Depuis un mois, le dernier long métrage des Frères Coen, Inside Llewyn Davis est sorti dans les salles françaises. Il retrace la longue et difficile montée d’un chanteur de folk des années 60. Ce film, qui s’apparente à une bande son folk de deux heures, nous donne l’occasion de reparler de ce phénomène des sixties.
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Que l’on aime ou que l’on n’aime pas, la folk reste bel et bien un moment phare de l’histoire musicale. Issue des pays anglo-saxons, elle s’impose encore aujourd’hui comme une valeur sûre. Bien que dans le film des frères Coen le « folk player » n’arrive pas vraiment à faire carrière dedans, les artistes de notre temps et les plus âgés ne vivent pas tous cette mésaventure.
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Et parce qu’un peu de douceur n’est jamais désagréable, et que les jolis riffs de guitares nous frétillent toujours les oreilles, voici un petit point sur les gros et les petits nouveaux de la folk music actuelle.
Les géants de la folk
Ce courant musical désigne avant tout « les gens du peuple », et le guitariste/chanteur Doc Watson en est un des piliers. Présent à l’avènement de cette culture dans les années 40, Doc Watson nous fait revivre les fondamentaux de la folk avec une musique tendre et pleine d’arpèges de guitare. Mais il est surtout l’initiateur du « flatpicking » : cette technique musicale consistant à faire vibrer les cordes avec le pouce et les autres doigts pour collecter des notes – un arpège amélioré si l’on veut.
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A base de revendications sociales, de protestations et de textes soulignant un véritable malaise politique, Doc Watson nous amène tout droit vers ce « folk revival » qui a aujourd’hui moins de couleurs :
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Après Doc Watson, c’est évidemment Bob Dylan qui prend la relève dans les années 60 du mouvement folk. Son mythe fait par ailleurs une bref apparition dans le film des frères Coen, au détour d’une bière, dans un bar sombre accueillant des chanteurs amateurs. La folk naissant dans les milieux principalement populaires à l’époque, Bob Dylan s’imprégna du climat social en démontrant dans sa musique une forte influence littéraire et un engagement contestataire.
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S’inspirant d’artistes tels que Woodie Guthrie ou Allen Ginsberg, Bob Dylan renoue avec le jazz, les balades, la folk pure et dure et plus tard, vers 1966, avec le rock ‘n’ roll qui lui va tout aussi bien. Aujourd’hui, Bob Dylan est encore présent sur scène, un peu vieilli mais pas pour autant fini.
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Dans les plus récents, c’est sûrement Bon Iver qui détrône tout le monde. Bon Iver (comme « bon hiver » en français, oui oui) n’est pas qu’un homme, ils sont même trois ! Avec un premier album, For Emma sorti en 2008, rempli de bons pep’s de guitares et de sons de trombones bien placés, ils sont arrivés à partager une mélancolie sans précédent notamment avec leur tube “Skinny Love”. A contrario, leur second album est bien différent du premier : plus pop, agrémenté de jeux de voix plus importants, de samples électroniques, et de guitares électriques qui diffèrent complètement de l’esprit folk des années 60.
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Mais bon, la folk tant recherchée de ces années que l’on regrette musicalement n’est-elle pas un peu révolue ? Car un Bon Iver qui fait copain-copain avec Kanye West et qui accepte de léguer son tube “Skinny Love” à une jeunette qui fait chanter les cours de récré, c’est pas « so » folk revival.
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Conclusion : “les vieux de la vieille” – comme on dit – on pris un sérieux coup. Malgré trois salles combles pour Bob Dylan au Grand Rex en novembre, difficile de retrouver aujourd’hui la même saveur d’un troquet parisien ou texan au doux son arpégique d’une guitare/voix et d’un bon whisky.
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Les petits nouveaux
“Jimmy, you want to please come home..” : vous connaissez sûrement cette chanson, reprise mainte et mainte fois. Moriarty, groupe français signé chez Believe Recordings, représente encore la folk aujourd’hui.
Fugitives, leur dernier album sorti le 14 octobre dernier en est d’ailleurs un bel exemple. Après avoir composé de nombreuses chansons, douces et pleines de country pour la plupart, les Moriarty se sont attelés à reprendre de grands tubes folks, de Louis Armstrong, en passant par Woody Guthrie et Doc Watson.
En hommage sûrement au “Flatpicking”, le compositeur Ben Howard nous offre dans son album Every Kingdom des arpèges de guitare presque impossible à reproduire pour des novices. Sa pop-folk océanique et voyageuse nous emmène tout droit dans les sixties. A presque 27 ans, Ben Howard nous a pondu un album un bien joli album plein de mélancolie :
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On en avait parlé déjà après son concert à Paris le 23 octobre dernier, James Vincent McMorrow s’impose également comme un pionnier de la folk des années 2000. Bien qu’il veuille se détacher de ce climat dans son prochain album qui sortira en janvier 2014, il n’en reste pas moins que des tubes comme “We don’t Eat” ou “If I Had A Boat”, revisitent plus gracieusement et plus musicalement les grandes techniques de la folk anglo-saxonnes. Pour mieux la connaître, James Vincent McMorrow sera d’ailleurs le 20 février à la Maroquinerie, à Paris.
Même si l’on a reproché à la folk d’être toujours trop douce, agrémentée de simple riffs de guitares type « sol/do/ré » (avis aux guitaristes), Mandolin Orange nous offre un bel album qui nous donne l’impression d’être au Texas autour d’un feu de camp et de musiciens déchus.
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Une voix féminine bien cristalline comme il faut et un vrai crooner américain qui donne à This Side Of Jordan – sorti en août dernier – un bon classement dans les albums pop-folk de cette fin d’année 2013.
Inside Llewyn Davis
Inside Llewyn Davis, le dernier film des frères Coen, nous donne des frissons tout le long du film et ça n’est pas pour rien. Bien que la folk music ait pris un nouveau tournant ces dernières années avec les progrès musicaux et les différents outils qui nous sont proposés, la magie douce d’un guitare/voix et de sonorités calmes et mélancoliques marchent encore, malgré que le « folk revival » ne se défend plus de la même façon.
Bien sûr il y en a beaucoup d’autres, on pense à Johnny Cash, Devendra Banhart ou First Aid Kit pour les plus récents, mais ils sont tous autant à écouter sans modération.