Récompensé au Sarajevo Film Festival pour sa “contribution exceptionnelle” au septième art, Alejandro González Iñárritu a prononcé un discours fort à propos du cinéma moderne, comme le rapporte Variety qui a assisté à sa masterclass. Le réalisateur oscarisé pour Birdman et The Revenant a mis en garde l’industrie du cinéma contre l’influence grandissante de la télévision, notamment dans la manière de raconter les histoires (la narration se fait notamment de plus en plus rapide, pour captiver les téléspectateurs).
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Selon lui, les films pourraient être privés de la beauté et de la poésie qui font du cinéma un moyen d’expression artistique unique :
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“[La narration au cinéma] demande plus de contemplation, un peu plus de patience. Il faut que ce soit un peu plus mystérieux, plus impénétrable, plus poétique, plus émouvant.”
Nostalgique d’une époque où le cinéma “explorait différentes manières de raconter les histoires, en essayant de développer davantage le langage”, le réalisateur de The Revenant reconnaît que le monde avait changé : “Maintenant, c’est les grosses productions… Ou l’expérience de la télé en streaming.” Ce nouveau monde, c’est celui dans lequel “les films doivent immédiatement plaire à un large public” et “rapporter beaucoup d’argent” : “Maintenant les films deviennent des pubs Coca-Cola qui doivent plaire au monde entier.”
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Très inquiet pour les jeunes générations qui ne seront plus capables d’apprécier un film lent et poétique, le cinéaste mexicain a évoqué dans un second temps la prise de risques au cinéma, qui peut parfois engendrer quelques imperfections (mais qui sont à moitié pardonnables, car il faut savoir oser).
En tant que réalisateur, producteur et scénariste, Iñárritu distingue trois grandes écoles : ceux qui utilisent le cinéma pour exprimer un point de vue personnel sur le monde, ceux qui considèrent le cinéma comme un outil de divertissement, et enfin ceux qui utilisent le cinéma comme un média pour faire de l’argent. Et pour ce dernier cas, il n’a pas hésité à comparer le cinéma moderne à “une orgie d’intérêts qui se trouvent dans le même lit : malgré des principes poétiques c’est aussi une pute qui réclame de l’argent”.
Voilà, voilà.
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