L’US Fish and Wildlife Service (USFW), administration en charge de la protection des espèces, a annoncé jeudi 2 juin dernier que Washington s’engageait à interdire le commerce de l’ivoire sur l’ensemble du territoire états-unien. La France avait été le premier pays européen à s’engager officiellement contre le commerce de “l’or blanc” au mois de mai, dans un mouvement engagé sous l’impulsion du Kenya.
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Cette interdiction met en œuvre des restrictions énoncées dans le décret du président Barack Obama de 2013 visant à combattre le trafic des espèces sauvages. Pour Daniel M. Ashe, directeur général de l’USFW, cette mesure “limite très fortement l’importation, l’exportation et les ventes d’ivoire d’éléphants africains entre les États américains [et] ferme un canal important pour les trafiquants en éliminant la couverture du commerce légal d’ivoire“.
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Il affirme avoir reçu, depuis 2015, le soutien de plus d’un million de personnes pour faire aboutir cette loi, la preuve selon lui que les Américains se sentent très concernés par le sort des éléphants et sont engagés en faveur de leur protection. Avant d’ajouter : “Nous avons encore beaucoup à faire pour sauver cette espèce mais aujourd’hui est une bonne journée pour l’éléphant africain.”
En effet, le chemin est encore long. Selon le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW), un éléphant est tué pour son ivoire toutes les 15 minutes dans le monde, soit entre 25 000 et 35 000 spécimens assassinés par an, souvent pour la revente à destination de l’Asie. Et il ne resterait aujourd’hui que 430 000 éléphants d’Afrique encore en vie.
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Quelques exceptions subsistent dans la nouvelle loi
Comme pour la France, quelques pièces d’ivoire déjà existantes ne seront pas prises en compte par ce décret, à savoir les instruments de musique ou les armes ne contenant pas plus de 200 grammes d’ivoire, ainsi que les objets datant de plus d’un siècle. De leur côté, les revendeurs et collectionneurs arguent qu’il sera très difficile de prouver qu’un objet a plus de 100 ans, et donc d’estimer s’il peut être vendu ou non.
Par ailleurs, le décret ne concerne que les éléphants d’Afrique et ne régule pas le commerce d’ivoire relatif à d’autres espèces comme les dents du morse, les défenses de l’hippopotame et celle du narval, les dents du cachalot, le bec du calao ou encore l’ivoire fossile fourni par les défenses du mammouth.
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À noter que la protection des éléphants ne date pas d’aujourd’hui mais de 1989, date à laquelle la Cites (Convention on International Trade in Endangered Species of Wild Fauna and Flora) a interdit le commerce international d’ivoire afin de combattre la revente illégale. Mais selon le Fonds mondial pour la nature (WWF) :
“Dans les pays où les autorités de gestion de la nature sont peu financées, le braconnage reste un problème chronique. Plusieurs marchés d’ivoire florissants mais non contrôlés continuent à exister [et] alimentent le commerce illégal à l’échelle internationale.”
D’où la nécessité pour les pays d’aller plus loin en s’engageant fermement et individuellement contre le commerce de l’ivoire sur leurs territoires afin d’assécher le marché.
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En effet, le marché des produits illégaux de la faune sauvage pèserait 20 milliards de dollars (18 milliards d’euros) par an, dont 3 milliards produits par l’ivoire. Le braconnage et le commerce d’espèces sauvages protégées constituent la quatrième plus grande activité criminelle internationale, juste après les trafics d’armes et de drogue et la traite des êtres humains.