Législatives : 5 méthodes de rappeur pour se faire élire député

Publié le par pfmulette,

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#1. Lancer un mot ou une punchline à la mode

Fidèles lecteurs et adeptes du philosophe italien Antonio Gramsci (1891-1937) et de sa théorie de l’hégémonie culturelle, les rappeurs cherchent toujours à imposer leurs propres mots ou expressions dans les médias, pour cadrer nos réflexions prospectives et philosophiques. Que serait Booba sans son OKLM”, Kaaris sans son clic” ou MHD sans son paw, paw, paw, paw” ? Repris sur les plateaux de télévision comme dans les cours de récréation, ces mots-manifestes permettent à leur auteur de faire partager sa vision du monde au plus grand nombre.
Ils l’ont adopté en politique : Notre actuel président avec son “et en même temps”, François Hollande avec sa “normalité”, Jérôme Cahuzac avec ses “yeux dans les yeux” (#OuPas).
Précaution d’usage : La politique étant sinistrement à cheval sur les conventions d’écriture du français, on évitera de trop torturer le dictionnaire (coucou Ségolène “Bravitude” Royal).

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#2. Déclencher un clash

Notorious BIG contre Tupac, Nas contre Jay Z, Morsay contre Internet, Booba contre tout le monde… Le clash, c’est-à-dire le défi et les menaces publiques avec force roulement d’épaules, fait partie intégrante de la culture rap. Il permet d’affirmer son autorité, d’attirer l’attention médiatique plus vite qu’un compte en Suisse rameute les journalistes de Mediapart, mais aussi de faire preuve de toute sa virtuosité dans l’art de la joute verbale (“J’t’emmerde, j’t’emmerde et j’t’emmerde !” MC Jean Gab’1, 2003). Autant de moyens d’impressionner mélomanes et électeurs.
Ils l’ont adopté en politique : Jean-Luc Mélenchon a clashé plus de journalistes que les Lopez n’ont juré de fois sur “la calotte de leurs morts”. Du coup, il se promène sur les plateaux télé et radio avec la tranquille assurance d’un gangsta de Compton dans son lowrider customisé.
Précaution d’usage : Évitez de clasher vos cibles après leur sortie du jeu. Non Aquilino Morelle, publier en librairie un pamphlet contre François Hollande après qu’il eut renoncé à se présenter n’était pas très malin.

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#3. Inviter sur son disque une star américaine

Cela a beau faire trente ans que la France produit du rap, nous gardons toujours un énorme complexe d’infériorité par rapport à nos grands frères d’outre-Atlantique. On ne compte plus les albums de rap français comprenant le featuring d’un rappeur américain. Le couplet et demi qui en résulte, faisant rimer “bitch”, “ho” et “homie”, rehausse prodigieusement la qualité du morceau et assoit la street credibility de son bénéficiaire, qui profite (un peu) de l’image de son invité. Pourquoi ne pas faire pareil en politique ?
Ils l’ont adopté en politique : Emmanuel Macron qui reçoit un coup de fil de Barack Obama ou pose avec Angela Merkel, François Fillon qui pose avec Angela Merkel, ou encore, dans un tout autre genre, Benoît Hamon qui pose avec Angela Merkel, sans oublier, dans un contexte radicalement différent, François Hollande et Nicolas Sarkozy qui posent avec Angela Merkel.
Précaution d’usage : Pensez bien à vous faire prendre en photo avec Angela Merkel.

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#4. Ouvrir sa propre marque de vêtements et/ou populariser un accessoire distinctif

“Hey ! Et si on poussait les gens à nous payer pour faire notre pub dans la rue ?” Ce rêve de publicitaire sous l’emprise de substances illicites à 4 h 30 du matin, les rappeurs l’ont réalisé, en ouvrant à peu près tous leur propre marque de vêtements, permettant à leurs fans de fièrement revendiquer leur appartenance aux “Truands 2 La Galère” ou autre association de bienfaisance urbaine. De quoi faire rêver “marcheurs”, “républicains” et autres “insoumis”.
Ils l’ont adopté en politique : Arnaud Montebourg a autant popularisé la marinière que Gradur le bob. À ma connaissance, il n’a néanmoins pas encore lancé sa propre marque. Nono, si tu nous lis…
Précaution d’usage : Veillez à ce que votre uniforme soit accessible au plus grand nombre. Il n’est pas impossible que l’échec électoral de François Fillon ait été lié à la frustration de ses fans de ne pouvoir se payer le même costume Arnys que lui.

#5. Programmer un come-back via un concert nostalgique

Les billetteries en ligne tremblent à chaque annonce d’un concert unique, inattendu et exceptionnel, avant 45e dissolution, des groupes de rap mythiques tels qu’IAM ou NTM. La nostalgie, le vintage, sont de puissants arguments pour remplir les bourses – et les urnes.
Ils l’ont adopté en politique : Valéry Giscard d’Estaing a réussi un retour inespéré à la présidence de la République en prenant comme nouveau nom de scène, “Emmanuel Macron”.
Précaution d’usage : Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, 2016.

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