À l’occasion de la deuxième édition du Festival de l’électronique et du jeu vidéo d’Abidjan (FEJA), du 23 au 25 novembre, le grand public et les professionnels ont pu assister à l’événement le plus important et le plus représentatif de l’industrie vidéoludique en Afrique. Plusieurs dizaines de pays du continent y étaient représentés.
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Tout d’abord, une première réussite fut de rassembler plus de 40 joueurs pros avec des tournois d’e-sport. Ils se sont partagé une récompense de 13 millions de francs CFA (environ 20 000 euros) sur des classiques tels que FIFA, Street Fighter, Fortnite ou Candy Crush. Un tel “cashprize” est inédit, et il accompagne un autre objectif du FEJA : celui de mettre en lumière l’industrie vidéoludique en Afrique et les opportunités d’emploi que cette dernière peut apporter.
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L’événement fait figure de vitrine internationale pour le secteur, mais il s’agit aussi de montrer tout le potentiel économique que le jeu vidéo représente. À lui seul, le marché des jeux a progressé de 92 millions à 500 millions d’euros en seulement 4 ans. Si on y ajoute celui des consoles et de l’export, le secteur global représente presque 900 millions d’euros.
Les jeux devenant de plus en plus conséquents et complexes, ils nécessitent de plus en plus de monde pour y travailler, et de nouvelles formations sont demandées : du concepteur sonore au chef marketing en passant par des designers, des graphistes ou des programmateurs.
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Sidick Bakayoko, fondateur et PDG de Paradise Game, entreprise majeure du jeu vidéo et organisatrice principale du FEJA, déclare à France 24 :
“Nous pouvons facilement voir un million de personnes embauchées dans l’industrie des jeux en Afrique de l’Ouest d’ici 2025. […] Si nous voulons que les développeurs de jeux commencent à nous rejoindre, nous devons nous assurer qu’ils voient de bons exemples d’entreprises africaines sur le secteur. […] Nous voulons vraiment aider les développeurs, ce qui aura un impact sur l’ensemble du marché.”
Un marché aux immenses potentiels
Pour le moment, le secteur vidéoludique africain ne représente même pas 1 % du marché mondial (estimé à 120 milliards de dollars), mais selon Serge Thiam, directeur de stratégie numérique à Stay Connect, en 2014, on comptait 23 millions de joueurs sur le continent pour aujourd’hui plus de 500 millions de joueurs, principalement grâce à la rapide progression du smartphone chez ces populations.
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La marge de progression est absolument gigantesque pour le continent africain, qui compte une population de 1,2 milliard de personnes (potentiellement le double en 2050), dont la moitié a en dessous de 25 ans. Bien entendu, de gros problèmes structurels sont encore de mise, dont les coûts élevés, y compris d’importation, qui freinent l’équipement en PC.
Ceci étant, les mobiles pourraient être une première solution pour percer le marché. Autre souci : Internet n’est pas accessible de manière égale dans chaque pays et la facture mensuelle peut encore atteindre une centaine de dollars dans les pays les moins avancés dans le coûteux développement des infrastructures nécessaires.
Néanmoins, les nouvelles générations arrivent avec de grandes ambitions et, à défaut de proposer des salaires compétitifs pour attirer les développeurs, les studios africains pourront compter sur leurs ressources intellectuelles nationales. De plus, comme on l’a vu avec le marché asiatique ces dernières années, on ne peut pas aborder par le “copier-coller” chaque région du monde dans ses manières de consommer un médium. C’est ce que rappelle l’analyste Thierry Barbaut, responsable des stratégies numériques de l’ONG La Guilde :
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“Si on veut développer un jeu, en étant Ubisoft par exemple, sans connaître la culture africaine, c’est quasiment impossible, d’autant plus que la culture africaine n’est pas uniforme sur le continent. Elle va être régionalisée. On ne joue pas de la même façon et avec les mêmes codes en Égypte, en Afrique du Sud ou encore en Centrafrique. Il va falloir développer un savoir-faire local […] pour avoir des vrais jeux qui sont plébiscités par les joueurs.”
Il est encore un peu tôt pour s’avancer sur l’avenir de l’industrie vidéoludique en Afrique, mais sans faire de projections trop hasardeuses, il est clair que le potentiel est au rendez-vous et que des initiatives comme celles de la FEJA sont autant d’indices qui laissent supposer une évolution rapide du secteur.