On sait depuis longtemps que le plastique, et en particulier le microplastique (ces petites particules dispersées dans l’environnement), se retrouvent dans l’ensemble de la chaîne alimentaire des océans. Or, si jusqu’à présent, on pensait que les poissons ingurgitaient ces particules par inadvertance, une nouvelle étude tend à montrer qu’ils pourraient en fait les confondre avec leur nourriture classique.
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Ce qui les pousserait à “chasser” désormais le plastique comme ils chasseraient leurs proies habituelles. Faisant volontairement du plastique un nouveau chaînon de leur alimentation, avec les conséquences dramatiques que l’on connaît.
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L’odeur des microplastiques induirait les poissons en erreur
Selon une étude publiée mercredi 16 août dans la prestigieuse revue britannique The Royal Society et rapportée par le Guardian, les poissons pourraient en fait être dupés par l’odeur du plastique, similaire à celle de leur alimentation. En effet, les microparticules de plastique qui flotteraient dans les océans absorberaient l’odeur de certains organismes marins, comme celle de l’algue, dont se nourrissent les poissons.
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“Une recherche récente tend à montrer que la signature chimique des débris plastique expliquerait pourquoi certaines espèces seraient prédisposées à le confondre avec de la nourriture”, note l’étude.
Pour en arriver à ces conclusions, les chercheurs ont testé un groupe d’anchois avec deux types de débris plastique : l’un issu des océans et un autre n’ayant jamais été en contact avec la mer. Résultat : les anchois sont naturellement allés vers les microparticules de plastique issues des océans, mais n’ont pas prêté attention aux débris neutres. Adoptant envers le premier échantillon une attitude similaire à celle de recherche de nourriture.
Un phénomène “d’encrassement biologique”
C’est la première fois que les scientifiques observent une attitude similaire des poissons envers du plastique et envers leur nourriture habituelle. Ils en concluent que l’odeur pourrait en être la cause. Cela montre aussi un changement de comportement : les poissons recherchent activement le plastique et ne l’ingurgitent pas par inadvertance.
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Pour Matthew Savoca, qui a conduit l’étude et qui s’exprime dans le Guardian, cette attitude est liée à un phénomène “d’encrassement biologique“ : après avoir passé plusieurs semaines à flotter, le plastique est colonisé par les algues qui émettraient un signal que certains animaux marins utilisent pour trouver de la nourriture. Par conséquent, ils se feraient duper par le plastique.
Celui-ci aurait donc, en plus de l’apparence, l’odeur de leur nourriture et serait de plus en plus difficile à éviter. Ce qui est d’autant plus préoccupant dans le cas des anchois, c’est que cette espèce de poissons sert couramment de nourriture à d’autres espèces marines, ce qui représente un danger supplémentaire pour l’ensemble de la chaîne alimentaire – nous inclus.
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