Grace Dunham raconte ce que cela fait de grandir en tant qu’être non-binaire

Publié le par Lydia Morrish,

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Ni un homme, ni une femme. Pas facile de se construire à l’abri de ces catégories imposées, même quand on vient d’une famille privilégiée.

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Pas facile dans ce monde de ne pas se laisser ranger dans les catégories comme homme ou femme. Cela se voit au nombre très élevé de suicides chez les individus transgenres. Mais nombreux sont ceux qui essaient d’ouvrir le débat sur les notions d’identité sexuelle et de genre. Parmi celles-ci, Grace Dunham (oui, c’est la petite sœur de Lena) qui a accepté de se déshabiller pour nous en parlant de sa vie, de ses combats quotidiens en tant que personne non-genrée.

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Dans la vidéo, Grace explique :

“En ce moment, dans ma vie, la question du genre se pose avec une insistance particulière. Je ne suis pas une femme, mais je ne suis pas un homme non plus. En grandissant et en devenant ‘ado’, je me suis confronté(e) aux attentes que l’on avait pour moi : être populaire, être jolie, être féminine, embrasser des garçons.

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Et au fond de moi, je me sentais comme un monstre. Parce que même si j’avais des bottes fourrées et des bas résille, j’avais envie de coincer cette fille de 12 ans contre un mur et de faire l’amour avec elle. Qu’est-ce qui n’allait pas chez moi ?”

Dans le monde de célébrités, très attentif à l’étiquette, dans lequel elle est née, Grace s’est rendu compte qu’elle ne correspondait pas aux catégories binaires lors de son premier essai d’un bandeau de poitrine destiné à dissimuler ses seins. Le chemin que Grace a parcouru pour s’accepter est long et douloureux.

“Quand j’ai bandé ma poitrine pour la première fois, j’ai été dépassé(e) et même un peu embarrassé(e), parce j’ai eu l’impression de reconnaître une version de moi que j’avais toujours rêvé. Ensuite, j’ai découvert le plaisir qu’on dise que je suis ‘élégant’, ‘mignon’ ou ‘sexy’.” Grace a réussi à se frayer un chemin loin des attentes de la société et des oppositions binaires.

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Dans cette interview puissante, Grace parle sans filtre de son enfance dans un milieu de stars (ses parents sont des artistes célèbres et sa sœur est une actrice-réalisatrice et auteure talentueuse). Comment son inadéquation à l’étiquette de ce monde a pu jouer sur son identité ?

Si on s’imagine souvent que venir d’une famille privilégiée peut davantage aider à l’expression de ses sentiments, Grace dit que cela a plutôt inhibé son envie de s’exprimer. “Croire que l’on est plus tolérants chez les privilégiés est un mythe”, dit Grace.

Regardez un extrait de l’interview de Grace et lisez ci-dessous notre interview où l’on cause langage genré, égalité, et privilèges.

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https://www.youtube.com/watch?v=AYdepLvUxNA

Konbini | Peux-tu nous décrire comment tu t’es senti(e) la première fois que tu as bandé ta poitrine?

Grace Dunham | j’étais dépassé(e), j’avais un peu honte. J’avais l’impression de reconnaître une version de moi que j’avais toujours imaginée ou fantasmée.

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Quel poids ont ces adjectifs genrés comme “mignon” ou “élégant”?

Ce sont des mots très chargés, qui ont le pouvoir de forcer des gens à rentrer dans des catégories qu’ils n’ont pas choisies. Mais beaucoup se réapproprient ces mots pour les faire correspondre à ce qu’ils deviennent.

“L’oppression basée sur le genre est toujours connectée à d’autres formes de discrimination comme la race et la classe”

Est-ce que ta manière de voir les autres a changé une fois que tu as réalisé que tu n’appartenais pas aux catégories binaires?

Il y a d’autres facteurs qui ont joué sur mon expérience de non-conformité : ma blancheur de peau, ma classe sociale ou encore ma personnalité.

J’ai beaucoup de conflits internes par rapport à mon genre (de la honte, de la confusion), et je m’inquiète de savoir comment mon aspect physique va affecter le désir ou l’amour que les gens éprouvent pour moi. Mais en revanche, je n’ai pas l’impression que mon genre a représenté une barrière pour moi. Parce que l’oppression basée sur le genre est toujours connectée à d’autres formes de discriminations comme la race ou la classe sociale.

Tu dis trouver en ce moment ton incertitude plus libératrice que l’alternative d’être homme ou femme, comment se sent-on ?

J’essaie de me dire que je suis déjà moi-même, il n’y a pas de vérité finale qui me sera révélée plus tard. Peut-être que chaque jour j’échoue, mais au moins j’essaie.

“Croire que l’on est plus tolérants chez les privilégiés est un mythe”

Est-ce que le fait que tu viennes d’une famille plus privilégiée que d’autres a été une aide pour aborder ces sujets par rapport à une personne défavorisée qui ne pourrait jamais se permettre de se revendiquer hors de la binarité ?

Je ne pense pas. L’argent permet de se mettre à l’abri de la violence d’État, d’avoir accès aux ressources plus facilement, mais d’après mon expérience, les gens qui ont de l’argent et de l’entregent ont un souci extrême des normes, de la respectabilité, en un mot, de rentrer dans le cadre.

Croire que l’on est plus tolérant chez les privilégiés est un mythe. Dans n’importe quelle couche de la société, chacun a une tolérance variable avec les identités transgenres.

Selon toi, que faudrait-il faire pour que les personnes non binaires aient droit à un traitement égalitaire ?

Beaucoup de choses doivent changer. Il faut faire évoluer ce système violent (la suprématie blanche et le système carcéral en sont deux exemples). La justice ne pourra arriver que sur le terrain du genre. Heureusement, de nombreuses personnes dédient leurs vies à des mouvements pour la justice qui croisent les luttes, ce sont des pionniers.

L’interview filmée de Grace Dunham est disponible sur Fullscreen. Fullscreen est un service de streaming payant, mais vous pouvez obtenir un mois d’essai gratuit.

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