Les jeunes Iraniens accusés d’avoir reproduit “Happy” condamnés

Publié le par Théo Chapuis,

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La police iranienne a annoncé avoir arrêté mi-mai six jeunes gens coupables d’avoir dansé dans leur propre reprise de “Happy” sur YouTube. Jeudi 18 septembre, l’AFP apprend qu’ils ont été condamnés à 91 coups de fouet et six mois de prison… avec sursis.
Pharrell Williams savait-il que “Happy”, premier single de son album GIRL, serait un tel carton ? Difficile à dire. N’empêche que de par le monde, des milliers de personnes, jeunes et moins jeunes, ont repris le tube dans des vidéos faites maison, pour le plaisir, pour témoigner de son amour pour la pop, marquer son adoration à Pharrell… et bien souvent, seulement pour partager sa joie.
Hélas, parmi les millions d’êtres humains que la pop song de Pharrell Williams a inspirés, il y en a au moins six à ne plus être tip top “Happy”. Mardi 20 mai, Le Monde alertait qu’en Iran, six jeunes ont été rendus coupables d’avoir “heurté la chasteté du public”. Les femmes apparaissant dans le clip non-voilées (alors que c’est formellement interdit en Iran) n’ont pas dû aider non plus. Aussi, accusés d’avoir posté leur lip dub “criminel” sur Internet, ils ont été arrêtés par les autorités.
MISE À JOUR – (19 septembre 2014) – L’AFP annonce que suite au jugements des six jeunes, le verdict les condamne à six mois de prison et 91 coups de fouet… assortis d’un sursis de trois ans.

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“Happy” mais planqué

Suivant les codes des nombreuses reprises en vidéo du clip de We Are For L.A, la vidéo hommage montre trois jeunes hommes et trois jeunes femmes, vêtus d’un mélange de modes occidentale et orientale, se déhancher librement dans un appartement, sur un toit et quelques ruelles d’une ville présentée comme étant Téhéran, capitale de la république islamique. Par rapport à plusieurs lip dubs du monde entier, on ressent un besoin de se cacher du regard public.
À la fin de la vidéo, les crédits proclament que la vidéo a été réalisée en huit heures et tournée à l’iPhone 5S, ainsi que les prénoms ou pseudonymes des acteurs du clip emprisonnés : Neda, Bardia, Roham, Reihanet, SPDH, Afshin. “”Happy” est une excuse pour être heureux. Nous avons aimé chaque seconde passée à réaliser cette vidéo. Nous espérons qu’elle vous donnera le sourire”, est-il également écrit en guise de manifeste.
Pas de doute, le film semble avoir heurté pour son appropriation des mœurs occidentales au détriment des valeurs religieuses, auxquelles sont attachés encore de nombreux intégristes religieux, notamment les autorités. i24news observe un renforcement de la répression Internet dans le pays : la Garde révolutionnaire iranienne aurait commencé le traçage de l’activité Internet en conséquence de la révolution verte en 2009 et en 2011.

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“Acte criminel”

“Après avoir repéré un clip vulgaire, qui a heurté la chasteté du public sur Internet, la police a décidé d’identifier ceux qui y étaient impliqués”, a déclaré le chef de la police de Téhéran, Hossein Sajedinia, cité par l’agence d’information ISNA (Iranian Students’ News Agency) et rapporté par Le Monde.
“Trois hommes et trois femmes ont été arrêtés” et ont “avoué leur acte criminel”, a expliqué M. Sajedinia. Il relate également que la vidéo a été postée sur Internet sans leur consentement par un couple qui les aurait piégés.
Cet “acte criminel”, c’est apparaître en public sans voile islamique pour couvrir les cheveux des femmes. Ce désir d’émancipation semble être l’un des combats les plus visibles en dehors des frontières du pays. Le 12 mai 2014, Konbini revenait sur un mouvement en ligne d’insoumission d’Iraniennes qui revendiquent le droit à ne pas se voiler les cheveux, un “petit moment de liberté” selon elles.
Les plateformes Facebook, Twitter, YouTube et bien d’autres sont interdites en République islamique, bien que les citoyens du pays soient apparemment nombreux à savoir contourner ces restrictions. RSF, qui compte l’Iran parmi sa liste noire des “Ennemis d’Internet”, rappelle que le pays est fliqué, même en ligne : “tous les fournisseurs d’accès à Internet rendent des comptes au gouvernement”.

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La viralité joyeuse

Pharrell Williams est un génie. Musicalement, c’est subjectif. N’empêche qu’avec le démentiel succès de son single “Happy”, il n’y a aucun doute : le chanteur a redéfini la notion de viralité. En Tunisie sur la plage, en Lettonie sur les pavés, en Ukraine sur les barricades… la planète entière semble avoir fredonné le refrain de la chanson.
Jusqu’au point de s’incruster dans les élections municipales françaises où, de gauche à droite, rien ne semblait plus en vogue que de séduire les électeurs de ses pas de danse calqués sur ceux de la chanson sortie le 21 novembre 2013 – ou plutôt son clip aux 250 millions de vues YouTube, réalisé par les Français de We Are From L.A.