Indigotrip
The Underachievers (UA). Des flows d’outre-tombe envoyés nonchalamment du début à la fin de leurs morceaux. Des lyrics violents, brut de fonderie. Le bruit souvent, le silence rarement. Hauts en couleurs, les poumons solides, ils ont très récemment dévoilé Indigoism, leur première mixtape signée chez Brainfeeder, le label fondé par Flying Lotus à Los Angeles. Rien que ça.
Ak et Issa Dash crèvent l’écran. Et dans cette grande fratrie qu’est la Beast Coast, ils sont ceux qui appuient le plus fort sur la corde New Age. Difficile de discuter ces propos à la vue des sapes qu’ils portent, entre les t-shirt à l’effigie de Krishna, les longs colliers de perles avec gros pendentifs, les hiéroglyphes et les bindis sur le front. Mais tout ne tient pas qu’aux apparences : derrière cette imagerie clinquante sont camouflées des idéaux qui rendent leurs styles plus significatifs et symboliques qu’un pauvre imprimé tapisserie, léopard, ou je ne sais quelle galaxie qu’on trouve sur les t-shirt ASOS. Résultat : le redondant “money and hoes” se dirige vers la sortie, et le hip-hop retrouve sa conscience originelle, version 2013.
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- The Underachievers – Herb Shuttles
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Got my three eyes open/ pineal gland is swollen/ astral planes i’m floatin/ got dammit i’m free
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- The Underachievers – Leopard Shepherd
I’m the reincarnation of a king long gone
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- The Underachievers – The Mahdi
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Bigger plan, Forever young, call a nigga Peter Pan, God told me young that I would be the man
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L’actu des UA : Ils sont probablement en train de recevoir les instructions créatives des puissances supérieures lors de leurs rêves éveillés. Vous pouvez télécharger Indigoism directement sur le site de Brainfeeder, même si j’ose émettre quelques réserve après plusieurs écoutes : une absence totale de featuring et une cover vraiment pas belle malgré le poids du symbolisme.
L’union Fella Force
Portés par une motivation presque paranormale, les boys de la Beast Coast ont l’air d’avoir foi en ce qu’ils font. Et puis tous les changements de perception cités plus hauts font offices de prétextes pour se rebeller contre un système mensonger et illogique au sein duquel ils ne se reconnaissent pas. Du coup, pendant que les UA débloquent les cerveaux en répandant le message, The Pro Era montre la démarche a suivre aux génération futures. La dénonce dans les rimes.
Gouvernement, système scolaire, guerres, société, religions, pauvreté, drogues, politique, chez la Progressive Era, toutes les failles sont bonnes à montrer du doigt. Le roster compte 12 membres leadés par le très jeune Joey Bada$$, qui kickent subtilement sur des productions bien pensées (Dj Premier, Statik Selektah, Chuck Strangers…). La sonorité est moins futuriste que chez les autres potes de la Beast car malgré leur nom, la Pro Era est plutôt portée par des flows posés et des prods Ol’School, histoire de rallumer le flambeau du Brooklyn à l’ancienne.
The Progressive Era – Like Water
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To the astral, welcome to my land / it’s your first OBE
(OBE = Out of Body Experience = astro-projection)
“Progressive Era, comme son nom l’indique, semble vouloir faire avancer les choses. Ils sont douze, et la plupart d’entre-eux sont aussi branchés par le New Age. Bada$$ a d’ailleurs fait un featuring avec Ab Soul. On retrouve le même lexique et les mêmes idées New Age dans leurs lyrics, même si eux ont l’air d’utiliser ce savoir d’une manière plus radicale. A l’analyse sérieuse de leurs textes sur Rap Genius, on voit qu’ils utilisent leur supériorité spirituelle comme un crédit pour dénoncer la société dans laquelle ils évoluent. Ils ont carrément créé une sorte de mouvement révolutionnaire portant le numéro 47. Ils parlent tout le temps de cette 47 shit. Aussi, ils sont très portés sur l’apocalypse et ont carrément sorti une mixtape entière sur le sujet.”
Dans le groupe certains sont plus spirituels que d’autres, mais Pro Era rassemble une belle clique de fidèles rebelles armés pour une révolution spirituelle. Destinés à amener le changement, on peut dire qu’ils jouent eux-aussi la carte Indigo, en tout cas, leur discours s’y prête parfaitement. Parmi ces petits soldats, il y en a un deuxième – en plus de Joey Bada$$ – qui sort du lot.
STEEZ, en capitales
Pure bouille, le regard très profond, le sourire aux lèvres, l’âme en paix et les lyrics en guerre. STEEZ aka Jamal Dewar est reporté mort le 24 décembre 2012, alors âgé de 19 ans. La perte d’un talent sur lequel il fallait compter dans les années à venir électrifie la toile qui soulève vite l’éventualité du suicide, confirmée plus tard par un Joey Bada$$ endeuillé. Difficile à prévoir avant que la drame ai lieu. Mais une fois chose faite, les délires spirituels et les clins d’oeil à la Faucheuse entre les lignes de ses textes prennent du poids sur la balance.