L’Avenir en commun, qui détaille les 83 points du programme du candidat à l’élection présidentielle, cartonne.
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C’est Ouest-France qui, le premier, révélait la surprenante information : L’Avenir en commun,“programme de la France insoumise et de son candidat Jean-Luc Mélenchon” comme précise le sous-titre, est l’ouvrage politique le plus vendu à Noël, et on peut dire que vous ne l’aviez pas vue venir celle-là. Toutes catégories littéraires confondues, le livre du candidat de la France insoumise (le nom de sa plateforme en ligne) se classe tout aussi bien : sixième place sur Amazon, et surtout cinquième place sur Edistat, le portail qui recueille les statistiques des ventes du secteur du livre.
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Paru le 1er décembre, l’ouvrage publié chez Seuil, initialement tiré à 50 000 exemplaires, était rapidement entré dans le top 10 des meilleures ventes de la semaine GFK/ LivresHebdo. Le 9 décembre, rapportait Europe 1, L’Avenir en commun était vendu à 110 000 exemplaires après avoir été réimprimé deux fois. Et le voilà désormais en première place des ouvrages politiques les plus déposés au pied du sapin. On vous rassure, c’est toujours Harry Potter qui tient la corde.
Si certains ne manqueront pas d’expliquer qu’à 3 euros en format poche, quand les livres de ses concurrents tournent autour d’une vingtaine d’euros, on flirte avec la concurrence déloyale (ce à quoi on rétorquera que la concurrence acharnée est l’enfant chéri du néolibéralisme), le succès de L’Avenir en commun, qui détaille patiemment les 83 propositions du candidat, ne doit rien au hasard, au prix ou au format. Comme le rappelle Le Monde le 28 décembre, il faut plutôt y voir, paradoxalement, l’effet secondaire concret d’une campagne en ligne rondement menée.
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“Méluche”, ton auteur/youtubeur préféré
Car avant d’être un succès de Noël, Mélenchon a patiemment planté ses banderilles sur les nouveaux médias en ligne, allant même jusqu’à s’aventurer dans les terres hostiles du soldatesque forum “18-25” de jeuxvideo.com, pourtant traditionnellement perçu comme un incubateur à lepenistes et désormais champ de bataille idéologique, tel que décrit par Slate en novembre dernier. En 2016, “Méluche” traîne sur les forums, lâche des coms et possède sa propre chaîne YouTube pendant qu’Internet le remixe ou le couche en manga. Et si ses homologues se marrent sans comprendre – excepté Macron, qui se shoote aux algorithmes pour mieux comprendre ses sympathisants –, ça donne 130 000 abonnés, plus de 100 000 vues par vidéo, et un compte Facebook qui affiche fièrement ses près de 600 000 fans.
Le “bruit et la fureur, le tumulte et le fracas” de 2012 et les meetings épiques à la Bastille semblent lointains : place au ton paternel et à l’affiche “Keep calm and vote Mélenchon”. Un appel au calme presque subliminal, à son intention, alors qu’on l’imagine probablement échaudé par les leçons de l’Histoire : en février 2012, Atlantico se demandait si le candidat du Front de gauche ne faisait pas “la plus belle campagne” de l’année, tandis que les sondages d’avril, quelques jours avant le scrutin, le plaçaient troisième homme à 17 %. Le 22 avril, il réunira finalement 11,1 % des suffrages, loin derrière les 17,9 % du Front national. Pour 2017, les sondages donnent Mélenchon à 13 %, pas très loin derrière Macron ou Valls… mais encore (trop) loin de Fillon et Le Pen, qui continuent à caracoler en tête. Et rien ne dit que les exemplaires de son livre déposés sous les sapins français permettront de réduire l’écart. D’autant que celui-ci, et c’est paradoxal, n’est pas disponible en ligne.
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