À quoi ressemblera le travail demain ? C’est la question que s’est posée la Biennale internationale du design de Saint-Étienne, qui se déroule du 9 mars au 9 avril, en choisissant pour thème “Working promesse : les mutations du travail”. Konbini s’y est rendu.
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Lorsque l’on demande à Olivier Peyricot, directeur scientifique de la Biennale, pourquoi avoir choisi comme thème “Working promesse – les mutations du travail”, il répond : “Sur cette thématique, le design a des choses à dire car il a beaucoup évolué ces dernières années… Il passe du design de beaux objets à un design de service, un design critique ou un design social.”
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Ainsi, le thème du travail n’a pas manqué d’inspirer les designers. Parmi la multitude des projets présentés à Saint-Étienne, nous vous en présentons quelques-uns qui nous parlent particulièrement.
Travailler en se coupant du monde
Vous aussi vous gérez vos mails professionnels depuis votre lit ? L’exposition Cut & Care, conçue par le studio KVM (Ju Hyun Lee et Ludovic Burel), s’intéresse aux “travailleurs horizontaux” et cherche comment prendre soin d’eux.
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Le dispositif invite à se couper (“cut”) du monde, et à découvrir du mobilier adapté à cette pratique qui témoigne aussi de l’allongement du temps de travail et de son infiltration dans la sphère privée.
Repenser le travail collaboratif
La World Trusting Foundation a installé sur 600 mètres carrés, dans la Cité du design, l’expo Fork the world. “Fork”, c’est la fourche, la bifurcation : une troisième voie dans laquelle s’essayent de nouvelles façons de travailler, qui se nomment elles-mêmes grâce à des termes comme “co”, “wiki”, “camp”, “fab”, “make”, “free”, “open”, “blockchain”… “Fork the world” c’est rendre intelligible leur fonctionnement et en retranscrire l’Expérience (que les curateurs de l’expo écrivent avec un grand “E”).
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Après la position du “travailleur horizontal”, c’est le modèle de l’entreprise qui est ici questionné. De “pyramidal” (avec un grand chef tout en haut), il bascule à l’horizontale (dans une configuration où les échanges se font entre des collaborateurs qui sont tous au même niveau). Les tiers-lieux (qui ne sont ni la maison, ni le lieu de travail), sont des sources d’inspiration pour les organisateurs de la biennale. Cette notion est surtout utilisée aujourd’hui pour désigner les espaces où se développent des formes de travail innovantes : coworking, fablabs, incubateurs, makerspaces…
“On ne voulait pas les bouleverser, mais les laisser travailler en tant que tiers-lieux, alors on a choisi de juste les observer et ‘traduire’ leur fonctionnement pour le grand public, pour montrer le côté fascinant de leurs organisations, très inspirant pour les entreprises comme pour les visiteurs qui se demandent comment on va travailler demain”, explique Olivier Peyricot.
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Imaginer un monde sans travail
Pourquoi travailler ? C’est une question qu’on se pose tous un jour (si ce n’est tous les jours). S’il s’agit de “gagner de quoi vivre”, c’est-à-dire en gros de quoi manger et payer le loyer, le travail peut se penser tout à fait autrement. C’est ce que propose d’expérimenter le projet “Lucky Larry’s Cosmic Commune”, conçu par Jerszy Seymour. Le directeur scientifique de la Biennale nous explique le fonctionnement de cette “non-utopie utopique” : “Ils ont investi un bâtiment, installé des couchages… Tout le monde pourra venir y dormir en négociant le ‘prix’ selon son niveau de participation.”
Concrètement, on peut prêter la main à la cuisine, redonner de l’éclat au bâtiment avec un coup de peinture, distribuer des infos dans la rue aux passants… pour s’intégrer, les activités ne manquent pas. L’échange se passe tranquillement d’argent. Avec Lucky Larry’s Cosmic Commune, chacun est invité à expérimenter “l’économie circulaire”. Dans ce lieu de vie, des conférences, performances et “pizza workshops” seront également organisés.
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Quand l’inspiration vient de Détroit
Dès que Détroit a intégré le réseau des villes créatives de l’Unesco (comme Saint-Étienne qui était l’une des premières), les organisateurs de la biennale ont décidé d’inviter la ville américaine. Avec une histoire marquée par l’industrie et la crise, Détroit a fait faillite mais s’est redressée. Elle accueille aujourd’hui la plus haute concentration de designers industriels et commerciaux aux États-Unis.
Selon Olivier Peyricot, elle “incarne cette mutation du travail”. Il continue : “Les designers invités sont très impliqués dans la vie musicale de Detroit, ils viennent donc avec des musiciens, comme Onyx Ashanti par exemple qui construit lui-même ses propres instruments, mais aussi avec des personnalités impliquées dans la sauvegarde de la culture afro-américaine qui disparaît à Détroit, des agriculteurs, collectifs d’urbanistes, paysagistes… ça va être vivant !”
En tout, 50 personnes viennent s’installer à Saint-Étienne, et mettront notamment en place le ShiftSpace, un café “dans le style de Détroit”, où se dérouleront des concerts et échanges cherchant à proposer des visions du travail de demain.
Pour une création collective
Pendant le mois où se déroule la biennale, le réalisateur Olivier Bosson va inviter 300 amateurs à participer à la réalisation d’un film collaboratif intitulé “Ce qui va changer”. En intégrant des figurants locaux et en leur demandant d’investir personnellement de leur temps et de leur énergie, ce projet aura un véritable impact sur les habitants de la ville. Ce n’est pas le seul : “Le design en usage, c’est spécifique à cette biennale, des choses sont exposées mais beaucoup sont en activité […]. La biennale est un outil d’expérimentation, pas juste une belle expo… On fait de la recherche, on expérimente, on met en place des activités très vivantes pendant cette période. Le but est que le territoire soit marqué par cette biennale”, explique Olivier Peyricot.
En off de la biennale, des espaces éphémères (82 projets au total) prennent vie (par exemple dans la rue de la République). La biennale est ainsi l’occasion de tester de nouveaux mobiliers urbains…