C’est le genre de films que vous avez vus très souvent. Parce que vous étiez gosse et que c’était l’une des seules VHS dans le meuble d’une vieille télé qui daignait encore fonctionner. Parce que vous avez été fasciné par l’un des personnage, et le retrouver c’était comme revoir un bon pote qu’on n’a pas vu depuis plusieurs mois. Parce que, même au 50e visionnage, c’était comme si vous découvriez une nouvelle facette du scénario que vous connaissiez pourtant déjà par cœur. Parce que rien qu’à lire le titre du film, vous saviez que vous alliez entrer dans une zone de confort cinématographique, idéale pour vous couper de la réalité, avec des dialogues complètement cons, un scénario ahurissant ou des scènes d’action folles.
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Bref. Ce tas de justifications défend l’idée de revoir et revoir, encore et encore, certains films. Pour ma part, La Classe américaine, Heat, Gone Girl, Eyes Wide Shut et Blade Runner font partie des longs-métrages que j’ai le plus rincés. Le Hazanavicius pour ses dialogues cultes, Heat pour sa rencontre au sommet entre De Niro et Al Pacino dans un Los Angeles magnifiquement mis en scène par Michael Mann, Eyes Wide Shut pour son mystère kubrickien avec un Tom Cruise torturé et déboussolé, Gone Girl pour sa représentation chirurgicale et sanglante des rapports conjugaux et, enfin, Blade Runner pour sa beauté et l’envie criante de ses personnages de vivre et d’en découdre.
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J’ai donc demandé à mes collègues de m’envoyer, avec une courte description, la liste des cinq films qu’ils avaient le plus vus. Ça a donné ça :
Lucille Bion
- Maman, j’ai raté l’avion de Chris Columbus
- Lolita malgré moi de Mark Waters
- Jackie Brown de Quentin Tarantino
- Qui veut la peau de Roger Rabbit ? de Robert Zemeckis
- Titanic de James Cameron
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Je ne peux pas m’empêcher de mettre Maman j’ai raté l’avion, film de Noël par excellence, en haut de la liste. C’est plus qu’un rendez-vous annuel : je ressors même le coffret collector pour les soirs d’été un peu frileux. Entre les répliques cultes et les coups de filou, Lolita malgré moi est plus qu’un film, c’est ma Bible, mon guide. Dans son genre, Jackie Brown est aussi très cool pour remédier aux coups de mou, grâce à sa BO.
Idem pour Qui veut la peau de Roger Rabbit ?, mon film d’enfance, mon premier coup de coeur. Pour finir, Titanic figure dans ce classement pour une simple et bonne raison. Une fois, j’étais en vacances à Las Vegas. Mais comme j’étais mineure, ma seule occupation c’était de mater la seule chaîne française qui passait en boucle le film (chose inexplicable, je sais). Je l’ai maté sept fois en quatre jours.
Aurélien Chapuis
- La Mort aux trousses d’Alfred Hitchcock
- Le Corniaud de Gérard Oury
- Retour vers le futur de Robert Zemeckis
- Les Douze Salopards de Robert Aldrich
- Robin des Bois de Wolfgang Reitherman
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Mon top est surtout composé de films que je regarde régulièrement depuis que je suis petit, et qui ne m’ont jamais lassé. En premier, il y a La Mort aux Trousses car Hitchcock a toujours été très important dans ma culture cinéma, sans vraiment je m’en rende compte, d’ailleurs. Très souvent pendant les vacances scolaires, je me regardais un Hitchcock, en famille ou seul, des plus connus aux plus obscurs. Si d’autres me viennent en tête, comme Sueurs Froides ou Fenêtre sur cour, La Mort aux trousses reste le plus complet, avec son mélange de suspense, d’aventure et son histoire à tiroirs – tout ce que je vais souvent rechercher dans un film. Et Cary Grant a une classe incroyable tout au long du film. Je continue de le regarder au moins une fois par an.
Ensuite, Le Corniaud est sûrement la comédie française que j’ai le plus vue, avec le duo Bourvil-De Funès à son meilleur niveau. J’ai toujours eu une préférence pour ce côté road trip méditerranéen face au pourtant parfait La Grande Vadrouille. Dès qu’il passe à la télévision, je me mets devant.
La plus iconique et la plus marquante saga de mes films de jeunesse (ambiance Spielberg/Lucas) reste la trilogie Retour vers le futur. Et le deux, avec son passage dans le futur puis son “passé alternatif”, fut l’ une de mes grosses claques en SF. Je le revois aussi une fois par an, ne serait-ce que pour capter un nouveau petit détail pop.
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J’ai beaucoup vu Les Douze Salopards, tout simplement parce que plus jeune je regardais beaucoup de films de guerre, d’action et de westerns avec mon père. Je me suis donc retrouvé à regarder régulièrement Les Canons de Navarone, Quand les aigles attaquent et même Les Héros de Télémark, assez bizarrement. Cela fait partie des films que je revois hyper souvent.
Enfin, cette liste serait malhonnête si je ne citais pas un dessin animé de Walt Disney que j’ai usé jusqu’à la corde quand j’étais jeune, mais que je regarde encore maintenant avec grand plaisir. La VHS de Robin des Bois était ainsi l’une de mes favorites, pour ses chansons, ses personnages et son rythme marrant. Et aussi pour le prince Jean, complètement à côté de la plaque. Mais surtout pour le célèbre Niquedouille, mon héros d’enfance.
Eléna Pougin
- Drive de Nicolas Winding Refn
- Inception de Christopher Nolan
- Charlie et la Chocolaterie de Tim Burton
- Cars de John Lasseter
- Iron Man de Jon Favreau
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Honnêtement, je crois qu’au lycée on regardait Drive quasiment tous les mois avec mes meilleurs potes, sans vraiment savoir pourquoi. À chaque fois qu’on voulait regarder un film, on revenait toujours vers celui-là, sûrement aussi parce qu’on était tous secrètement admiratifs de la prestation de Ryan Gosling.
Pour Inception, c’est une autre histoire : ma famille s’était entêtée pendant de longues années à vouloir que je le regarde en entier, car je finissais toujours par m’endormir devant. J’étais super jeune lorsqu’il est sorti et du coup c’est resté comme une tradition, en hommage à la petite fille incompréhensive que j’étais face à ce Nolan bien trop tordu pour moi. D’ailleurs, le DVD trône sûrement quelque part dans mon appartement.
Charlie et la Chocolaterie rejoint aussi cette liste sans hésitation, puisque c’est clairement le film de mon enfance, que je regarde de nouveau à chaque fois que je retrouve deux de mes amis, qui l’apprécient au moins autant que moi.
Puis, dans une autre mesure, je me sens un peu obligée de mettre Cars, que mes petits frères mataient non-stop à l’époque. Je le connais tellement par cœur que je crois que je serais incapable de le regarder ne serait-ce qu’une fois de plus.
Enfin, en grande amatrice des Marvel, je mettrais Iron Man, qui m’a fait entrer dans l’univers des super-héros et dont le premier volet est à mes yeux le meilleur film de tout l’univers cinématographique Marvel.
Thibault Prévost
- OSS 117 : Rio ne répond plus de Michel Hazanavicius
- Matrix des Wachowski
- Eternal Sunshine of the Spotless Mind de Michel Gondry
- Robin des bois de Wolfgang Reitherman
- Un singe en hiver de Henri Verneuil
Depuis le début des années 2010, le fan d’OSS 117 est un spécimen particulièrement agaçant pour ses congénères. Partout où il passe, il imposera à son voisinage immédiat de vagues imitations de Jean Dujardin, sourcil en accent circonflexe et voix de basson, en débitant des passages entiers du film à une assistance généralement lasse. Nous sommes en 2019. Nous sommes partout. Nous sommes légion. Comment est votre blanquette ?
Allons en 2019, enfin ne bougez pas : cette année, Matrix a fêté ses vingt ans. Au crépuscule du millénaire, les Wachowski décident de sauter le pas avant tout le monde et personne ne s’en est vraiment remis. Labyrinthique à l’extrême, cryptique et intello, l’œuvre majeure des sœurs Wachowski déborde de signes, se nourrit des époques qu’elle traverse et fait encore office de judas philosophique pour des générations d’adolescents postmodernes.
L’amour a beau être le territoire le plus exploré du cinéma, Gondry a trouvé le moyen d’en élargir la carte. Voilà un film qui a pour ambition de peindre l’urgence d’une mémoire qui s’effondre et d’un subconscient qui s’accroche aux morceaux. Un film qui crapahute comme un enfant sur la crête du sublime, sourire aux lèvres, jusqu’à des altitudes inédites. En haut, tout en haut, logent des vérités universelles.
Et quand j’étais gamin, il m’a fallu environ dix jours pour regarder Robin des Bois. “Dix minutes avant d’aller au lit”, selon le système imposé par l’autorité parentale. Les protestations n’y faisaient rien, c’était comme ça. La frustration est restée. La haine des inégalités et du pouvoir absolu aussi. Robin des Bois forme à l’insurrection depuis 1973.
Étape obligatoire sur la route gastronomique du 7e art, Un singe en hiver est l’antithèse de la loi Evin : un éloge de l’ivresse alcoolique sans retenue, incarné par deux titans de la cuite qui mitraillent tout ce qui bouge de gros calibre verbal. Deux keupons en imper, deux comètes dans la nuit normande, un passage de témoin historique au sommet du cinéma français. Dans ces moments-là, les impératifs de modération nous semblent soudain bien tristes.