Les yeux égarés, Asaf Avidan raconte le speech de son film d’animation Find Now Love qui l’a vu remporter un prix dans un festival. A l’époque, il finissait ses études de cinéma à Jérusalem, à la Bezalel Academy of Arts & Design. Et à la question de savoir si le petit enfant qu’il a imaginé, c’est lui, le chanteur laisse échapper un timide : “Peut-être”.
Quand on rencontre le compositeur israélien dans un hôtel à Paris, on semble tout et rien savoir sui lui, entre mise à nu dans le dossier de presse et confidentialité IRL. On sait peu ou prou que la musique, voilà six années qu’il l’a embrassée, comme une cure d’optimisme et de vie, au sortir d’une relation qui l’a mis à terre. Résultat, il se retrouve, presque par hasard, le leader d’un groupe formé autour de sa personne, Asaf Avidan & The Mojos. Immédiatement, sa voix est comparée à celle de Janis Joplin. Lui ne la trouve pas “géniale” mais “différente”.
Pour ce retour en solo, on a essayé de tisser le lien entre les lieux qu’il a traversés, de la Jamaïque à la Chine, du mariage de ses parents à la sortie de son dernier album, à Paris. Car le mot qui lui correspond le mieux est “globe-trotter”. Asaf a voyagé, voyage, et voyagera. Partout. Alors on a pris un ticket.
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New York à Tel-Aviv
New-York ? La première chose qui vient à l’esprit d’Asaf, ce n’est pas un concert qu’il aurait donné mais la rencontre entre ses parents. Au siège de l’ONU, ce sont deux diplomates. Mais la grosse pomme ne lui dit rien : pour lui, ce n’est qu’une “bulle” qu’il a souvent traversée et l’enfermement, les gratte-ciels, déteignent sur son moral. Il se raccroche juste à une anecdote : il a 16 ans et se fait un tatouage. “Malheureusement” précise t-il.
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Asaf Avidan – Reckoning Song (Wankelmut Remix)
La suite, c’est en Israël que ça se passe. C’est là ou il est né, en 1980. Selon lui, le conflit israélo-palestinien mis à part, c’est une nation riche, car à l’image du monde :
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Comme dans beaucoup de pays, le fossé entre les riches et les pauvres s’agrandit, il y a un affaiblissement des classes moyennes et une érosion de l’éducation et de la culture. Et parallèlement, on est face une montée des extrêmes, comme en Europe. Tout est est compressé.
La jeunesse en Jamaïque
Quatre années en Jamaïque. Une éternité, une influence marquante pour un enfant qui n’a jamais eu de racine géographique, toujours balladé entre plusieurs pays. Le jeune Asaf vit avec différentes cultures.
J’étais un juif dans un pays à 99% catholique et à 99% composé de noirs. La barrière culturelle n’existait pas. Et le fait d’être d’Israël, une nation d’immigrants, compte aussi beaucoup dans mon éducation.
Sa jeunesse en Jamaïque l’a marquée :
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Quand on est enfant et qu’on demeure en Jamaïque, on ne remarque aucune différence entre, par exemple, un caucasien et un asiatique. C’est un peu comme ce genre de reportage ou un chien grandit avec un lion : les deux animaux ont l’habitude.
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En Chine et l’étrangeté d’un concert
Lors d’une tournée avec The Mojos, Asaf Avidan passe par la Chine. Une véritable surprise :
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C’était l’un des concerts les plus étranges de ma carrière. Cette tournée m’a vraiment montré les clichés du rock’n roll à la différence qu’ils étaient réels, je pouvais les toucher du doigt. Qu’importe la couleur de peau ou le territoire, on peut toujours communiquer avec l’audience lorsqu’on joue de la musique.
Selon lui, la musique permet de dépasser les différences :
Il y a des frontières entre les culture, mais la musique et le cinéma, dans la culture populaire, ont la capacité de s’infiltrer. Ça ne casse pas les barrières, mais ça a le mérite d’aller au-delà.
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Paris : le centre de sa carrière
Paris est aujourd’hui le lieu au centre de sa carrière, là ou se trouvent son manager et son label. Il y passe une bonne partie de l’année, même si, pour caractériser la capitale, le mot “froid” remporte le titre.
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Pour autant, la où tout a commencé, ce n’est pas en rapport avec un endroit mais avec une année, une date : la fin d’une longue relation. Asaf se met au chant et abandonne tout d’un coup le monde de l’animation et du cinéma. C’est simple :il préfère composer en cinq minutes plutôt qu’attendre des mois avant de voir son script devenir un film :
Je ne savais pas jusqu’ou ça pouvait aller et je ne savais pas si c’était bien. C’est lors d’un concert à Tel Aviv que les gens ont levé la tête, que je captais leur attention, que je l’ai réalisé. La musique est une cure pour moi.
Pour ce premier album solo, Different Pulses, il a su se détacher de “l’influence” de The Mojos. Libéré, il a fait ce qu’il savait faire de mieux : appeler son passé de nomade pour produire un album qui comporte un mélange de styles et des genres, une mixité indéniable.