Poils, anus, seins qui tombent et pénis mous : bienvenue dans l’univers graphique, cru et sans filtre de l’illustrateur californien (et complètement déjanté) Porous Walker.
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Le truc de Porous Walker, de son vrai nom James DiMarcellis, c’est de s’amuser à dessiner toutes les facettes du sexe. Surtout les plus tabous, les plus absurdes et les plus grotesques ! Autodidacte, Porous préfère être dans l’instinctif que dans la réflexion artistique. Roi de l’humour érotique, depuis 2015, il propose sur son compte Instagram un cocktail détonant de dessins sarcastiques hauts en couleur. Paradoxalement, même s’il dessine le cul sous toutes ces coutures, il se dit extrêmement prude et préfère garder ses chaussettes pendant ses ébats. Interview.
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Konbini | D’où vient votre fascination pour les pénis géants ?
Porous Walker | Je ne sais vraiment pas. Cela a toujours été comme ça. Je pense que si d’autres parties de mon corps changeaient de forme et de taille, je serais fasciné par elles aussi. Par exemple, si ma langue se gorgeait de sang et qu’elle se mettait en érection tout le temps, je me mettrais probablement à la dessiner. Si vous aviez un pénis qui se mettait en érection, vous verriez de quoi je veux parler. C’est juste un moment et une sensation vraiment très excitante.
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Tête de bite, T-shirt-seins, chaussettes-sperme et anus-soleil : vous dessinez toutes les parties génitales comme des objets. Cela signifie-t-il que pour vous tout est sexuel dans la vie quotidienne ?
Oui, à mon sens, le sexe est partout. Les humains sont ici grâce au sexe. Je ne sais pas pourquoi les allusions au sexe me font rire, certaines personnes disent que c’est une histoire de maturité.
Comment avez-vous commencé à dessiner et pourquoi avoir bifurqué vers l’érotisme ?
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Quand j’ai eu 30 ans, j’ai vécu pas mal de changements dans ma vie. J’ai toujours voulu être romancier, mais je ne me suis jamais lancé. J’ai débuté par dessiner des gens. J’essayais de faire des répliques de peintures de Gauguin, en utilisant de la peinture à l’huile et des pastels. Puis, je ne sais pas comment, cela s’est transformé en dessins sexuels.
Je suis un autodidacte. J’ai pris un cours de dessin une fois, mais je ne suis jamais revenu. J’étais trop intimidé. Je n’aime pas dessiner devant les autres. J’avais l’habitude d’utiliser des feutres, mais je pense que je suis devenu assez mature pour me tourner vers les crayons de couleur maintenant. La peinture à l’huile sera probablement ma prochaine étape.
Considérez-vous que votre œuvre est absurde ? Qu’est-ce que le mot absurde signifie pour vous ?
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Pour moi, l’absurdité est une réflexion de nos vies en tant qu’êtres humains, mais “grotesque” est à mon sens bien plus adapté pour décrire ce que je fais. Les mots “absurde” et “grotesque” sont complémentaires dans mon travail. C’est le message que j’essaye de faire passer à travers mes dessins. Lorsque la vie devient sérieuse et triste, c’est bon de se rappeler que parfois certaines choses sont aussi grotesques et absurdes, et de parvenir à en plaisanter.
On perçoit beaucoup d’humour dans vos illustrations : quel est le message que vous voulez faire passer ?
Je ressens une sorte de confort/inconfort par rapport à ce que je dessine. J’éprouve une attirance ambivalente dans l’exploration sexuelle, que j’essaye de faire transparaître dans mes dessins. La plupart du temps, les situations sont plutôt normales dans une relation sexuelle saine. C’est juste le contexte que j’aime mettre en scène de manière grotesque.
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Pouvez-vous nous expliquer pourquoi vos personnages gardent toujours leurs chaussettes pendant l’amour ?
Je pense que c’est parce que ça les aide à être plus performants, à atteindre un niveau athlétique. Je me suis toujours senti plus sportif quand je garde mes chaussettes. Je pense que cela aide dans notre mobilité, et pendant le sexe j’aime bien me sentir aussi à l’aise et mobile que possible. Cela me fait penser à Bruce Lee, qui a dit “être comme dans l’eau” lorsqu’il porte ses chaussettes. Je n’ai pas besoin de chaussettes en vrai, mais bon cela ne fait de mal à personne.
Beaucoup de vos illustrations représentent des excréments : êtes-vous un peu scatophile ? Le caca vous fait rire ?
Je n’avais jamais entendu le mot scatophile et je ne pense pas que je le sois. Cependant, faire caca, ou plutôt avoir une diarrhée, lorsque je suis dehors et accidentellement chier dans mon pantalon devant tout le monde est l’une de mes plus grandes peurs. Je trouve ça humoristique le caca.
Croyez-le ou non, je n’ai jamais trouvé les pets très drôles. Je veux dire que le pet est seulement marrant quand il est lâché sans faire exprès. Par exemple, quand quelqu’un se plie pour prendre son paquet de riz au supermarché et qu’un petit bruit part et que les gens l’ont entendu, je trouve cela amusant. Sinon quand quelqu’un est juste assis et pète sans gêne, je trouve ça plutôt ennuyeux et pas franchement drôle.
Pourquoi avez-vous choisi “Porous Walker” comme nom d’artiste ?
C’est un personnage que j’ai créé après une visite sur la péniche de feu Shel Silverstein (poète, auteur de livres pour enfants), en 1999, dans la ville de Sausalito en Californie. Concernant l’origine de ce nom, j’admets que j’ai eu une sorte de black-out à cette époque. C’est le fantôme de Shel Silverstein qui est venu me hanter, pour me dire qu’il fallait que je dessine et que je m’appelle Porous Walker.
Qu’est-ce qui vous inspire ?
Le risque m’inspire. Les fêlures aussi. J’échoue tout le temps dans ma vie professionnelle et personnelle et j’ai eu plusieurs relations amoureuses qui ont merdé. La douleur causée par la perte de l’être aimé et le cadeau de trouver un nouvel amour sont deux choses qui m’inspirent énormément.
Il y a aussi l’absurdité de l’Amérique et la façon dont nous vivons dans ce pays. J’ai très peu voyagé en dehors des États-Unis (seulement quelques fois au Belize), donc je n’ai pas beaucoup d’expériences. Seulement, le fait de vivre en Amérique, d’être entouré à la fois par tant de beauté et d’absurdité, inspire mes dessins.
Qui sont les artistes qui vous inspirent le plus ?
Il y a tellement de grands artistes sur Instagram et tellement de plateformes différentes sur lesquelles ils s’expriment que c’est très difficile de tous les nommer. J’ai toujours beaucoup aimé le travail de Jason Polan, Todd Francis, Ferris Plock, Alex Pardee, Kelly Tunstall, Travis Millard, Mel Kadel, Mario Sorrenti, Tom Sachs, Johnny Ryan, Donny Miller, Sean Cliver… et pleins d’autres encore.