Le rappeur parisien Népal est décédé

Publié le par Guillaume Narduzzi,

©Instagram/Nepal

C'est avec une grande tristesse que nous apprenons la disparition du jeune artiste originaire du XIVe arrondissement.

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Le rap français est en deuil. En ce mercredi 20 novembre, nous venons d’apprendre la mort du jeune rappeur et beatmaker parisien Népal, membre de la 75e session et proche du collectif L’Entourage, par le biais d’un communiqué publié par son équipe. L’artiste polyvalent originaire du XIVe arrondissement est décédé le samedi 9 novembre 2019… 

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Discret et talentueux, il laisse derrière lui un premier album (Adios Bahamas) à venir prochainement, et dont le premier clip, intitulé “Là-Bas”, sortira dans quelques jours. 

Retour sur la carrière d’un artiste discret et talentueux

Artiste de l’ombre, Népal commence à se faire un nom au début des années 2010 grâce au collectif de la 75e session. Avec son clan, il parfait son phrasé si caractéristique et son don hors du commun pour la production. Très bon kickeur et beatmaker de grand talent, il était également connu sous les noms de KLM et GrandMaster Splinter. Son premier morceau officiel, nommé “John Doe ∅1”, figure sur le compte YouTube de la 75e session.

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Il forme alors un groupe avec Doums, membre de L’Entourage, le duo 2Fingz – que l’on a notamment pu entendre sur le morceau “Lucy” de Lomepal, sur l’album Flip. Ensemble, ils sortent leur première mixtape homonyme en 2011. Un premier projet qui sera suivi d’une seconde mixtape, intitulé La Folie des glandeurs, deux ans plus tard.

Une période durant laquelle il expérimente sa musique à travers plusieurs medleys et offre ses productions léchées à la scène parisienne, avant de dévoiler son premier projet solo le 12 octobre 2014, 16par16. Un disque constitué en majorité de morceaux enregistrés sur des faces B. Quelques semaines plus tard, il offre une version remixée de ce même projet, après avoir invité de nouveaux artistes pour remasteriser l’ensemble du disque.

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Le 3 juillet 2016, Népal publie 444 Nuits, avec notamment le morceau “Rien d’spécial”, qui jouira d’un beau succès auprès du public. Un double EP de 12 titres au total, composé d’une Version bleue et d’une Version rouge, où il laissait libre cours à son art pour le storytelling.

La même année, il se fait un nom auprès du grand public en prenant part au projet plébiscité de son ami Nekfeu, Cyborg. On peut ainsi l’entendre sur le très réussi titre “Esquimaux”, et il avait réalisé la production du tout aussi bon morceau “Humanoïde”. Il est d’ailleurs à ce moment l’une des inspirations principales de Nekfeu, comme aime le rappeler Ken Samaras (de son vrai nom) sur les réseaux sociaux.

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Le 21 septembre 2017, Népal lâche un nouveau projet solo, l’excellent EP 445e Nuit, proposant huit nouveaux titres à son public. Un disque sorti exactement 444 jours après son double EP 444 Nuits. Après avoir annoncé la préparation de La Folie des glandeurs 2 lors d’une tournée avec son acolyte Doums, Népal disparaît peu à peu des radars durant plus d’un an.

Il signe un retour surprise en septembre 2018, avec l’EP KKSHISENSE8. Un nouvel effort composé de huit titres, avec notamment des collaborations avec Gracy Hopkins, Doums et le Bohemian Club. Il fait alors savoir qu’il s’agit de son dernier EP avant la parution de son premier album.

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Il faut dire qu’avec ses multiples projets et son habileté musicale évidente, Népal a rencontré de beaux succès. Les EPs 444 Nuits, 445e Nuit et KKSHISENSE8 ont ainsi été téléchargés plus de 50 000 fois chacun – soit l’équivalent d’un disque d’or – faisant de Népal une figure de la scène indépendante française. Et cela sans qu’aucun de ses projets ne sorte sur les plateformes de streaming, ceux-ci étant à la disposition du public sur son site Web. Une prouesse rare.

Pourtant, il met en ligne le 23 août 2019 la compilation 2016-2018 sur les principales plateformes de streaming. Un projet dans lequel viennent se glisser des morceaux de ses précédents projets. Pour lui, c’est un moyen d’annoncer l’arrivée prochaine de son tant attendu premier album, qui devait le couronner comme l’un des artistes majeurs du rap français.

Ce passionné de culture nippone laisse derrière lui une carrière typique du rap underground, au cours de laquelle il a notamment collaboré avec Sopico (autre membre de la 75e session), le crew du Panama Bende, le rappeur suisse Di-Meh, Alpha Wann, Nekfeu donc, et tout récemment Fixpen Sill. Malgré son décès, le premier album du plus mystérieux des rappeurs français s’apprête à enfin sortir. D’après son équipe en relation avec Konbini, le projet verra bel et bien le jour – la famille de l’artiste souhaitant que “sa voix perdure”. Cinq singles et trois clips sont déjà prévus. 

Népal, qui retranscrivait son univers sombre à travers ses prods et ses textes acérés, a toujours accordé une importance capitale à son anonymat. Il n’est jamais apparu à visage découvert et se présentait toujours capuché, masqué, cagoulé ou même parfois maquillé. Selon lui, le public avait tendance à “plus se concentrer sur les fringues portées dans les clips plutôt que la musique en elle-même”. Népal, qui reconnaissait lui-même n’avoir “rien de spécial”, était pourtant un talent inégalable de la scène française.