Son poste n’est que symbolique, alors autant que le symbole soit fort. Jeudi 20 juillet en Inde, le nom du nouveau président élu au suffrage indirect par un cortège de près de 4 900 électeurs sera dévoilé. En lice, deux “intouchables”, même si cette dénomination n’est plus employée et qu’on lui préfère aujourd’hui le terme de “dalit”, qui signifie brisé, opprimé, tyrannisé, ou oppressé, en sanskrit, pour décrire cette communauté défavorisée.
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C’est Ram Nath Kovind qui part largement favori du scrutin. Membre du Bharatiya Janata Party (BJP), parti nationaliste au pouvoir dont est également issu l’actuel Premier ministre Narendra Modi, il a fait de son origine sociale l’un de ses principaux arguments électoraux. Issu d’un milieu humble, il est né en Uttar Pradesh, au nord de l’Inde, et est fils de paysan.
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De son côté, distancée dans les sondages, la principale concurrente compte sur le soutien du parlement indien pour renverser la tendance. Comme Ram Nath Kovind, Meira Kumar a fait des études de droit et est issue de la communauté dalit. Mais son appartenance à la communauté défavorisée ainsi que sa volonté de faire de l’élection une “bataille idéologique” contre le parti en place pourraient bien ne pas suffire. Le nombre de partis soutenant Kovind est tout simplement trop important.
Le BJP a vu en ce dernier l’occasion rêvée de s’attirer les faveurs des dalits pour constituer une base électorale solide sur laquelle s’appuyer lors des prochains scrutins. Encore très stigmatisée, cette communauté de 200 millions de personnes devrait se montrer réceptive à cet appel du pied qui ne coûte pas très cher au BJP : le président indien n’a quasiment aucun pouvoir et le titre est avant tout honorifique.
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Flagellation publique
Il n’empêche que son élection à la tête du pays devrait contribuer à endiguer le sentiment de discrimination présent chez les descendants des intouchables. The Guardian rapporte les exemples de pratiques honteuses qui les visaient le siècle dernier. Dans un village, certains d’entre eux étaient ainsi contraints de porter des crachoirs autour du cou pour ne pas “contaminer” leur environnement avec leur “salive impure”. D’autres devaient constamment se balader avec des branchages accrochés autour de la taille, pour effacer derrière eux leurs “traces de pas impures”.
Ces exemples se font heureusement rares, mais la discrimination, elle, reste bien présente. Le média britannique rappelle que l’an passé, sept dalits chargés de dépecer une vache ont été fouettés publiquement par des intégristes protecteurs de vaches, des animaux sacrés pour beaucoup d’Indiens. Filmée, la scène a fait le tour des réseaux sociaux et avait déclenché une vague de protestation, rappelant douloureusement les stigmatisations qui ciblent cette communauté.
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