Alors qu’on la pensait désormais marginale, la syphilis inquiète à nouveaux les instances de santé françaises. La communauté gay serait la plus touchée.
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Elle a un joli nom, aime beaucoup les parties de jambes en l’air et fut la compagne fidèle de Franz Kafka, Léon Tolstoï ou Paul Verlaine jusqu’à leurs derniers jours… Et pourtant, la syphilis est une sacrée plaie. Alors qu’on pense souvent à elle comme une maladie sexuellement transmissible qui n’a plus sa place que dans les livres d’histoire, éradiquée par les antibiotiques, l’Institut de veille sanitaire (InVS) nous assure du contraire : une recrudescence des cas est en train de s’opérer en France.
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Dans Le Parisien du 26 février, l’InVS affirme que les instances de santé répertorient 400 à 500 nouveaux cas déclarés par an, conséquence d’une “augmentation constante et progressive” constatée depuis 1999 – année “officielle” de la réapparition de la syphilis. Par ailleurs, le centre hospitalier de Brive-la-Gaillarde (Corrèze) indiquait il y a quelques semaines avoir diagnostiqué une quarantaine de cas en 2015 contre… deux habituellement. “Il ne faudrait pas que ce foyer épidémique se propage et continue de se développer cette année”, prévenait alors le Dr Bruno Abraham, spécialiste des maladies infectieuses au CHU de Brive, sur BFMTV. Oups.
Comme le rappelle le quotidien francilien, la syphilis peut entraîner des lésions de la peau et des muqueuses, ce qui n’est déjà pas glop. Mais pire encore, elle endommage aussi les organes, affectant le cerveau, les nerfs, le cœur et les yeux. Elle est due à une bactérie, le tréponème pâle, qui se transmet lors de rapports sexuels non protégés (si l’on ne prend pas en compte les transmissions materno-fœtales). Il n’y a ni vaccin ni traitement préventif : la seule chose à faire pour l’éviter, c’est de porter le préservatif.
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La communauté homo touchée de plein fouet
Mais pourquoi une telle recrudescence de cette maladie en France ? Il y a plusieurs raisons. Tout d’abord, associations et professionnels de santé s’accordent sur l’inquiétant constat de la hausse des pratiques à risque, en particulier chez les homosexuels masculins. “Les enquêtes le démontrent dès 1997”, précise Florence Lot, responsable de l’unité VIH, hépatite B et C à l’InVS.
D’après les chiffres de l’institut, 84 % des patients atteints de syphilis sont issus de la communauté gay masculine – et près de 40% d’entre eux sont également séropositifs. Eh oui, derrière le fantôme de la syphilis se cachent en fait de nombreuses IST. D’après les associations de prévention des pratiques à risque, “il y a une recrudescence des cas, de toutes les infections sexuellement transmissibles d’ailleurs, comme la chlamydia”. Vigilance, donc.
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Mais d’après Florence Lot, cette recrudescence est aussi due au fait que le traitement de la syphilis ne se trouve plus en pharmacie : “le traitement de référence, l’Extencilline, n’est plus commercialisé par Sanofi depuis 2014 et n’est donc plus disponible en pharmacie. Les malades doivent désormais se tourner vers le Sigmacillina, fabriqué par un laboratoire italien qui n’est accessible qu’à l’hôpital”, analyse-t-elle dans Le Parisien. Or l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) vient d’annoncer que les pharmacies allaient bientôt à nouveau se voir pourvues : un remplaçant français de l’Extencilline y sera bientôt proposé. Quoi qu’il arrive, hop, on se protège.