Quand le premier extrait est paru, Neurotic Society, on ne retrouvait pas les éléments qui avaient déclenché une brûlante passion. Mais on ne s’inquiétait pas. Lauryn Hill avait brusqué, en raison d’une injonction judiciaire, la composition et sortie de son titre.
Un titre mal enregistré, pas transcendant (c’est une litote), sur lequel elle déversait sa haine de la société. Des paroles noires que nous buvions comme un sacerdoce, comme une preuve réitérée d’amour à la grande artiste qu’elle est.
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Du “racisme” dans son jugement
Et aujourd’hui, on ne comprend plus. On ne peut plus la suivre. Tout cela est trop gros, trop évident, trop caricatural. Lauryn Hill est peut-être acculée. Ça ne doit pas l’empêcher de garder son discernement.
Son jugement passé, la sentence actée (trois mois d’emprisonnement), la lady de South Orange s’en remet au “racisme” pour expliquer “l’acharnement” judiciaire dont elle se dit être la victime. Rappeler les privations et les coups portés au “peuple noir”, parler de la brutalité de l’épreuve qu’elle vient de vivre, comparer la juge en charge de l’affaire aux maîtres négriers.
Faire de son cas une généralité, un symbole des attaques contre la communauté afro-américaine, effectuer une montée en généralité alors que la racine de cette histoire n’est qu’un manquement à ces devoirs civiques. Lauryn Hill s’est perdue discursivement, même si le texte alerte et intelligent, publié sur son Tumblr, ne manque pas de brio.
Égarée dans les méandres de son amertume, sa prose se voit enfermée dans une dénonciation fallacieuse des conditions de son jugement. Extrait choisi :
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Le peuple noir reste une communauté déchirée, enfermée, interdite de faire des choix de son propre chef, et de faire l’expérience de la liberté existentielle (…). La taxation sans représentation politique, dois-je vous le rappeler, était la base des revendications de la guerre d’indépendance qui permit à ce pays de s’affranchir de la tutelle britannique. La colère n’est pas la seule réponse aux abus de pouvoir, mais elle est appropriée quand il n’y pas de réel conscience de ces abus, ou de profonds changements […]. Même le juge rappela que j’ai eu et élevé des enfants pendant cette période [celle où elle n’a pas payé ses taxes, ndlr]. Comme si cela n’était pas assez difficile. Sa voix m’évoque les échos des maîtres des esclaves qui espéraient qu’une femme donne la vie dans les champs et continue à travailler immédiatement.
Entre espoir et dédain
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