Grâce à la mobilisation, la “bibliothèque des femmes” pourra rester dans ses locaux

Publié le par Mélissa Perraudeau,

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La mobilisation a payé : la bibliothèque féministe Marguerite-Durand pourra rester dans les locaux qu’elle occupe actuellement à Paris. Mais le travail de protection et de valorisation de ses fonds précieux n’est pas terminé.

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Née en 1932 du don fait par la journaliste féministe Marguerite Durand à la Mairie de Paris, la bibliothèque Marguerite-Durand est depuis 1989 installée dans le 13e arrondissement, à un étage de la médiathèque Jean-Pierre-Melville.

Elle réunit quarante-cinq fonds d’archives, en faisant un lieu “privilégié pour quiconque s’intéresse au féminisme, à une femme française illustre, à un groupe de femmes ou à l’histoire des femmes en général”, comme Télérama le rapporte. Mais le manque de place se fait criant depuis plus de quinze ans, au point que la bibliothèque ne peut, à part quelques rares exceptions, plus accepter de nouveaux fonds.

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Un projet de déménagement s’inscrivant dans “une politique culturelle antiféministe”

Le travail de collecte a même dû être délocalisé dans la bibliothèque universitaire d’Angers en 2000 : l’historienne Christine Bard, spécialiste de l’histoire des femmes et créatrice de l’association Archives du féminisme, y a ouvert le Centre des archives du féminisme “parce que rien ne se produisait à Paris”, a-t-elle expliqué à Télérama, la ville n’ayant “pas l’air de réaliser sa chance d’avoir une belle bibliothèque sur l’histoire des femmes et du féminisme”.

La situation est devenue critique cet été, lorsque la Mairie a annoncé aux sept salariés de l’établissement qu’ils devraient déménager. La médiathèque devait être fermée pour travaux pendant un an, et la bibliothèque transformée en espace détente.

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La bibliothèque Marguerite-Durand devait être relocalisée dans la Bibliothèque historique de Paris, la Mairie de Paris arguant que la mesure donnerait plus de visibilité à la bibliothèque. La CGT Culture de la direction des Affaires culturelles de la ville de Paris a elle dénoncé “une politique culturelle antiféministe”, expliquant que le nouveau lieu d’accueil était “exigu et déjà saturé”, et situé dans un quartier “complètement inadéquat à la conservation et la communication de ce fonds”.

Une mobilisation de taille

Des associations féministes, des universitaires et des syndicats ont donc décidé de monter le collectif “Sauvons la bibliothèque Marguerite-Durand”, lancé par l’association Archives du féminisme. Expliquant que la Bibliothèque historique de la Ville de Paris n’avait déjà “plus de place pour ses propres collections” et que cela obligerait à stocker les fonds de Marguerite-Durand “dans des magasins extérieurs, en un lieu non précisé”, le collectif a encouragé à interpeller Anne Hidalgo et Bruno Julliard sur les réseaux sociaux et par mail.

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Une pétition a également été lancée il y a trois mois pour sauver la “seule bibliothèque publique en France exclusivement consacrée à l’histoire des femmes, du féminisme et du genre, jouissant d’une renommée internationale”, demandant à ce que le déménagement soit abandonné et que la Mairie propose à la place “un lieu d’accueil offrant à la bibliothèque Marguerite Durand une véritable visibilité et des conditions de fonctionnement dignes”.

La pétition a récolté quasiment 11 000 signatures, et plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant la bibliothèque le 18 novembre, comme L’Obs le rapporte. Une association s’est également créée pour valoriser et dynamiser les fonds de la bibliothèque grâce à des actions culturelles.

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“Nous devons être plus revendicatrices”

Cette mobilisation et sa couverture médiatique ont payé : ce 4 décembre, le collectif Sauvons la BMD a reçu une lettre de Bruno Julliard l’informant que la bibliothèque ne déménagerait pas. Christine Bard, coanimatrice du collectif, nous a expliqué que le plus gros danger était ainsi évité. Mais aussi que le travail n’est pas terminé :

“Maintenant il faut être capables de porter un projet ambitieux autour de la bibliothèque, et être capables de convaincre sur ce projet. Nous avons notamment besoin d’un lieu avec plus de place pour les collections, qui soit plus approprié pour faire des conférences, des expositions… Il y a tellement de publications sur les femmes et le féminisme, et le public commence à être sensibilisé à la cause, notamment grâce aux médias, alors continuons !”

Soulignant que la situation française ne nous faisait pas honneur, alors que dans la plupart des pays européens on trouve des musées sur l’histoire de la condition des femmes et de la conquête de leurs droits, l’historienne a notamment évoqué un projet de cité des femmes et du genre, dont la bibliothèque pourrait être le centre.

“Nous devons être plus revendicatrices”, nous a expliqué Christine Bard, insistant sur l’importance de ne pas faire de cette victoire “encourageante” la fin de la mobilisation :

“Nous les femmes et les féministes, si nous ne nous défendons pas, nous sommes écrasées. Il faut protéger nos archives, notre mémoire et nos lieux de transmission culturelle.”