La cérémonie des César m’a tueR

Publié le par Afifia B,

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Charles Platiau/Reuters

On adore Antoine de Caunes. De son duo avec José Garcia à son dernier documentaire En tatanes à Manhattan, on apprécie ses frasques malgré le temps qui passe. Le revoir en maître de cérémonie pour ces 38ème César augurait d’une belle soirée.
Le début fut prometteur. Le reportage parodique présenté en introduction était superbement réalisé et l’arrivée d’un Antoine de Caunes dansant sur du Céline Dion posait l’ambiance. On espérait encore à ce moment-là de la soirée passer un beau moment avec du suspense, de l’émotion et du frisson à l’annonce des vainqueurs.
Les tremolos dans la voix, les hommages à ceux dont on ne parle jamais et qui travaillent dans l’ombre. Les petites mains, les grands talents qui nous ramènent à l’essentiel : l’amour du cinéma et l’amour tout court. La passion, les luttes créatrices, les amitiés qui permettent aux beaux projets de se réaliser et aux spectateurs de rêver.
Bref, à ce moment-là de la soirée on attendait encore de la féérie et du respect. Étonnant donc de voir Antoine de Caunes rappeler à chaque vainqueur de se magner-le-fion-pour-les-remerciements-et-si-ça-suffit-pas-je-fais-de-la-trottinette. Ce n’est pourtant pas tous les jours que l’on se voit décerner un César. Antoine de Caunes n’avait-il pas compris que cette cérémonie était en l’honneur des acteurs (tous domaines confondus) du cinéma français ?

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“J’en**** le cinéma français”

Je remercie les producteurs Michel Tourniquet et Gilles Dac ainsi que les fabricants de la machine à café. Mais je veux aussi remercier ma mère, mon père, mon frère et ma voisine Nicole. Et aussi Julie, Nadine. Holala si j’en oublie je suis dééé-so-lée mais je vous aime. TOUS. JE VOUS AIME. Ce film fut une rencontre extraordinaire. Une très belle aventure.

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Oui parfois c’est ça et on attend la suite mais souvent ce sont des cœurs passionnés qui s’expriment. Et par là même, ils laissent entrevoir ce qu’on ne voit jamais : une intimité du tournage et des conditions de réalisation. À travers ce type qui a fait les costumes et dont on aura oublié le nom demain, on entrevoit combien le travail fut précieux, méticuleux, pointilleux et ce jusqu’au minuscule point de croix.
Et on imagine alors les équipes de fourmis qui s’agitent dans l’ombre quite à ne briller jamais. Juste par amour du métier. Par amour du cinéma et pas autre chose parce qu’ils ont gardé ce qu’Antoine de Caunes a semble t-il oublié ce soir là : la grâce et le respect de l’art.

Un vil élitisme…

… équilibré par de beaux moments

Mais il y eut de bons moments. On a aimé le César du meilleur espoir masculin à Matthias Shoenaerts qui excelle dans De rouille et d’os même si de plus en plus, Jacques Audiard fait du Jacques Audiard mais ça, c’est un autre sujet.
On a aimé voir Lambert Wilson en talons et Omar Sy danser. Un peu de rayonnement dans l’obscurité du Châtelet qui manquait ce soir-là de paillettes. Quant à la meilleure surprise, elle revient au comédien fraîchement pensionnaire de la Comédie-Française Laurent Lafitte dont la prestation fut courte mais hilarante.
On a également apprécié la présence de François Damiens, fidèle à lui-même. De quoi compenser l’humour faiblard de Jamel et de Caunes qui a tenté de varier en donnant le numéro du FN à la place de celui de son comparse José Garcia. Quel fou !
Grand absent de la soirée, Jean-Louis Trintignant  sacré meilleur acteur manquait terriblement mais en une seule phrase au quotidien belge Le Soir, il nous ramène aux bases :

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Je ne suis pas une bête à récompenses. Je trouve qu’il y a trop de prix en général. Cela dit, personnellement, qu’est-ce que je m’en fiche César ou pas. J’ai 82 ans et je n’ai pas du tout d’ambition personnelle. Je n’ai jamais fait ce métier avec une idée de plan de carrière ou de réussite.

Il est vrai que vendredi soir, la 38ème cérémonie des César fut plus un moment de télé qu’un hommage au cinéma. Entre impératifs de timing et dédain, le cinéma miaulait : ” les César m’ont tueR”.
On oublie et on passe à autre chose…