La famille de Théo Luhaka soupçonnée de détournement de fonds publics

Publié le par Astrid Van Laer,

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L’histoire de Théo Luhaka, le jeune homme de 22 ans brutalisé lors d’une violente interpellation le 2 février et qui se serait fait violer par un policier à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), a suscité de vives réactions de toutes parts. Depuis plusieurs semaines maintenant, on réclame justice pour Théo : manifestationsblocus de lycées… Le jeune Aulnaysien a été érigé en véritable symbole de la lutte contre les violences policières et incarne à lui seul les revendications de milliers de jeunes Français. Il a également reçu la visite du président de la République et des footballeurs Franck Ribéry et Serge Aurier, venus lui témoigner leur soutien.

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Néanmoins, mercredi 23 février, Le Parisien a dévoilé qu’une enquête avait été ouverte il y a quelques mois sur la famille du jeune homme. De janvier 2014 à juin 2016, la famille de Théo Luhaka aurait en effet reçu de grosses sommes par le biais de contrats aidés. Ces contrats sont normalement réservés aux jeunes ou à des personnes “en difficulté sur le marché du travail” afin de faciliter leur embauche via des aides ou des déductions d’impôts à destination de leurs employeurs. Huit personnes de la famille de Théo auraient touché de l’argent grâce à ce procédé.

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Mickaël, frère aîné de Théo, était le président de l’association Aulnay Events, qui avait pour but de lutter contre les violences, jusqu’à sa liquidation judiciaire en 2015. Il aurait donc, via cette association, eu recours à ces contrats pour salarier des membres de sa famille mais sans qu’il y ait de travail réel effectué par ces derniers dans l’association. L’enquête porte sur plusieurs cas de potentiels emplois fictifs, la police mettant en doute la réalité de ces contrats dont Théo lui-même aurait bénéficié, à hauteur de 52 000 euros. Un proche du dossier s’est confié au Monde, évoquant la somme totale de 678 000 euros.

“Que l’on dise la vérité sans essayer de nous salir”

L’enquête a été ouverte après un signalement effectué auprès de l’inspection du travail sur la base de l’article 40 du code de procédure pénale, qui stipule que “toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République et de transmettre à ce magistrat tous les renseignements, procès-verbaux et actes qui y sont relatifs”.  Une inspection des locaux de l’association n’aurait apparemment pas permis de trouver de preuves matérielles garantissant l’authenticité de ces emplois.

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Il est nécessaire de rappeler qu’à l’heure actuelle aucune poursuite n’a été engagée, mais qu’une enquête préliminaire a néanmoins été ouverte il y a plusieurs mois, pour “suspicion d’abus de confiance et escroquerie”. Et même si cette affaire n’a aucun lien avec celle du 2 février, il n’en a pas fallu plus pour que les réactions fusent et que la méfiance à l’égard des deux frères et de leur famille s’installe. De plus, on peut rappeler que ces investigations ne visent pas spécifiquement Théo, même si son nom est cité dans le dossier.

Invité par les journalistes du Parisien à réagir à ces accusations, Mickaël Luhaka se justifie ainsi :

“La somme de 678 000 euros que vous mentionnez correspond au montant des aides que l’État a versé pour la rémunération des salariés durant un an et demi. Faites le calcul, on avait plus de 30 animateurs qui intervenaient sur Aulnay, sur l’Île-de-France et ailleurs. Les animateurs étaient engagés en CDI pour mettre en place des activités et organiser des séjours.”

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Il explique également n’avoir jamais caché que parmi les 30 personnes qu’il avait engagées, se trouvaient en tant qu’animateurs ses trois frères et sœurs, Grégory, Éléonor et Théo. Et même s’il reconnaît quelques erreurs, notamment lorsqu’il s’est versé un salaire alors qu’il n’en avait pas le droit à cause de son statut de président, il estime avoir “répondu à toutes les questions de l’inspection du travail et apporté de vraies explications” et souhaite “que l’on dise la vérité sans essayer de [salir sa famille]“.