd’hui l’action du conseil d’administration du lycée, mais que la mairie tente de minimiser : “Sur la plaque de rue, il est indiqué ‘industriel, ancien maire’.” Si quelqu’un souhaite aller rajouter “repris de justice” au Tipp-Ex.
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