L’une des initiatrices du mouvement avait précisé à Libération : “La société avance, mais nous n’avons pas l’impression que le Parisien suive le mouvement. Et puis, la direction de la rédaction signe les éditos du journal, c’est un élément qui compte dans notre démarche”.
Les journalistes du quotidien soulignaient ainsi les conséquences éditoriales du manque de femmes à la direction, insistant sur l’importance d’avoir “une pluralité de profils à sa tête”.
Le mouvement de protestation a été suivi par près de 100 hommes du journal, qui ont signé une lettre ouverte de soutien.
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La parité à la tête de la rédaction du @le_Parisien est le combat de tou-te-s. Soutien massif à l'initiative de nos consoeurs. pic.twitter.com/J6KTIpIHrn
— Louis Moulin (@louismoulin) 12 janvier 2018
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Un mouvement suivi à L’Obs et La Provence
Quelques jours plus tard, 62 femmes journalistes de L’Obs leur emboîtaient le pas dans une tribune publiée sur FranceInfo le 15 janvier. Dénonçant également la composition de leur “direction de la rédaction exclusivement masculine”, elles pointaient en plus des problèmes d’inégalités salariales.
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“À L’Obs, la direction générale est occupée par une femme, Dominique Levy. Au niveau de la rédaction, nous constatons une parité parfaite parmi les chefs de service. Mais notre direction de la rédaction est exclusivement masculine et la rédaction en chef ne compte que deux femmes, pour quatre hommes. De plus, alors que parmi les journalistes les femmes sont majoritaires, leurs collègues masculins affichent en moyenne des salaires plus élevés.”
Et de déplorer “collectivement ces inégalités” avant de répéter la formule employée par leurs consœurs du Parisien dans leur lettre de protestation : “Être une femme n’est pas une compétence, mais être un homme non plus.”
“À La Provence, c’est pareil… sauf que c’est pire” ont répondu 60 des 65 journalistes femmes du quotidien régional ce 17 janvier. Dans un texte public, elles ont à leur tour dénoncé le fait qu’il n’y ait “aucune femme à la direction, aucune femme à un poste de rédactrice en chef”. Et précisent : “Les plus gros salaires du journal sont donc, à 100 %, masculins. Il n’y a pas non plus de femme directrice départementale et une seule ‘cheffe de service’ au siège”.
Time's up à @laprovence pic.twitter.com/0zHibad8JO
— sophie manelli (@manellisophie) 16 janvier 2018
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Soutenues par le Syndicat national des journalistes (SNJ), elles revendiquent leur “droit à être enfin considérées à l’égal des hommes”, soulignant que “cela commence au travail et au sein de journaux qui entendent raconter ce monde en mouvement”.
“Au-delà de l’injustice qui nous est faite, quel exemple d’égalité et de progrès donnons-nous à nos lectrices, à nos lecteurs ? À la société à laquelle nous nous adressons chaque jour dans nos colonnes ? La pluralité des regards n’est-elle pas un atout pour un journal qui bataille pour sa survie ?”
Interrogée par Le Monde, l’une des initiatrices du mouvement a évoqué “un malaise et un ras-le-bol à La Provence“, après la fin d’année et ses augmentations salariales dont les hommes ont largement bénéficié.
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Des inégalités systémiques aux lourdes conséquences
Les Terriennes sur TV5MONDE n’ont pu que faire le même constat ce 17 janvier. Comptabilisant le nombre de femmes et d’hommes au sein du média, l’inégalité est à nouveau évidente :
“Et à TV5MONDE, sommes-nous exemplaires ? Pas vraiment. Certes la rédaction compte des rédactrices en chef, et votre servitrice, auteure de ces lignes, en est un exemple. Mais le plafond de verre est bien là.”
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Et ce plafond de verre a sa part de responsabilités dans les violences sexuelles dont les femmes du milieu peuvent être victimes. Ce même jour, le collectif de femmes journalistes Prenons la une a ainsi annoncé qu’il allait se constituer en association afin de venir en aide aux victimes de harcèlement ou d’agressions sexuelles au sein de rédactions.
Créé en 2014 pour défendre une meilleure représentation des femmes dans les médias et l’égalité professionnelle dans les rédactions, le collectif veut avec ce changement de statut (qui devrait être approuvé lors d’une assemblée générale le 23 janvier) “accompagner et conseiller les femmes journalistes dans des démarches juridiques souvent usantes et décourageantes”.
Et de rappeler :
“Si le silence reste la règle, c’est en partie parce que la précarité dans le milieu des médias touche avant tout les femmes. Prenons la une rappelle que seuls 35 % des rédacteurs et rédactrices en chef des journaux sont des femmes, et que 68 % des pigistes sont des femmes.
Tant que le plafond de verre empêchera l’évolution des femmes journalistes vers les postes de pouvoir dans les médias, tant que les inégalités salariales continueront de les frapper, les situations de harcèlement et de violence sexuelle continueront d’être fréquentes.”