Le 20 janvier dernier, le sénateur hawaïen Will Espero a présenté un projet de loi au Sénat local pour interdire certaines crèmes solaires dans le 50e État américain. Les lotions visées sont celles contenant de l’oxybenzone et de l’octinoxate, des composés chimiques solubles notamment utilisés comme filtres ultraviolets et présents dans de nombreuses crèmes solaires.
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En effet, il existe deux types de filtres ultraviolets utilisés dans ces produits : les filtres chimiques et les filtres minéraux (utilisés dans les crèmes dites “bio”). Or de plus en plus d’études dénoncent les filtres chimiques. Difficiles à éliminer, même par les stations d’épuration, ils s’avèrent dangereux pour l’environnement et pour l’homme. Ils pollueraient l’eau, accéléreraient le blanchissement du corail et agiraient même comme des perturbateurs endocriniens.
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La raison avancée par Will Espero pour interdire ces produits est leur effet nocif sur le récif corallien de Hawaii – et donc a fortiori la menace qu’ils représentent pour l’industrie touristique de l’archipel, très axée sur la découverte des fonds marins, avec des activités particulièrement prisées comme la plongée. Il s’agirait donc pour le sénateur d’interdire leur vente et leur utilisation à Hawaii, sauf pour raisons médicales.
Préserver l’industrie du tourisme
En effet, quand les nageurs badigeonnés de crème solaire se baignent, ils répandent dans l’eau les produits chimiques contenus dans les filtres ultraviolets et contaminent les écosystèmes marins. Des études ont montré que les eaux hawaïennes contiennent 30 fois plus d’oxybenzone que la limite recommandée pour préserver le corail rapporte la revue Nature. Ce qui pose “un sérieux problème environnemental” jusqu’à tuer le corail ou le rendre définitivement stérile, affirme Craig Downs, qui a dirigé l’étude sur laquelle se fonde le projet de loi.
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Mais, sans surprise, le projet de loi se heurte déjà au mécontentement des fabricants de crèmes solaires. Parmi eux, L’Oréal, qui argue que la disparition certes dramatique du corail est la cause d’effets multiples (comme par exemple le réchauffement climatique) et que bannir ses lotions ne changera rien au problème. Marc Leonard, à la tête du département de la recherche et de l’innovation du groupe, souhaite aussi que la communauté scientifique apporte plus de preuves de la nocivité des crèmes solaires aux filtres UV chimiques.
Pour Craig Downs, son étude a largement mis en avant des preuves suffisantes pour permettre l’interdiction de ces produits. Will Espero y croit aussi : “Nous avons de nombreux soutiens et la science de notre côté.”
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