Yo Kobe,
Les mots me manquent tant il est difficile d’accepter que tu n’es plus de ce monde. Avant de partir, avec ta fille Gigi, dans ce tragique accident d’hélicoptère, tu as été une immense icône de tout un peuple, l’inspiration de toute une jeunesse, le modèle de tous. Bien plus qu’un athlète, tu étais immortel jusqu’à ce dimanche noir… L’hommage que je te rendais en 2016, lorsque tu te retirais des parquets, reste intact. Kobe, que toi et ta fille Gigi reposiez en paix, et merci pour tout :
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Dans la nuit du jeudi 14 avril 2016, ton immense carrière de 20 saisons prenait fin. Une retraite que tu avais annoncée en novembre, avec une lettre ouverte adressée au basket-ball, difficilement reçue par de nombreux admirateurs ; entre tristesse d’abord, résignation ensuite, et enfin amertume.
Amertume car, à la fin de cette misérable saison régulière des Lakers, tu n’auras finalement pas réussi ta mission, celle de décrocher un sixième titre avec ton club de cœur. Une nouvelle bague de champion pour laquelle tu t’es battu d’arrache-pied depuis le début de la décennie, quitte à passer des 40 points la main amochée, portant à bout de bras et malgré de nombreuses blessures un collectif qui ne se sera, lui, pas reconstruit à temps. Avant ton retrait définitif des parquets.
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Champion
Tu laisses derrière toi d’innombrables fans, admirateurs, ébahis par la magie de tes fadeaway dont toi seul as le secret (qui m’ont d’ailleurs bien aidé sur feu NBA Live). Tu as été notre Michael Jordan, celui du XXIe siècle.
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On t’a souvent comparé à lui, divisant les amateurs de basket entre les partisans du mythique numéro 23 et ceux du jersey jaune floqué du 8 puis du 24 (comme le nombre de matches où tu as franchi la barre des 50 points), toujours chez les Lakers ; et, plus tôt, à la Lower Merion High School, le collector 33 rouge qui flottait sur les maigres épaules de tes débuts.
Et, comme un signe, c’est face à la dernière victime de Michael Jordan en playoffs (finale, 1998), le Jazz d’Utah, que tu tires ta révérence. On aurait bien aimé voir rugir le Black Mamba une ou deux saisons de plus, mais il faut acquiescer en toute lucidité. Tout en ton honneur, tu préfères partir la tête haute, bien qu’un peu cabossée de ces six longues dernières années compliquées. Mais peu importe :
Cinq titres de champion avec Los Angeles (2000, 2001 et 2002 avant le back-to-back de 2009 et 2010). Deux fois MVP des finales. 18 sélections au All-Star Game, dont tu as été quatre fois MVP – un record que tu partages avec Bob Pettit. Deux médailles d’or aux JO avec la Team USA. Troisième meilleur marqueur de l’histoire de la NBA avec 33 583 points. 81 points en un seul match contre les Toronto Raptors, un historique 22 janvier 2006.
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“Aimez-moi ou haïssez-moi”
Ces performances incroyables ont fait de toi une icône intergénérationnelle, l’un des meilleurs joueurs de l’histoire du ballon orange.
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Un player et surtout un leader hors pair évoluant autour du cercle avec intelligence, classe et dextérité, entre détente en deux temps et jeu dos au panier, entre shoots désarticulés à mi-distance, paniers faramineux en provenance de derrière la ligne des 7,23 mètres faisant susurrer le panier d’un excitant “switch”, et dunks “stratosphériques” provoquant les hurlements de George Eddy au bon vieux temps sur Canal+.
Tes adversaires t’ont détesté, parce que tu leur as fait mal. De nombreux spectateurs aussi, certains te reprochant ton arrogance, d’autres ton individualisme, ou ta dépendance à Shaquille O’Neal au début des années 2000, ou encore ton ratio shoots pris/paniers marqués parfois en deçà des attentes. En octobre 2003, après ta blessure au tendon d’Achille, tu déclarais à Sports Illustrated :
“Aimez-moi ou haïssez-moi. C’est l’un ou l’autre. Ça l’a toujours été. Haïssez mon jeu, ma démarche arrogante. Haïssez mon fadeaway, ma faim. Haïssez le fait que j’aie de l’expérience. Que je sois un champion. Haïssez ça. Haïssez-le du plus profond de votre cœur. Et haïssez le fait que je sois aimé pour les mêmes raisons.”
Cette haine, tu l’as transformée, au même titre que ceux qui t’ont aimé, en rage de vaincre. Tu as alors performé, et mené ton équipe à un cinquième et dernier titre de champion NBA en 2010, sans le Shaq’. Répondant, tout simplement, aux détractions en faisant ce que tu sais faire de mieux, comme le rappelle Nike dans cette toute nouvelle vidéo-hommage :
Always love the hate. #MambaDayhttps://t.co/oqWHZi6Amv
— Nike Basketball (@nikebasketball) 13 avril 2016
Respect
Entre la saison 1996-1997 où, drafté en treizième position, tu devenais le rookie de Los Angeles, et aujourd’hui, tu as vu défiler les générations à tes côtés. Les crocs aiguisés, tu sortais du banc pour impressionner du haut de tes 18 balais. Puis les années ont passé, tu as mûri, tu t’es construit, tu es devenu indépendant, et leader. Sueur sur le front, tu rejoignais tes coéquipiers sur le côté pour souffler avant le money time. Ton money time.
Et te souviens-tu, lorsque, tout récemment, en costard et d’un regard, tu as fait signe à Larry Nance, un de tes jeunes élèves, de te laisser sa place sur le banc ; par respect, il l’a fait sans broncher, s’asseyant sur le sol. Si je te rappelle cette scène, c’est parce qu’elle est représentative de l’aura avec laquelle tu as éclaboussé la sphère du basket-ball, et bien au-delà. Tu as fait pleurer de jeunes joueurs, tu as été dur avec eux, mais tu leur as forgé leur mentalité de vainqueurs. En bon roi des parquets que tu as été.
Un roi qui au fil du temps s’est fait pousser de son trône par la nouvelle garde, de LeBron James à Stephen Curry. Un roi qui a combattu pour décorer sa couronne d’un nouveau diamant. Mais ne t’en fais pas, cette fin de carrière mitigée avec les Lakers, tu la rattraperas un jour en tant qu’entraîneur sur le banc de ta maison, le Staples Center, où tu auras mouillé le maillot pour la dernière fois.
P.S. Au fait Kobe, le hip-hop te remercie
On n’allait pas se quitter comme ça. Finissons sur une note de musique. Quelques jours avant ton dernier match, Kendrick Lamar te rendait le plus beau des hommages. Celui d’une légende en devenir à une légende à l’histoire désormais conclue.
Eh oui, Kobe, tu as inspiré la scène rap, et elle te remercie. Des États-Unis, où elle est née, à la France, et plus largement à l’international, tu as été cité dans de nombreux textes, ou été carrément au centre de morceaux à ton effigie.
En voici quelques-uns, de Kendrick Lamar justement, à Lil Wayne qui t’a consacré tout un titre :
- Kendrick Lamar feat. Dash Snow – “The Heart Pt. 2”
“One hood with 20 four-fours like a cloned Kobe Bryant”
- Rick Ross feat. Drake & French Montana – “Stay Schemin”
Drake : “Kobe ’bout to lose a hundred fifty Ms/Kobe my nigga, I hate it had to be him/Bitch you wasn’t with me shooting in the gym”
- UGK – “Still Ridin Dirty”
Pimp C : “You need to step off, take ya tennis shoes somewhere/And your sweatsuits and ya Kobe Bryant outfit, and go join the Lakers, square !”
- Snoop Dogg feat. Nate Dogg & Kurupt – “Dogg Pound Gangstaville”
Kurupt : “You fuckin’ with the Kobe Bryant of rap/With a Mack 11 cocked back ready for sure, ready for war”
- Lloyd Banks – “Beamer, Benz or Bentley”
“Where my ring and my confetti ?/I’m Kobe Bryant ready”
- The Game – “Remedy”
“I’m hard as a muthfuckin’ ounce of raw/Dribble rock like Kobe Bryant bounce the ball”
- Lil Wayne – “Kobe Bryant”
“MVP, MVP/Kobe Bryant aka Envy Me/In knee-deep, smash any D/Whoever he is, he can’t guard me”
Côté rap français, Booba portait ici ton maillot :
Allez, avant de te laisser filer au vestiaire, une dernière pour la route. Et cette fois-ci, c’est toi en personne qui kickes le micro ; pour un morceau que tu titrais, avec l’assurance que l’on te connaît, des lettres de ton propre prénom :
Ouais, tu brillais bien moins derrière l’anti-pop que sur les parquets…
Et tu illumines désormais le ciel, au côté de ta fille Gigi, depuis là-haut. Rest in power.
Article initialement publié le 14 avril 2016 et mis à jour le 27 janvier 2020.