Du 16 au 20 septembre, la capitale britannique est devenue le théâtre de la Fashion Week. Un théâtre grandiose, rafraîchi par l’arrivée de jeunes créateurs audacieux. Présentations.
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Le temps d’une semaine, la capitale anglaise s’est plongée dans la frénésie du monde de la mode. Au milieu des grands créateurs ont éclos de jeunes stylistes bourrés de talent, encore peu connus des néophytes.
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Parmi eux, Faustine Steinmetz, dont les vêtements étaient exposés dans une galerie d’art, tels des œuvres incarnées ; Angel Chen, qui a construit une passerelle entre l’Asie et l’Europe ; Ashley Williams, qui a fait du regretté River Phoenix sa muse ; sans oublier Ryan Lo, qui navigue sur un bateau pirate très excentrique ; et Matty Bovan, qui a transformé son show en une rave party extravagante. Cinq créateurs audacieux, sur lesquels il faudra désormais compter.
Faustine Steinmetz
“J’essaie d’avoir autant de techniques et de matériaux différents parce que mon univers n’est pas du tout dans la forme“, déclarait Faustine Steinmetz lors de la présentation, à Paris, des participants au prix LVMH des jeunes créateurs de mode. Même si elle aime varier, sa matière de prédilection reste le jean, qu’elle travaille et retravaille sous toutes ses coutures. Originaire de Paris mais basée depuis sept ans à Londres, cette jeune créatrice est entrée dans le monde de la mode à grands pas. Quatre ans seulement après son diplôme, Faustine Steinmetz participe à sa troisième Fashion Week londonienne. Après avoir étudié à l’atelier Chardon Savard à Paris, puis migré à Londres pour faire son master à la prestigieuse Central Saint Martins, elle a lancé son label de mode en 2013.
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Encouragée par le grand Karl Lagerfeld, elle possède sa propre vision de la mode. “J’ai envie d’avoir la liberté de créer des pièces sur lesquelles je peux passer du temps, considérer chaque pièce comme un objet“, poursuivait Faustine Steinmetz. Pour Faustine, le luxe, c’est du temps passé sur chaque détail. Elle tisse elle-même ses créations et les soigne comme des œuvres d’art. Lors de cette Fashion Week de Londres, elle a d’ailleurs montré ses pièces comme dans une exposition : puisqu’elle n’aime pas les défilés, Faustine Steinmetz a pris le parti de présenter ses collections comme elle présenterait des sculptures (avec des modèles vivants, évidemment). Sa collection était intégralement bleue et, ornementés de strass Swaroski, ses jeans ressemblait à des cristaux. “On fait vraiment comme une peinture, dans le sens où on crée le visuel et après on ajuste avec une aiguille”, démontre l’artiste.
Angel Chen
Angel Chen, la “punk chinoise”, comme elle est appelée par la presse, s’est imposée à Londres cette saison. Et pour cause : cette jeune créatrice exécute à merveille un grand écart entre l’Asie et l’Occident. Dans un style paradoxalement déjanté et classique, elle mélange strass, paillettes et tissus “nobles” asiatiques. Ses collections en mettent toujours plein la vue avec des couleurs vives, et ses modèles transpirent l’excentricité dans un esprit jeune et libre.
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À 17 ans, Angel Chen quitte la Chine pour étudier à la Central Saint Martins de Londres, avant d’être formée à New York chez Marchesa et Vera Wang. Nommée en 2014 dans le top 5 des designers diplômés de l’année par le magazine i-D, l’artiste contribue à positionner la Chine comme une nouvelle puissance de la mode. “La Chine traverse un boom en ce qui concerne les jeunes marques, mais il a fallu beaucoup de temps pour développer cet état d’esprit, ça ne s’est pas fait en une nuit“, a-t-elle expliqué dans les colonnes d’i-D.
C’est d’ailleurs à la Fashion Week de Shanghai qu’elle a fait ses débuts, juste après avoir lancé sa griffe unisexe. Implantée là-bas, elle collabore avec de grands distributeurs comme Urban Outsiders tout en faisant voyager ses collections au quatre coins du globe. Aujourd’hui, à seulement 24 ans, Angel Chen présente ses collections sur les plus grands podiums du monde.
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Ashley Williams
La diversité des corps et des beautés était au cœur du défilé d’Ashley Williams. Pour incarner sa collection printemps-été 2017, inspirée du Londres déluré des années 1980, la créatrice anglaise a fait appel à un casting bien éloigné des conventions, rejoignant les rangs de ceux qui luttent pour plus d’hétérogénéité au sein de la fashion industry. On y retrouvait notamment les mannequins Fernanda Ly et Adwoa Aboah, la designer Claire Barrow ainsi que des étudiant(e)s de l’université de Westminster, où Ashley Williams a étudié.
Outre ce casting haut en couleur, le show d’Ashley Williams était truffé de références au monde de l’art. À l’artiste britannique Tracey Emin tout d’abord, dont l’installation My Bed, créée en 1998, aurait inspiré l’imposant lit placé au cœur du décor – décor qui s’apparentait plus à une chambre d’ado qu’à un catwalk. Mais aussi le regretté River Phoenix, dont le visage juvénile trônait sur plusieurs pièces de la collection. “Il était juste réellement cool et croyait à tellement de choses : au droit des animaux, à la musique, à l’environnement…, a expliqué Ashley Williams au New York Times. À une époque où la majorité des gens ne comprenait pas tout ça, il a assumé ses idées et on a l’impression qu’il se connaissait vraiment lui-même.”
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Ryan Lo
Froufrous à gogo, clowns vénitiens, lampes magiques et chapeaux de pirate… Pour sa collection femme printemps-été 2017, Ryan Lo nous a transportés dans un monde fantaisiste à la croisée des genres entre Moyen-Orient, Japon et époque victorienne. “Cette saison, je ne pensais pas du tout en termes de filles, a expliqué le designer à i-D, ma collection fait référence aux jokers, aux pirates, aux nuits d’Arabie ; ce sont des personnages masculins sur des filles, donc même les robes de cocktails sont pourvues de short.”
Né à Hong Kong mais basé à Londres, ce créateur fraîchement diplômé du prestigieux London College of Fashion puise son inspiration dans la rencontre entre l’Orient et l’Occident, deux mondes aux cultures bien distinctes, mais que Ryan Lo parvient toujours à faire converger quelque part (ici, avec des robes de cocktail estampillées d’éléphants indiens, par exemple). En résultent systématiquement des lignes explosives, romantiques et nostalgiques, comme en témoignait déjà sa collection automne-hiver 2016.
Matty Bovan
Le 19 septembre dernier, Matty Bovan a fait ses premiers pas sur le tapis très prisé de la Fashion Week londonienne grâce à Fashion East, une association qui vise à dénicher et propulser les personnalités qui feront la mode de demain. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a mis les petits plats dans les grands.
Pour cette première collection, ce jeune designer issu de la Central Saint Martins (qui a déjà fait ses armes chez Louis Vuitton après avoir remporté le LVMH Graduate Prize en 2015) a créé un univers joyeux, psychédélique et extravagant. Influencée par la culture rave (et un peu aussi par notre chère Nina Hagen), sa ligne printemps-été 2017 est une impressionnante explosion de matières et de couleurs, au cœur de laquelle se juxtaposent tissus macramés, déchirés ou tricotés (sa grand-mère lui a appris à tricoter à l’âge de 11 ans). “J’adore utiliser des tissus tabous comme l’Aertex ou le velours, des tissus que d’autres designers auraient tendance à discréditer, a expliqué Matty Bovan au New York Times. J’adore utiliser des choses de mauvais goût, et les rendre désirables.”