Le court métrage Hyper-Reality, de Keiichi Matsuda, explore un futur entièrement dominé par la réalité augmentée, jusqu’à l’abrutissement total.
Partout, un océan de couleurs et de bruits. La publicité emplit le champ de vision, superposant à la réalité un vernis pixélisé criard, un flux de silhouettes animées projetées directement dans la rétine. Nous sommes dans un futur indistinct où les Google Glass équipent désormais tout être humain. On devine que les écrans d’ordinateur, de tablette et de smartphone ont disparu pour de bon. La monnaie, elle aussi, semble avoir disparu, remplacée par des points de fidélité récoltés à chaque pas, à chaque décision, à chaque achat. La réalité augmentée a pris le pas sur son ancêtre.
Dans Hyper-Reality, comme Terry Gilliam avant lui, le réalisateur Keiichi Matsuda dépeint un monde kaléidoscopique, saturé d’informations, dans lequel le virtuel chevauche perpétuellement le réel. On pense aux Google Glass, à Magic Leap ou à l’HoloLens, qui vendent la promesse d’une expérience sensorielle enrichie. Jusqu’où ? L’abrutissement ? La saturation ? La dissolution de l’identité ? Dans Hyper-Reality, le personnage vit les trois à la fois. C’est dérangeant, dystopique à souhait, et c’est suffisant pour calmer les ardeurs du plus ardent technophile. Car au moins, avec Internet, on peut encore utiliser Adblock. Ou fermer le clapet de son ordinateur.
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