Le genèse de Legz
Konbini | Quand as-tu commencé le graffiti ?
“La rue c’est pas là où je travaille. Moi c’est la ville et ces endroits oubliés”
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De Legz à The Spaghettist
K | Mutation de la ville mais aussi de ta peinture : tu as commencé par des lettres puis ton style a évolué. Est-ce que ces lieux t’ont imposé cette évolution ?
Non j’ai défini mon style indépendamment des lieux où je peignais. J’ai toujours bien aimé faire des graffs compliqués, presque illisibles, wildstyle [un wildstyle est un style de graffiti où la composition prend le pas sur la lisibilité. On doit cette évolution à TRACY 168 et son crew Wild Style, ndlr]. Et il se trouve que les courbes c’est ce qui correspondait à ma gestuelle. Lorsque je peignais sur les voies ferrées et les autoroutes, ce style me permettait de me démarquer par rapport aux autres. Et puis au bout d’un moment j’ai mis de côté la lettre pour peindre uniquement de manière abstraite, juste des entrelacs.
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“Certains disaient que ce n’était plus du graffiti, que j’étais dans un trip artiste”
“Écrire sur des murs, c’est quelque chose qui n’a pas de fin”
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Le graffiti aujourd’hui
K | C’est une démarche qui t’a incitée à participer à la Tour Paris 13 ?
Ce qui m’a incité à participer à la Tour Paris 13, c’est d’abord l’invitation de Sowat et Lek à venir les rejoindre. Je n’avais pas pu participer à leur projet “Mausolée” et compte tenu de l’intérêt que je porte à leurs projets, il était hors de question que je manque une seconde fois à l’appel.
Ce que nous y avons réalisé relève de la même démarche que le “Mausolée” : illustrer notre pratique, celle de peindre dans des lieux abandonnés. Nous disposions de moyens techniques et pratiques qui nous ont permis de tester des choses et au final, je suis assez fier de ce que nous y avons réalisé. Et compte tenu des nombreuses rencontres que j’ai pu faire lors de cet événement, j’en garde un excellent souvenir.
K | Dans cette interview de 2002 tu évoquais tes inspirations (LOKISS, le graffiti new-yorkais). Qu’en est-il aujourd’hui ?
C’est toujours sensiblement les mêmes qu’à l’époque : des mecs avec un solide background graffiti qui ont développé une pratique différente et personnelle.
À la fin des années 1990 on a été témoin de la renaissance du street-art, un mouvement mort-né dans les années 1980 (Mesnager, Miss Tic, Blek Le Rat…) qui a rapidement disparu sous la déferlante graffiti et qui a refait surface grâce à des writers comme Cost, Revs, Twist, Sixe, LaMano, Akayism, Cakes, Point, OsGemeos, André, Zevs, Honet, Alexone et bien d’autres…
Aujourd’hui, commerçants et communicants se sont emparés de ce mouvement dont la vitrine est assez pitoyable. J’y vois des oeuvres faciles et vides de sens, le règne du figuratif coloré, pensé et réalisé pour séduire le plus grand nombre. Néanmoins, il suffit de gratter un peu pour y découvrir un vivier créatif composé d’artistes de tous horizons et c’est plutôt encourageant.
“Je me suis demandé comment je pouvais transcrire ma pratique urbaine sur toile, avec le souci d’y inclure les ambiances et les matières que je rencontre dans ces lieux“
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K | Le graffiti ça a toujours du sens ?
Je vois le graffiti comme quelque chose de large, d’ouvert et antérieur au graffiti new-yorkais des années 70. J’y inclus les gens qui inscrivent toutes sortes choses dans la rue : des messages d’amour, de haine, des messages politiques… Je ne vois pas cela comme un lac endormi mais plutôt comme une rivière qui coule (rires).
Le graffiti comme trace de vie subsistera. Écrire des choses sur un mur, c’est quelque chose qui n’a pas de fin. Les codes, les chapelles, les manières de faire, les écoles, ça vit, ça meurt…
K | Et toi comment tu vois l’évolution de ton travail ?
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Dans la répétitivité (rires) !
Il parait qu’un artiste doit sans cesse se renouveller. Pour ma part, je me suis toujours considéré comme un graffiti-artist, à mi-chemin entre divers univers. J’ai mis du temps à définir mon style, comme un instrument de musique que j’aurais fabriqué. Maintenant j’en joue et je vais continuer à en jouer…
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